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Deux ans après le Grenelle des violences conjugales : "Personne ne peut nous dire que nous n'avons rien fait pour traiter ce sujet", défend Elisabeth Moreno

La ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Egalité des chances qu'"à la fin de 2022 nous aurons augmenté de 60% ces places" d'hebergement d'urgence dédiée à l'accueil des femmes victimes de violences.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Élisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, samedi 20 février sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

"Personne ne peut nous dire que nous n'avons rien fait pour traiter ce sujet", a défendu vendredi 2 septembre sur franceinfo Elisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Egalité des chances, alors que le Grenelle sur les violences conjugales se tenait il y a deux ans.

franceinfo : 102 femmes sont mortes l'an dernier, 76 depuis le début de cette année. Le 3919, la ligne d'écoute d'information pour victimes est désormais accessible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. En quoi c'est un progrès pour les victimes ?

Elisabeth Moreno : Il y a plusieurs années que cette ligne n'était pas accessible à toutes les femmes, notamment celles qui sont en situation de handicap, les femmes malentendantes, les femmes aphasiques ou alors à cause du décalage horaire sur les territoires ultramarins. Beaucoup de femmes n'avaient pas accès à cette ligne et depuis fin juin d'abord et depuis cette semaine, elle est disponible 7 jours sur 7, 24 heures sur 24.

Cela peut paraître pas grand-chose, mais c'est essentiel parce que la nuit aussi, les femmes subissent des violences. Le week-end aussi, elles subissent des violences et elles appellent parce que la parole se libère de plus en plus et parce que la parole se libère, il faut que nous soyons prêts à entendre ces femmes.

Vous avez un chiffre sur le nombre d'appels supplémentaires depuis que cette ligne est accessible 24/24 et 7 jours sur 7 ?

Je ne peux pas vous donner un chiffre exact. Je sais juste qu'il y a eu 64 femmes en situation de handicap qui y ont accédé. Et même si c'était une seule, ça en vaudrait la peine parce que cette ligne sauve des vies. Il y a un message important que je veux envoyer à toutes les femmes qui subissent ces violences, à toutes les victimes parce qu'il y a aussi des hommes, c'est qu'elles ne sont pas seules.

Je veux dire à toutes ces victimes qu'aujourd'hui, Gérald Darmanin a décidé que toutes les plaintes qui étaient déposées pour des violences conjugales seraient traitées en priorité. Je veux dire qu'Eric Dupond-Moretti a décidé que ces plaintes seraient traitées en priorité aussi dans des circuits parfois spécifiques dans les tribunaux. Je ne veux qu'aucune de ces victimes pense qu'elle ne sera pas écoutée et que sa souffrance ne sera pas entendue.

Si ces victimes veulent partir de chez elles, est-ce qu'aujourd'hui, on peut les mettre à l'abri ? Vous avez augmenté de 60% les places d'hébergement. On est entre 7 500 et 7 800 places aujourd'hui, mais le Haut conseil à l'égalité estime qu'il en faudrait 20 000 ?

A la fin de 2022 nous aurons augmenté de 60% ces places et il faut bien commencer quelque part. Augmenter des places d'accueil pour ces femmes, pour leurs enfants, pour ces victimes, de 60%, ça n'est pas rien.

J'entends les critiques qui sont faites de toutes parts. Mais il faut aussi accepter que ce gouvernement a pris des décisions extrêmement importantes depuis, qu'Emmanuel Macron a décidé que la grande cause du quinquennat serait l'égalité entre les femmes et les hommes. Si nous ne traitons pas ces problèmes, si nous n'éradiquons pas ces violences, il n'y aura jamais d'égalité entre les femmes et les hommes.

En quatre ans, nous avons voté quatre lois. En quatre ans, nous avons mis en place les bracelets anti-rapprochement. En quatre ans, nous avons mis en place 3 000 téléphones grave danger. On peut nous faire des critiques. On peut nous dire qu'on peut aller plus loin, mais personne ne peut nous dire que nous n'avons rien fait pour traiter ce sujet. C'est pour cela qu'il faut une tolérance zéro sur cette question.

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