Les députés examineront jeudi une proposition de loi réprimant la négation du génocide arménien
Le génocide arménien et plus précisément la discussion sur la répression de sa négation sera à l'ordre du jour, jeudi 22 décembre, de l'Assemblée nationale. Elle fait l'objet d'une proposition de loi UMP qui provoque la colère du gouvernement turc.
La proposition de loi de l'UMP visant à réprimer la négation des génocides, dont celui qui a frappé le peuple arménien, sera examinée jeudi par les députés.
Selon le ministre des relations avec le Parlement, Patrick Ollier, la conférence des présidents n'ayant pas évoqué mardi son retrait de l'ordre du jour, cette proposition de loi sera bien discutée par les députés. Le texte punit d'une peine de prison et d'une amende la négation des génocides.
Les socialistes voteront le texte
Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée nationale, a annoncé que les députés socialistes voteront ce texte. "Nous avons voté une première loi qui était la reconnaissance par la France du génocide arménien", a rappelé M. Ayrault.
Selon lui, la proposition de loi de la députée UMP des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer "ne fait que compléter" le premier texte, en organisant le "respect de cette loi pour ceux qui ne la respecteraient pas". Sur le fond, ce texte "n'est pas une attaque contre la Turquie", a assuré M. Ayrault, même s'il en a critiqué "l'opportunisme politique et politicien"
Cette proposition suscite la colère de la Turquie car elle englobe le génocide des Arméniens qu'Ankara refuse de reconnaître.
Des conséquences "irréparables"
La Turquie a menacé la France de conséquences "irréparables" pour les relations entre Paris et Ankara.
Le gouvernement turc prévoit donc d'imposer une panoplie de sanctions diplomatiques et commerciales contre la France si ses députés pénalisent la négation de cette extermination.
"La Turquie ne restera pas silencieuse contre ce texte, il y aura évidemment des conséquences. Des plans ont été discutés dans l'éventualité d'une adoption" de la proposition de loi, a indiqué mardi à l'AFP une source proche du gouvernement turc.
L'ambassadeur turc à Paris sera rappelé pour consultations et Ankara demandera à l'ambassadeur français à Ankara de faire de même, à défaut de quoi il serait déclaré persona non grata, a indiqué cette source sous couvert d'anonymat.
Menace sur la coopération culturelle
Outre cette sanction diplomatique à effet immédiat, Ankara se prépare à mettre en oeuvre des mesures visant essentiellement les intérêts économiques et commerciaux de la France en Turquie. Les échanges commerciaux entre la France et la Turquie, 17e économie mondiale, ont représenté près de 12 milliards d'euros en 2010.
La coopération culturelle, scientifique et technologique turco-française sera également gelée, a ajouté cette source.
Pour les Arméniens et la France, l'Empire ottoman a orchestré un génocide qui a fait 1,5 million de morts. La Turquie reconnaît jusqu'à 500 000 morts, victimes selon elle des aléas de la Première Guerre mondiale et non d'un génocide.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.