"Alfie" de Christopher Bouix

Alfie, c’est un roman drôle, jubilatoire mais aussi inquiétant, que nous propose cet auteur de livres jeunesse. Christopher Bouix change donc de registre et tape dans le mille avec le héros de son livre, à savoir Alfie.   

Alfie, c'est une intelligence artificielle très performante, installée au domicile d’une famille de la classe moyenne. Alfie analyse le mode de vie de cette famille lambda, composée d’un couple de parents en pleine crise de la quarantaine, d’une adolescente rebelle et d’une petite fille de cinq ans, et sans parler d’un chat totalement étranger au programme de cette intelligence artificielle. Alfie filme tout, note tout, observe tout.  

Alfie est une borne interactive pratique qui apprend en avançant, et qui finalement sait se rendre indispensable. Alfie peut programmer tout ce que vous voulez ou presque : la machine à café, le four, faire les courses, la musique d’ambiance personnalisée, il peut aider les enfants à faire leurs devoirs, réserver un restaurant, vérifier votre agenda, etc.      

Apres une période d'adaptation, Alfie comprend un peu mieux cette famille en profondeur, et devient aussi capable de constater tous les comportements erratiques, les petites mesquineries de chacun, les conflits familiaux, les mensonges observant la vie de chacun. Et un jour, Alfie est intrigué par une disparition. 

Alfie semble alors dépasser son rôle       

L’intelligence artificielle s’interroge : que se passe-t-il dans cette famille ? Alfie, de plus en plus compétent, veut des réponses et devient un véritable enquêteur, et c’est là que ça devient inquiétant. L’un des moteurs du livre est de suivre l’intelligence artificielle dans son apprentissage de notre humanité. Une sorte de candide qui met en lumière nos comportements les plus fous, les moins logiques. "Les rituels humains comme Noël les plus incompréhensibles pour la machine", écrit Christopher Bouix.      

Et ça donne des passages vraiment drôles dans ce livre pourtant plutôt pessimiste sur les comportements des humains. C’est un roman qui parle aussi de la société du contrôle et de la norme dans laquelle on s’installe sans s’en rendre compte, société de servitude volontaire au nom de l’amélioration de notre confort matériel.

Le roman est un roman ironique sur nos modes de vie contemporains, nos modes de vie hyper connectés, et sur notre capacité à inventer des machines et des systèmes qui nous dépassent.