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Le PS met en place une cellule anti-FN pour contrer Marine Le Pen

Courant janvier, le PS va mettre en place une cellule anti-FN. Alors que Marine Le Pen stagne à un bon niveau dans les sondages, c'est son enracinement dans l'électorat populaire qui inquiète. Comment la combattre sans lui donner de l'importance ?
Article rédigé par Daïc Audouit
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Pancarte lors de la manifestation anti-FN du 8 janvier (Joël Saget)

Courant janvier, le PS va mettre en place une cellule anti-FN. Alors que Marine Le Pen stagne à un bon niveau dans les sondages, c'est son enracinement dans l'électorat populaire qui inquiète. Comment la combattre sans lui donner de l'importance ?

Le chiffre barrait la Une du journal "Libération" lundi matin. 30% des Français n'excluent pas de voter Marine Le Pen selon une étude Viavoice pour le quotidien.

Un niveau qui signifierait qu'elle serait présente au second tour, si cela se traduisait dans les urnes, ce que n'indiquent pas pour l'instant les instituts de sondage. Mais, Benoit Hamon, porte-parole du parti socialiste considère que cette hypothèse n'est "pas une idée farfelue".

Hors campagne électorale, ses concurrents craignent d'affronter Mme Le Pen, directement, de peur de lui donner de l'importance. A trois mois de l'élection présidentielle, il n'est plus temps de tergiverser. Les plans anti-Le Pen se mettent en place.

Cellule anti-le Pen au PS

"Le FN est l'autre adversaire des socialistes", déclare Harlem Désir, n°2 du PS. Selon nos confrères du "Parisien", le PS va créer une cellule anti-Le Pen, avec à sa tête Alain Bergougnioux, conseiller de Martine Aubry.

Une brochure à destination des militants devrait voir le jour dans quelques semaines pour contrer les arguments du Front national. "L'objectif est double : élaborer une contre-argumentation face au FN et démystifier le mouvement", explique M. Bergougnioux.

Au Parti socialiste, on s'inquiète évidemment de l'enracinement du vote FN parmi les classes populaires. La fondation Jean Jaurès qui dépend du PS avait tiré la sonnette d'alarme dès le mois d'août dernier. Mais lors de la primaire, l'adversaire désigné était Nicolas Sarkozy.

Ce n'est qu' à partir de son déplacement à Mantes-la-Jolie, avant Noël,que M. Hollande évoque la question FN au-delà des anathèmes traditionnels. Il l'a répété samedi à Tulle, lors de ses voeux en Corrèze, qualifiant le parti d'extrême droite "d'ennemi de la République". Il s'adresse directement à l'électorat populaire.

"Ce qu'il faut dire à tous ces électeurs qui peuvent un moment, par dépit, par colère regarder de ce côté-là , c'est que vous méritez mieux que ce vote, que vous êtes des Francais, des citoyens!" a déclaré le candidat socialiste.

Appel au vote utile à l'UMP

Pour contrer une éventuelle "vague marine", à l'UMP on s'adresse d'abord à son propre électorat en utilisant l'argument classique du vote utile. C'est celui utilisé par Jean-François Copé dans un entretien au Figaro début janvier. "Il faut comprendre que voter pour le FN aura pour effet mécanique de favoriser la gauche", expliquait le secrétaire général de l'UMP.

Mais il n' y pas de cellule riposte spécialement dédiée au FN, selon Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'écologie. En juin, elle publiait un ouvrage critique sur le Front national. Elle y expliquait qu'il y avait une différence de nature entre la droite et l'extrême-droite. "Mais pendant une campagne, l'heure n'est plus à la philosophie et aux généralités. Il faut réagir à l'actualité et souligner les contradictions de Mme Le Pen sur la question européenne", commente Mme Kosciusko-Morizet pour FTV 2012.

La ministre concède néanmoins "que s'il ne faut rien laisser passer, il ne faut pas faire non plus de la candidate FN un sujet central".

Le FN dans son sillon

Au Front national, on est habitué à ces attaques. La riposte se fait par communiqués. "Lorsque Hollande insulte les électeurs de Marine Le Pen, il insulte la République et le suffrage universel", écrit Louis Aliot, directeur de campagne du Front.

"Ils ont vraiment du temps à perdre. Ils essayent de se raccrocher aux branches, mais pour eux, le vote ouvrier c'est fini", confie M. Aliot.

Mais la candidate, elle, ne souhaite pas répondre au coup par coup.

"Elle ne doit pas trop se préoccuper de ses concurrents", préconise M. Aliot. Et de fait dans son discours de Saint-Denis du 8 janvier, la candidate du Front s'attache à développer ses propositions. Elle évoque quelquefois la "caste" mais pas autant que son père qui plaçait le mot "establishment" quasiment au bout de chaque phrase.

Il y a une volonté manifeste de se situer au-dessus de la mêlée.

"Quand les autres se chamaillent à coup d'insultes dignes d'une cour de récréation je trace mon sillon", déclare-t-elle à Saint-Denis.

La menace Bayrou

Mais l'adversaire direct de Mme Le Pen est peut- être François Bayrou. C'est le deuxième duel examiné par les sondages, derrière la confrontation Sarkozy-Hollande. Dans le sondage Ifop de dimanche, M. Bayrou monte d'un point, Mme Le Pen baisse d'un cran. De là, à voir un effet de vases communiquants...

"On est rassuré. François Bayrou n'est pas près de nous rattrapper", analyse Bruno Bilde, directeur de cabinet de Mme Le Pen. "Bayrou n'est pas notre angoisse première", surenchérit Marie-Christine Arnautu, porte-parole de la campagne.

Mais tous les deux concèdent qu'ils ont négligé le candidat centriste en 2007. "On ne l' a pas vu venir. On pensait que c'était une bulle sondagière", reconnaît Mme Arnautu.

Au MoDem, on admet pouvoir prendre des voix parmi l'électorat FN. Car au positionnement ni gauche, ni droite de 2007, il ajoute cette année le produire français.

"Bayrou chasse sur les terres du FN", accuse t-on au Nouveau Centre. Hervé Morin parle de "populisme".

Si Mme Le Pen respecte l'homme Bayrou, elle est consciente du danger et marque son territoire. "Je suis et je serai la seule et unique candidate du protectionnisme et de la réindustrialisation", martèle-t-elle à chacune de ses interventions comme lors des voeux à la presse.

Avec ce thème, partagé par de nombreux candidats, la présidente du FN sait qu'elle détient là une arme. Contester, analyser voire nuancer son discours, c'est toujours prendre le risque de la faire exister un peu plus dans le débat.

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