"Pas de versement de dividendes en 2018" chez Carrefour, demande Laurent Berger
Le secrétaire général de la CFDT, invité lundi de franceinfo, a appelé Carrefour, à partager les efforts, alors que le groupe vient de présenter un plan de suppressions d'emplois.
Le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, invité lundi 29 janvier de franceinfo, a estimé que Carrefour ne devait "pas verser cette année de dividendes" à ses actionnaires, en raison du plan de transformation du groupe qui prévoit plusieurs milliers de suppressions d'emplois. "Il faut arrêter cette vision d'évolution des entreprises où les efforts seraient demandés, quand il y a des difficultés ou des mutations à vivre, aux salariés, aux travailleurs, mais jamais aux actionnaires", a jugé le secrétaire général de la CFDT.
"La grande distribution subit une mutation et il faut regarder les choses, sauf que cela se fait par anticipation, pas en faisant payer le coût tout de suite sur l'emploi", a déclaré le secrétaire général de la CFDT. Selon Laurent Berger, "le groupe est rentable" et il faut partager les efforts. "Je demande que si les efforts sont demandés sur les salariés, il faudra les accompagner, avec un plan d'accompagnement. En même temps, on ne peut pas verser des dividendes. Donc il faut que cette année, il n'y ait pas de dividendes versés", a poursuivi Laurent Berger. "Il vaut mieux verser cet argent sur l'accompagnement et le reclassement des salariés concernés", a-t-il ajouté.
Formation professionnelle : un appel au Medef
Laurent Berger a appelé le Medef à ne pas bloquer "la négociation sur la formation professionnelle et à ne pas faire de chantage, en disant 'si nous n'avons pas ce que nous voulons sur l'apprentissage, nous bloquerons la formation professionnelle'". Les discussions sont suspendues à l'initiative du Medef et de la CPME depuis près de deux semaines. le secrétaire général de la CFDT a dit souhaiter "sortir de la tuyauterie" et "de la mécanique" pour avancer sur l'apprentissage.
Le patron de la CFDT a rappelé l'enjeu des négociations en cours sur l'apprentissage, qui consiste à "augmenter considérablement le nombre d'apprentis dans les entreprises et à accompagner les jeunes dans leur parcours et ensuite de pouvoir trouver un emploi".
Autre dossier social brûlant pour les syndicats, celui des retraites. Emmanuel Macron veut en finir avec tous les régimes particuliers, et faire un système universel, la CGT s'y oppose. De son côté, la CFDT appelle à "harmoniser les régimes" mais Laurent Berger nuance : "Est-ce que ça veut dire qu'il faut un seul régime ? Sûrement pas, en tout cas il faudra regarder." "Le vrai sujet c'est le système de retraite par répartition et la justice au sein du système des retraites", a défendu le numéro un de la CFDT, qui prône une réforme globale.
Accueil des migrants : "la CFDT assume sa vision humaniste"
Laurent Berger, a estimé lundi sur franceinfo qu'"on peut avoir de l'efficacité et de l'humanité en même temps". Il a dénoncé, avec des intellectuels, le manque d'"humanité" d'Emmanuel Macron en matière de politique migratoire dans une lettre ouverte publiée dans Le Monde il y a deux semaines. "C'était une tribune pour un accueil dans l'humanité des migrants", a expliqué Laurent Berger.
"On ne peut pas être schizophrène, en tout", a ajouté le patron de la CFDT, rappelant que le week-end dernier, la France a choisi une chanson humaniste sur les migrants pour la représenter à l'Eurovision Mercy du duo Madame Monsieur. "Il faut un accueil humain, on ne peut pas perdre notre âme", a-t-il justifié. "Sur les valeurs fondamentales, il ne faut jamais renoncer", a insisté Laurent Berger.
Interrogé sur la circulaire Collomb, portant sur le recensement des migrants dans les centres d'hébergement d'urgence, Laurent Berger a déclaré que "des gens extrêmement mesurés qui travaillent depuis des années avec les migrants disent que cette circulaire est outrancière".
À la question de savoir s'il est déçu de la politique menée par Emmanuel Macron, Laurent Berger a répondu qu'il préférait "le discours d'Orléans, à la politique qui est menée aujourd'hui". Toutefois, le patron de la CFDT, qui avait clairement appelé à voter pour Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle, face au FN, a tenu à rappeler qu'il ne "mène pas un combat politique contre le président". "Je dis juste ce que je pense", a-t-il précisé.
Regardez l'intégralité de l'entretien de Laurent Berger sur franceinfo le 29 janvier 2018.
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