: Vidéo La rentrée parlementaire très médiatique de Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le Pen
Absents de l'hémicycle depuis 1997, les députés FN fraîchement élus Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le Pen sont arrivés mercredi 20 juin au Palais Bourbon sous une nuée de caméras. Reportage.
"La seule fois où j'ai vu autant de caméras et de photographes, je crois que c'était pour DSK", confie en souriant un agent de l'Assemblée nationale.
Et pour cause. Une centaine d'objectifs sont braqués sur eux. Aujourd'hui, les députés fraîchement élus, Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le Pen, font leur entrée au Palais Bourbon. Un événement puisque l'hémicycle ne comptait pas d'élu Front national depuis 1997.
"On va prendre nos marques"
Les deux frontistes ont marqué une première étape à l'extérieur, au café Le Bourbon, provoquant une cohue dans ce lieu d'habitude paisible, et l'ire du patron : "Dehors les journalistes ! Rangez vos perches", s'égosille-t-il, alors que certains n'ont pas hésité à grimper sur les tables.
Pierre Lellouche, venu prendre un petit noir est atterré : "Oh punaise", s'exclame-t-il. "C'est le droit des Français, ils ont été élus démocratiquement, mais c'est le signe que les choses vont mal dans notre pays", ajoute-t-il d'un air désolé, avant de s'asseoir à l'écart. "Il n'y a rien de nouveau sous le soleil, une crise de cette amplitude ne peut qu'amener les extrêmes au premier plan".
Les deux nouveaux députés sortent enfin, bras-dessus bras-dessous, embarquant avec eux la nuée de journalistes. "On va prendre nos marques", affirme la petite fille de Jean-Marie Le Pen, 22 ans à peine, qui semble dépassée par le déferlement médiatique qu'elle suscite.
Me Collard semble lui bien plus à l'aise. N'a-t-il pas peur de manquer d'écho en tant que député non inscrit ? "Si on en juge par la présence des journalistes aujourd'hui, on n'aura pas de problème pour s'exprimer sur le forum médiatique", répond-il, goguenard. Et que compte-t-il faire à l'Assemblée ? "Le député", lance-t-il.
"Le FN, c'est 18% d'électeurs au premier tour de l'élection présidentielle"
Alors qu'ils disparaissent dans les couloirs pour régler les problèmes administratifs et obtenir leur fameuse mallette, certains députés de passage dans la salle des quatre colonnes, où se concentrent les journalistes, s'interrogent sur l'effervescence ambiante.
La rentrée parlementaire du FN ne fait pas l'unanimité.
La socialiste corrézienne Sophie Dessus est inquiète : "Ce sont les héritiers d'idées violentes, qui ne respectent pas les hommes et les femmes, mais nous devons aussi nous remettre en cause, on n'a pas assez expliqué, débattu, la politique a été dévalorisée", dit-elle.
Pour Olivier Dussopt, député PS de l'Ardèche "c'est peut-être aussi l'occasion pour les Français de voir ce que ce parti défend vraiment, entre le discours de campagne et le discours réel, il y a toujours un écart".
"Vous êtes obnubilés par le diagramme du FN, vous pouvez le prendre, moi je n'en ai pas besoin", lance, visiblement agacé, le député UMP Jacques Myard, membre de la Droite populaire. Si M. Collard se veut "un casse couille démocratique", M. Myard déclare ne pas avoir prévu de "fermer son petit clapet face au laxisme socialiste" non plus.
Et pour lui, "on ne peut pas contester le suffrage universel". Même son de cloche chez l'UMP Eric Woerth : "Le FN, c'est 18% d'électeurs au premier tour de l'élection présidentielle, donc démocratiquement, il est assez naturel qu'il y ait quelques députés".
"C'est grâce à Marine qu'on est là"
La nièce de Marine Le Pen et l'avocat du "Rassemblement bleu marine" ressortent enfin et traversent la cour d'honneur, arborant leur écharpe tricolore. "C'était émouvant, la remise de ces écharpes c'est la concrétisation des responsabilités qui nous incombent", déclare Marion Maréchal-Le Pen, qui ajoute avoir besoin de "se rôder un peu plus".
"Toi, tu es déjà rôdé", lance-t-elle à son acolyte. "Je n'ai pas peur et je dirai ce que j'ai à dire, je l'ai toujours fait", répond Me Collard, qui s'avoue "triste que Marine ne soit pas là" puisque "c'est grâce à elle qu'on est là ".
"Tout ce que nous ferons ici aujourd'hui et demain, nous le ferons pour faire en sorte qu'elle soit élue en 2017", déclare Mlle Maréchal-Le Pen, avec assurance, avant de s'éclipser.
Le reportage de nos confrères de France 2, David Doukhan et Benjamin Poulain.
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