Le Premier ministre a détaillé mercredi son vaste programme d'austérité, pour compenser la croissance en berne
"Le seuil de tolérance à l'endettement est désormais dépassé", a fait valoir le chef du gouvernement, après une réunion d'arbitrage de dernière minute présidée par Nicolas Sarkozy à l'Elysée.
Le gouvernement a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour les années 2011 et 2012 en France, à 1,75% (contre de 2 et 2,25% pour les deux années).
La fiscalité sur l'alcool, le tabac, et, nouveauté, sur les sodas sera alourdie.
Le plan d'austérité doit rapporter 12 milliards d'euros au total: 1 milliard d'euros dès 2011 puis 11 milliards d'euros en 2012, a indiqué M. Fillon.
Entre la baisse de la croissance et les annonces budgétaires, le gouvernement prévoit un déficit de 4,5% en 2012.
Les principales mesures annoncées:
- une taxation "exceptionnelle" des revenus supérieurs à 500.000 euros par an (une mesure qui rapporterait environ 200 millions d'euros)
- hausse des prélèvements sociaux sur les revenus du capital
- harmonisation du report des déficit (impôts sur les sociétés) avec l'Allemagne.
- coup de rabot de 10% sur les niches fiscales.
- taxe sur le tabac de 6% dès 2011
- taxe sur les boissons sucrées
- modification de la taxation des heures supplémentaires "sans toucher à la loi Tépa".
- La prestation familiale destinée aux parents qui s'arrêtent partiellement ou totalement de travailler pour s'occuper de leurs enfants sera désormais soumise à la CSG
- alourdissement de la taxation sur les complémentaires santé
- TVA pour les billets d'entrée des parcs à thème relevée de 5,5% à 19,6%
- Les véhicules de société les plus polluants vont être davantage taxés
Un discours axé sur la dette
Le Premier ministre a placé son intervention sur la thématique de la dette en affirmant que les pays industriels vivent une "crise de l'endettement".
Il a expliqué le dérapage des finances publiques françaises par la crise. "Ignorer les conséquences de la plus grave crise économique depuis un demi-siècle sur les finances publiques, refuser d'admettre la responsabilité des gouvernements de droite et de gauche sur le creusement des déficits depuis 35 ans, ce n'est pas une preuve de sérieux et cela augure mal de la capacité à affronter les réalités économiques du monde d'aujourd'hui", a-t-il affirmé.
Les mesures concernant l'exécution du budget 2011 seront présentées en Conseil des ministres dès mercredi prochain et examinées par le parlement lors de la session extraordinaire qui débute le 6 septembre.
Réactions
Martine Aubry, candidate à la primaire PS, a déploré jeudi que le gouvernement réduisait les déficits mais augmentait les risques d'une récession, en commentant le plan d'austérité présenté la veille par le Premier ministre.
L'ex-Premier ministre socialiste Laurent Fabius a critiqué jeudi sur Europe 1 le plan d'austérité présenté par François Fillon la veille, y voyant des "demi-mesures d'un président en fin de mandat qui ne permettront pas de rétablir ni les comptes publics ni la justice".
L'ex-Premier ministre Dominique de Villepin a estimé jeudi que le plan d'austérité présenté par son successeur à Matignon François Fillon est "un début de prise de conscience" qui reste "insuffisant".
Benoît Hamon, porte-parole du PS, a dénoncé mercredi un "cynisme" des mesures annoncées par François Fillon pour réduire le déficit, estimant que la France avait "officiellement longé dans l'austérité".
Eva Joly, candidate d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) à la présidentielle, a déploré les mesures "cosmétiques" annonces par François Fillon, le jugeant "prisonnier du court terme et de ses arrière-pensées électorales". "La remise en cause du +travailler plus pour gagner plus+ ou la taxation des revenus extravagants sont cosmétiques, mais elles confirment la défaite de l'idéologie du candidat Sarkozy".
Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à la présidentielle, a estimé mercredi que "la politique d'austérité qui vient d'être décrétée, étranglant le budget de l'Etat et des collectivités territoriales" était "un contre-sens dramatique". Cette politique va selon lui "approfondir la récession économique et donc creuser les déficits" et "les inégalités sociales".
Pour FO, le plan d'économies de 11 milliards en 2012 s'inscrit dans "la logique économique globale (...) celle de l'austérité et de la tutelle des marchés financiers", estime FO dans un communiqué. Le secrétaire général de Force Ouvrière (FO), Jean-Claude Mailly a estimé jeudi que le plan anti-déficit "aurait pu être pire", se réjouissant de l'absence de "remise en cause de droits sociaux collectifs".
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