Cet article date de plus de douze ans.

Les candidats aux circonscriptions des Français de l'étranger mènent leur campagne malgré les obstacles

178 candidats se disputent les 11 circonscriptions de députés des Français de l'étranger. Et pour séduire les Français, expatriés ou binationaux dispersés autour du globe, ceux-ci doivent mener une campagne d'un nouveau genre.
Article rédigé par Natalia Gallois
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
La difficile campagne des candidats dans les circonscriptions des Français de l'étranger (Manjunath Kiran / AFP)

178 candidats se disputent les 11 circonscriptions de députés des Français de l'étranger. Et pour séduire les Français, expatriés ou binationaux dispersés autour du globe, ceux-ci doivent mener une campagne d'un nouveau genre.

C'est une première. Un peu plus d'un million d'électeurs vont devoir désigner onze députés pour les représenter à l'Assemblée nationale. Un vote qui a déjà démarré, puisque depuis mercredi 23 mai et jusqu'à mardi prochain, les Français établis à l'étranger disposent de la possibilité de voter par internet et par correspondance.

Sur le terrain, les candidats poursuivent leurs efforts. Pas toujours facile en effet de faire campagne dans ces contrées éloignées et de toucher des électeurs éparpillés.

« Deux fois le tour du cône sud »

Souvent à l'échelle d'un continent, englobent parfois des milliers de kilomètres carrés. Chaque circonscription doit en effet représenter environ 100.000 inscrits. La 6ème circonscription ne regroupe ainsi que la Suisse et le Lichtenstein, mais la 11ème va de la Russie à l'Océanie en passant par le continent asiatique.

Seule solution face à l'ampleur de la tâche : multiplier les déplacements. "Ma circonscription comprend 33 pays, j'ai donc fait le choix de me déplacer un maximum", explique l'ex porte-parole d'Eva Joly, Sergio Coronado, candidat à la 2ème circonscription (Amérique centrale et du Sud) pour Europe Ecologie-Les Verts.

"J'ai déjà fait deux fois le tour du cône sud, mon suppléant lui se charge de l'Amérique centrale et des Caraïbes", ajoute-t-il.

Un kiosque à Copacabana

Face à lui, Raquel Garrido, candidate du Front de gauche dans la même circonscription, rappelle qu'"il est impossible de rendre visite à tous les électeurs". "On n'arrive jamais à donner l'impression d'être en circonscription, donc il faut s'astreindre à faire des allers-retours", ajoute-t-elle.

Elle a ainsi choisi de s'en tenir aux grandes capitales et de compter sur le réseau des sympathisants. "J'ai la chance de m'appuyer sur un réseau de gens qui ont découvert le Front de gauche avec Jean-Luc Mélenchon, et qui sont mobilisés sur le terrain".

Ce sont eux qui l'aident à faire son planning et à choisir les lieux où se tiennent ses réunions publiques. Un domaine dans lequel il faut parfois faire preuve d'imagination. "A Rio, on s'est réunis dans un kiosque au bord de la plage de Copacabana, on était une quinzaine", raconte Mme Garrido.

Couvre-feux et coups d'états

Mais les décors ne sont pas toujours aussi idylliques. Certains candidats doivent faire face à des situations complexes, comme le rappelle Charles Vincent-Genod, directeur de campagne de Khadija Doukali, candidate UMP dans la 9ème circonscription (Afrique du Nord et de l'Ouest).

"On a une circonscription particulièrement chaude", explique-t-il. "Il y a parfois des couvre feu ou des consignes de sécurité particulières comme en Guinée Conakry. Le Mali et la Guinée Bissau ont été le théâtre de coups d'Etat, sans parler de la Lybie et de la Tunisie où la situation est encore instable".

"Et puis c'est la première fois qu'il y a ces élections donc beaucoup de citoyens ne sont pas au courant", ajoute M. Vincent-Genod, qui accompagne la candidate franco-marocaine dans sa campagne. Mme Doukhali a pourtant prévu de visiter tous les pays de sa circonscription (sauf la Guinée Bissau).

"Dans le bus, je sors mes tracts"

Christophe Navel candidat indépendant, dans la 1ère circonscription (Etats-Unis, Canada), la plus peuplée avec ses 157 363 électeurs, n'a pu se rendre que dans quelques villes seulement, faute de moyens.

Seuls les candidats faisant plus de 5% pourront se faire rembourser leurs frais par le ministère de l'intérieur. Difficile donc de parcourir le continent de long en large sans être assuré de récupérer ses investissements.

"Aux Etats-Unis, on a choisi d'aller à New York. On a pris notre voiture depuis Québec, on s'est échangé le volant pendant les 6 heures de trajet", raconte son directeur de campagne, Eric Ben. "On doit convaincre les électeurs un par un, les Français sont atomisés en Amérique, ça demande un effort, là dans le bus, si je croise un Français je sors mes tracts !", lance-t-il.

"On nous taxe de fantaisistes, mais au moins nous on occupe le terrain, on fait des efforts", se justifie-t-il. "On ne compte pas sur une étiquette UMP comme Frédéric Lefebvre, qui a été parachuté ici". Certains candidats reprochent en effet à l'ancien secrétaire d'Etat chargé du commerce, d'être le grand absent de cette campagne dans la 1ère circonscription où s'affrontent 18 candidats.

Certain que M. Lefebvre "aura du mal à rassembler les électeurs" de la droite et du centre, M. Navel a d'ailleurs finalement choisi de rejoindre Emile Servan-Schreiber, un entrepreneur qui a la double-nationalité, franco-américaine, "par souci de cohérence" et "pour défaire la candidate socialiste", Corinne Narassiguin.

Internet, un outil indispensable

Un choix qu'il détaille sur son blog. Car internet reste un outil primordial pour toucher les électeurs dispersés autour du globe.

Raquel Garrido tient elle aussi un blog de campagne pour tenir les internautes au courant de ses déplacements. Sans oublier les réseaux sociaux : « je twitte beaucoup, c'est là que l'information circule le plus vite », affirme Mme. Garrido.

Même son de cloche chez M. Vincent-Genod. « Le système postal en Afrique est assez compliqué. En Côte d'Ivoire, une personne n'a reçu la profession de foi que mardi 22 mai, 15 jours après l'échéance, donc le mail reste notre principal moyen de communication », explique-t-il.

Les candidats ont en effet accès aux listes électorales consulaires, qui contiennent les emails des résidents français de la zone. Mais en abuser c'est prendre le risque de voir les électeurs submergés. Un piège qu'a tenté d'éviter M. Coronado. « J'ai décidé de les informer avec ma profession de foi, mais je ne veux pas inonder les listes mails comme certains qui ne font campagne qu'en ligne », affirme-t-il.

De son côté, Christophe Navel a aussi misé sur la vidéo, un atout pour les petits candidats qui doivent se faire connaître. "Ca nous a permis de compter le nombre de personnes qui s'intéressaient à nous, et de quantifier le nombre d'électeurs potentiels", note M. Ben, son directeur de campagne.

Pour les électeurs résidant hors de France, les premier et second tours de scrutin auront lieu les dimanches 3 et 17 juin (samedis 2 et 16 pour les pays du continent américain).

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.