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Publicité sur l'alcool assouplie : la ministre de la Santé est "en colère"

Marisol Touraine, ministre de la Santé, a vivement regretté jeudi l'adoption à l'Assemblée nationale d'un amendement allégeant encadrant la publicité sur l'alcool dans le cadre de la loi Macron.
Article rédigé par Evelyne Chatelais
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
  (L'assouplissement de la loi sur la publicité pour l'alcool provoque la colère de la ministre de la Santé © MaxPPP)

Les députés n'ont pas suivi les souhaits du gouvernement sur l'encadrement de la publicité pour l'alcool. Ils ont modifié la loi Evin dans la nuit de mercredi à jeudi en adoptant un amendement sénatorial de la loi Macron. Celui-ci prévoit un assouplissement en créant une distinction entre "information" et "publicité" sur l'alcool. Si aucune modification n'intervient, les médias pourront parler de vin, sans risquer de poursuites judiciaires.

"Colère" de Marisol Touraine

Ce choix nocturne a provoqué la colère de la ministre de la Santé. La ministre de la Santé avait prévenu lundi qu'elle ne voulait pas que "la loi Macron serve à détricoter les politiques de santé publique".  C'est ce qu'elle a répété ce jeudi matin, au congrès de la Mutualité française à Nantes en ajoutant qu'elle était "en colère""50.000 personnes meurent chaque année en France car elles ont consommé trop d'alcool, a souligné la ministre de la Santé. "Alors, je suis en colère."

"Je regrette ce vote parce que la loi Evin fonctionne très bien." Marisol Touraine, Ministre de la Santé.

Intérêt privé et général

Mais le lobby des producteurs de vins a visiblement été plus fort. Le groupe viticulture de l'Assemblée nationale, présidé par Catherine Quéré, députée PS et viticultrice, avait appelé à voter cet amendement pour établir "un cadre clair pour la survie de notre viticulture, pour le développement des projets oenotouristiques locaux" .

C’est justement le poids de ce lobby que regrette le docteur Bernard Basset, spécialiste en santé publique et secrétaire adjoint de l'ANPAA (Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie). "C’est clairement la défense d’un lobby privé sur l’intérêt général" , a estimé ce médecin.

"Au moment où il y a toujours près de 50.000 morts dues à l’alcool par an et où les conduites de "biture express" se développent, ce n’était pas le moment de libéraliser tous azimuts, la publicité sur les alcools."

"On voit  , a-t-il martelé, que ce sont des intérêts privés qui s’opposent à l’intérêt général et à la santé de la population".

"La défense d'un lobby privé sur l'intérêt général" : docteur Bernard Basset, spécialiste en santé publique

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