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Municipales : forte poussée du FN, abstention record

RESUME DU PREMIER TOUR | Alors que l'abstention a battu un nouveau record (37%), le Front national semble en passe de gagner son pari pour ces municipales. Il s'impose comme 3ème acteur clef du scrutin, au vu des résultats du premier tour dimanche. A Hénin-Beaumont, son candidat a même été élu dès le premier tour. Le PS apparaît lui comme le grand perdant de ce premier tour.
Article rédigé par Matthieu Mondoloni
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
  (Maxppp)

Hénin-Beaumont était la ville emblématique dont le Front national voulait faire sa vitrine. Présente sur la liste Rassemblement Bleu Marine, mais en position non éligible, Marine Le Pen a remporté son pari. Son candidat, Steeve Briois, a été élu dès le premier tour avec 50,25% des suffrages, a annoncé la mairie. Elle a immédiatement salué une victoire "spectaculaire " et "inespérée " au 1er tour.

Cette élection est un camouflet pour le maire sortant, Eugène Binaisse (divers gauche), qui ne recueille que 31% des voix, permettant au parti frontiste de remporter une ville pour la première fois depuis 1995.

Mais cette victoire n'est qu'un signe d'une forte poussée plus général du Front national, notamment dans le sud de la France. Ainsi, à Béziers, dans l'Hérault, le candidat soutenu par le FN, Robert Ménard, a recueilli pour sa part près de 48% des suffrages, selon une estimation Ipsos, loin devant son adversaire de droite. A Saint-Gilles, dans le Gard, c'est la liste de l'avocat Gilbert Collard qui est en tête avec plus de 40% des voix.

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"La fin de la bipolarisation" selon le FN

Le parti de Marine Le Pen est également en tête dans plusieurs autres grandes villes, comme Fréjus (Var), Perpignan (Pyrénées-Orientales) ou Forbach (Moselle), où la liste du vice-président du FN, Florian Philippot, est créditée de 35,75% des voix contre 33% au maire sortant socialiste.

Dans nombre d'autres villes, les listes FN sont en position de se maintenir au second tour, dimanche prochain, et de troubler le jeu entre la gauche et l'opposition UMP-UDI. "C'est la fin de la bipolarisation de la vie politique française, le Front national arrive comme une grande force autonome, une grande force politique, plus seulement nationale, mais également locale ", a déclaré Marine Le Pen sur TF1.

"Le Front était jusqu'ici un vote national, nous sommes en train de démontrer qu'il est aussi un vote local, un vote qui s'est enraciné ", a renchéri le vice-président du parti d'extrême droite, Florian Philippot, arrivé en tête à Forbach.

Le FN a présenté 596 listes, soit quelque 21.700 candidats, chiffre record pour le parti de Marine Le Pen. Il bénéficie de l'impopularité du gouvernement et du président François Hollande et des "affaires" à répétition dans lesquelles, à droite, l'UMP reste empêtrée.

Abstention record


Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a réagi dans la soirée, estimant que "certains électeurs [avaient] exprimé, par leur abstention ou leur vote, inquiétudes, voire doutes" . Il a appelé "les forces démocratiques et républicaines " à faire barrage au FN au second tour. Le porte-parole du PS, David Assouline, a reconnu "une hausse importante et inquiétante" du parti d'extrême droite. La ministre du Logement, Cécile Duflot (EELV), a estimé qu'une "forme de déception s'est exprimée ".

L'abstention a atteint un record historique : 37 %, soit 3,5 points de plus qu'au premier tour en 2008. Du jamais vu depuis 1983. Un des enjeux pour la gauche, mise à mal, va être de remobiliser au second tour. Mais la tâche s'annonce très compliquée.

Au niveau national, la droite est en effet devant, totalisant 48% des suffrages, contre 43% à la gauche, et 7% au FN, qui a toutefois présenté beaucoup moins de listes que ses deux concurrents.

Le PS en grande difficulté


Le PS apparaît comme le grand perdant de ce premier tour. Niort a par exemple basculé à droite près de 60 ans de gouvernance de la gauche, avec la victoire surprise dès le 1er tour de Jérôme Baloge, membre du Parti radical, face à la maire PS sortante Geneviève Gaillard.

Autre surprise, le maire sortant PS de Quimper et conseiller de François Hollande, Bernard Poignant (28% des voix) est devancé par le candidat UMP-UDI Ludovic Jolivet (29%). La gauche risque de perdre Amiens, Angers, Reims et Saint-Etienne. Au Havre, le maire sortant UMP, Edouard Philippe, est réélu dès le premier tour.

Le président de l'UMP Jean-François Copé, réélu dès dimanche à Meaux, a lui appelé les électeurs du FN à reporter leurs voix sur les candidats de son parti au second tour. Pour lui, "les conditions d'une grande victoire " de la droite sont réunies. Mais cette éventuelle "vague bleue " dépend pour partie du nombre de triangulaires qui opposeront dimanche prochain gauche, droite et FN et d'éventuelles consignes de désistement pour faire barrage au FN.

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