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Le "roi des cumulards" dans la tourmente à Caen

Bienvenue à Caen, son port de plaisance, ses tripes, son Guillaume le Conquérant et son maire socialiste, un des plus critiqués de France. Selon un sondage Ipsos réalisé pour France Bleu Basse-Normandie, seuls 46% des Caennais sont satisfaits de leur maire, contre 71% au niveau national. La capitale bas-normande est donc devenue, au fil des semaines, le symbole de ces villes que pourrait perdre la majorité.
Article rédigé par Laëtitia Heuveline
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
  (Laëtitia Heuveline Radio France)

Plutôt jovial, détendu, le socialiste Philippe Duron a passé six ans à partager son temps entre la mairie, la communauté d'agglomération et nombre d'autres casquettes. Au total, il a cumulé jusqu'à 4 mandats et 24 fonctions. Beaucoup de magazines en ont fait le roi des cumulards, ses opposants à la mairie lui attribuent même un salaire de plus de 50.000 euros par an, ce qu'il vient de démentir par une lettre envoyée à tous les Caennais.

Une réputation, en tous cas, qui lui coûte. Entre deux biscuits et un verre de soda avalés avant de commencer une opération de porte à porte, il confie "c'est ma campagne la plus difficile ". Son bilan s'avère critiqué de toutes parts, les habitants, comme ses adversaires politiques, lui reprochent des projets mégalomaniaques, l'augmentation des impôts, et son côté trop distant, trop "parisien ".

Une campagne de caniveau


Lui, se défend : "Ce n'est pas sur le bilan que les opinions sont mauvaises, c'est sur le personnage que je suis discrédité depuis trois ans par un MoDem qui a multiplié les tracts et les calomnies. C'est une campagne ad hominem, c'est une campagne de caniveau, parce que le bilan, je crois que les gens le perçoivent positivement ".

Alors, il ferme sa veste, affiche son plus beau sourire et part à la rencontre des électeurs du quartier populaire de la Guérinière pour parler de "tout ce qu'il y a de bien à Caen et tout ce qui sera mieux la prochaine fois ", les habitants sont nombreux à lui souhaiter bonne chance... et la chance, il va en falloir.

Même les écologistes s'étonnent de tant de critiques. "On savait que ce serait serré pour la gauche ", explique la tête de liste EELV, Rudy L'Orphelin. "Mais on ne pensait pas qu'il y avait un tel désamour envers le maire sortant. "

"Aujourd'hui une des questions que le maire sortant doit entendre c'est celle du cumul des mandats, il doit clairement faire des choix. Cela devient nécessaire que des signaux soient adressés aux électeurs et aux électrices de gauche qui attendent que la gauche soit exemplaire en la matière ", poursuit-il.

Caen à gauche simple parenthèse ?


Face aux quatre listes à gauche, deux à droite et une du Front national, les "Caennais sont moins centristes que modérés... En fait, ce sont tout simplement des Normands : ils fonctionnent au 'ptet ben que oui, p'tet ben que non !'" Une note d'humour du président du MoDem dans le Calvados, Philippe Lailler, pour cacher une réalité : l'explosion du centre en 2008 a fait basculer la ville à gauche. La capitale bas-normande est connue pour historiquement être gouvernée par le centre, voire le centre-droit, même si le vote aux élections nationales reste toujours majoritairement socialiste.

Dans la permanence UDI, près de l'espace famille aménagé spécialement pour les enfants, la tête de liste Sonia de la Prôvoté se rappelle : "En 2008, il y a eu quatre listes issues de la liste d'origine, dans un climat délétère et donc on a perdu la ville. J'ai vécu ce moment intensément et avec pas mal de douleur et dès le lendemain de 2008 on a cherché à construire l'union et à apaiser les relations ".

Désaccords sous-jacents à droite


Alors pour cette campagne, la droite et le centre évitent tout : la calomnie, le mauvais esprit, les critiques, même la moindre remarque, quitte à en devenir fades. Et quitte à cacher des désaccords sous-jacents. Au second tour, le dernier sondage Ipsos prédit que Sonia de la Prôvoté gagnerait à 53% des voix contre Philippe Duron. Le candidat de l'UMP, Joël Bruneau, ne serait lui crédité que de 51%.

Les deux têtes de listes ne voient donc pas les choses de la même manière... Ouvertement Sonia de la Provoté l'affirme : "Je pense que je suis la mieux placée pour que nous gagnions au second tour ". Plus à droite, Joël Bruneau ne démord pas de la règle : "Nous serons tous rassemblés derrière le candidat le mieux placé à l'issue du premier tour, c'est la règle démocratique ! " Voilà qui augure sûrement de discussions moins fades...

Les candidats déclarés

Rudy L'Orphelin (EELV)
Sonia de la Provôté (UDI)
Philippe Duron (Divers gauche)
Joël Bruneau (UMP)
Pierre Casevitz (LO)
Etienne Adam (divers gauche)
Philippe Chapron (FN) 

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