Le "rêve français" de François Hollande s'est réalisé
A 57 ans, François Hollande, candidat du Parti socialiste à la présidentielle, est devenu dimanche 6 mai, le 7e président de la Ve République. Un retour à Élysée pour celui qui avait été conseiller de François Mitterrand dès 1981. Portrait.
François Hollande a été élu dimanche à la tête de l'Etat. En battant Nicolas Sarkozy, il est devenu le deuxième président de la Ve République à porter les couleurs du Parti socialiste à l'Elysée.
François Hollande avait placé sa campagne sous le signe du rêve français (titre d'un de ses livres). Pour lui, ce rêve c'est "cette promesse républicaine qui veut que la génération qui vient, vivra mieux que la précédente, cette certitude que les jeunes qui arrivent prendront toute leur place dans la société. Ce plébiscite pour l'avenir, je l'appelle, le rêve français". Un rêve devenu réalité pour lui.
Celui qui s'est présenté comme voulant être un "président normal" a tout fait depuis deux ans pour accéder à la magistrature suprême. Allant jusqu'à lutter contre sa rondeur, brider son humour, modifier son apparence, pour faire plus présidentiable. Pour François Hollande un président normal, c'est l'homme "capable de donner confiance, donc d'avoir de la cohérence et de la constance". La constance, il en a fait preuve tout au long de sa campagne.
Enfant de Rouen
François Gérard Georges Hollande est né le 12 août 1954 à Rouen (Seine-Maritime). Il est le fils du docteur Georges Hollande, médecin, réputé très à droite, et de Nicole Tribert, assistante sociale.
François Hollande n'est pas marié. Il vit avec Valérie Trierweiler, mère de trois enfants. M. Hollande a de son côté quatre enfants qu'il a eu avec Ségolène Royal.
Brillantes études
Il passe son enfance à Bois-Guillaume, ville résidentielle sur les hauteurs de Rouen, où il est élève au pensionnat Jean-Baptiste-de-La-Salle de Rouen. Lorsque sa famille quitte Rouen, il termine ses études secondaires au lycée Pasteur de Neuilly-sur-Seine, où il croise la future bande du Splendide (dont Christian Clavier).
Licencié en droit de la Faculté de Paris, diplômé de HEC, de l'Institut d'études politiques de Paris (Sciences Po), il est diplômé de l'École nationale d'administration (ENA, promotion Voltaire). Son rang de sortie lui permet d'entrer à la Cour des comptes.
De 1988 à 1991, il est professeur d'économie en 3e année de l'Institut d'études politiques de Paris.
Engagement syndical et politique
En 1974, il milite à l'UNEF de l'Institut d'études politiques de Paris. Le futur président a même été sanctionné pour avoir occupé, avec d'autres élèves, le bureau du directeur de l'IEP, à la suite d'incidents avec l'extrême-droite. A HEC, il préside le comité de soutien à la candidature de François Mitterrand. A l'Ena, il monte une section syndicale. Dans cette promotion Voltaire de l'Ecole Nationale d'Administration, il côtoie des personnalités comme Dominique de Villepin, Renaud Donnedieu de Vabres, mais aussi des personnalités qui lui sont restées très proches comme Jean-Pierre Jouyet, qui fut ministre de Sarkozy, Michel Sapin ou Dominique Villemot.
C'est aussi à l'ENA qu'il rencontre Ségolène Royal, avec qui il forme un couple qui dura officiellement jusqu'à 2007 et avec qui il a quatre enfants.
En 1979, il adhère au Parti socialiste, et devient, grâce à Jacques Attali, l'un des conseillers économiques de François Mitterrand. En 1981, à la suite de l'élection du candidat socialiste à la présidence de la République, il devient chargé de mission à l'Élysée.
Le jeune technocrate militant tâte du terrain dès 1981. Il connaît un échec attendu (26% des voix) en se présentant, lors des élections législatives de juin 1981, contre Jacques Chirac dans la troisième circonscription de la Corrèze.
En 1983, il devient chef de cabinet de Max Gallo, à l'époque secrétaire d'Etat et porte-parole du gouvernement de Pierre Mauroy, puis de Roland Dumas. La même année, il est élu Conseiller municipal d'Ussel. Il seconde Julien Dray à SOS-Racisme.
(Voir le portrait réalisé par Hélène Hug)
Implantation en Corrèze
Aux législatives de 1988, qui font suite à la réélection de François Mitterrand, il se présente une nouvelle fois en Corrèze, mais change de circonscription. Avec près de 53 % des suffrages exprimés, il est élu député de la première circonscription.
En 1989, il s'implante à Tulle et devient adjoint au maire de la ville. En 1993, il perd son mandat de député lors de la débâcle du PS.
Il prend la présidence du club « Témoin » , créé en 1992 par Jacques Delors, qu'il conserve jusqu'en 1997.
En novembre 1994, il devient secrétaire national du Parti socialiste chargé des questions économiques. En 1995, après la renonciation de Jacques Delors, il se rapproche de Lionel Jospin, qui fait de lui un des porte-parole de sa campagne présidentielle.
Lors de la victoire de la gauche plurielle en 97, Lionel Jospin devenu premier ministre, lui confie les clefs de Solférino, le siège du PS. Il sera à la tête du parti onze ans, jusqu'en 2008. Un règne plus long que celui de Mitterrand (10 ans).
Le chef de l'opposition
A la tête du PS, il connaît une impressionnante série de succès électoraux, hormis les scrutins présidentiels et législatifs. Lors des élections européennes de 1999, François Hollande mène la liste PS/PRG/MDC, qui arrive en tête avec 21,95 %. En 2001, il est élu maire de Tulle par le nouveau conseil municipal.
L'échec de 2002 et le retrait de Jospin en fait le leader du PS.
Lors des régionales de 2004, le Parti socialiste remporte 24 des 26 régions françaises. Même succès aux cantonales : 51 des 100 départements ont un président de gauche. En juin suivant, le PS obtient 28,9 % des suffrages aux élections européennes, un record pour ce scrutin.
En revanche il connaît un sérieux échec lors du référendum de 2005, où sa position en faveur du "oui" au traité constitutionnel, combattue en interne (par Laurent Fabius, notamment) malgré un référendum interne, est sanctionnée par les électeurs.
Lors du congrès de 2005, signataire de la même motion que Martine Aubry, DSK ou Royal, il réalise la synthèse et est élu à la tête du parti avec 76,96% des voix.
En 2006, il voit sa compagne Ségolène Royal s'engager dans la primaire et devenir la candidate officielle du PS qui échoue en 2007 face à Nicolas Sarkozy.
Dernier succès avant son retrait de la tête du PS, il gagne le Conseil général de Corrèze en 2008. Lors du congrès de Reims, en 2008, il laisse sa place à Martine Aubry.
A Tulle, Hollande se lance dans la présidentielle
Il y a maintenant plus d'un an, le 31 mars 2011, à Tulle, il se déclare officiellement candidat à la présidence de la République, "à travers la primaire socialiste", quelques heures après sa réélection, à la tête du Conseil général de Corrèze. Dans ce discours, il présente déjà les thèmes d'une campagne qui, pour lui, a duré plus d'un an.
La victoire à la primaire socialiste, très médiatisée, en fait le candidat des socialistes, un candidat qui n'a jamais quitté le haut des sondages. "C'est le premier jour d'un chemin qui va nous conduire loin" disait-il le soir de sa victoire le 16 octobre 2011. Il ne croyait pas si bien dire.
C'est à Tulle qu'il avait commencé sa campagne. C'est à Tulle qu'il a appris qu'il devenait le 7e président de la Ve République.
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