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Jean-Marie Le Pen: un avantage ou un inconvénient pour sa fille ?

Dimanche 29 janvier, Jean-Marie Le Pen tenait meeting dans le Val d'Oise. Il était également invité du 12/13 de France 3. Discrètement mais activement, le président d'honneur du Front national fait campagne. Il n'a pas été touché par "Intouchables".
Article rédigé par Daïc Audouit
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Jean Marie Le Pen dans le Val d'Oise (DR)

Dimanche 29 janvier, Jean-Marie Le Pen tenait meeting dans le Val d'Oise. Il était également invité du 12/13 de France 3. Discrètement mais activement, le président d'honneur du Front national fait campagne. Il n'a pas été touché par "Intouchables".

Taverny (Val d'Oise), envoyé spécial - Au Front national, Jean-Marie Le Pen est toujours le roi. Le temps d'une galette.

Une réunion par week-end

Mais, il n'en est plus que le président d'honneur. Quand il pénètre dans la petite salle de Taverny dans le Val d'Oise avec son épouse, la centaine de militants applaudissent. Aucun cri "Le Pen président" ne fuse comme au bon vieux temps.

Il n'empêche. M. Le Pen est en campagne chaquee week-end. "Je ne me prends pas ma retraite. Pour me faire plaisir", claironne-t-il à la tribune. Et visiblement il se fait plaisir. Il parle sans note pendant trois quarts d'heure debout. Il allume ses cibles préférées: Jacques Chirac et les communistes. Il se livre à son exercice favori: le pronostic électoral. Il prévoit la fin de l'UMP après l'élection.

"Il a encore la pêche", s'exclame une militante. "Avec la campagne qu'il fait, un type de quarante de moins serait déjà sur les rotules", témoigne admiratif un cadre du parti, qui lui a conseillé néanmoins de lever le pied. Car M. Le Pen participe également à beaucoup de réunions de campagne au siège.

"Tournée bis de Marine"

Mais à Taverny comme ailleurs, l'ancien candidat n'est pas là que pour son seul plaisir. "Je fais la tournée bis de Marine", déclare-t-il en préambule de son discours. "Marine est un chef, elle a les qualités d'un chef", ajoute M. Le Pen.

Comme l'explique Julien Sanchez, un des responsables de la la communication du FN, "Marine Le Pen ne pouvant aller partout, Jean Marie Le Pen se rend là où elle ne pourra pas venir". "Et il est seul au FN avec Marine à pouvoir déplacer du monde", ajoute un autre cadre du parti.

Et toutes les semaines, M. Le Pen tient son journal de bord, mis en ligne le vendredi sur le site internet du Front national.

"Il adore cela. Il me dit on va bloguer, on va bloguer avec enthousiasme", confie M. Sanchez, son sparring partner de l'émission. Il y évoque les questions d'actualité sur le ton de la conversation. "Beaucoup de militants viennent me voir, en disant on a écouté Jean-Marie, cela nous donne des arguments pour tracter le dimanche", raconte M. Sanchez.

Ainsi donc, le père et la fille se répartiraient les rôles. A Marine,l'électorat, à Jean-Marie, les militants.

"Il reste très populaire parmi les militantsde longue date", rapporte un cadre du FN. A Taverny, le quintuple candidat à la présidentielle parle de l'immigration beaucoup plus longuement que Mme Le Pen ne le fait dans ses meetings. Ces fondamentaux peuvent rassurer le militant de base, sur cette question comme sur le virage étatiste prônée par la candidate.

Incorrigible

Sur le plateau du 12/13 dimanche ce midi, M. Le Pen a fait entendre sa différence sur la retraite à 60 ans proposée cette semaine par sa fille. "Nous ne sommes pas en accord sur tous les sujets. Mais je ne suis pas le candidat. Et c'est le programme de la candidate qui doit l'emporter sur mon opinion", confie-til à FTV 2012 dans l'après-midi.

Devant les militants du Val d'Oise, où nous sommes les seuls journalistes présents avec des étudiants d'une école, il se laisse aller à ses traits d'humour. A propos de la participation de Marine Le Pen à un bal de corporations estudiantines autrichiennes proche de l'extrême-droite, il reprend ses propos tenus sur France3: "C'est Strauss sans Kahn si vous voulez".

L'entourage de Marine Le Pen craint-elle un dérapage ? Non, nous assurait-on en décembre:" il n'y a pas d'autocensure envers Jean-Marie Le Pen".

Critique d' "Intouchables"

Interrogé sur France 3 à propos du succès du film "Intouchables", il livre son interprétation du film. "La France c'est l'infirme qui se trouve dans le fauteuil et il va falloir tabler sur l'aide que vont apporter les jeunes des banlieues et l'immigration en genéral. Je ne souscris pas à cette manière de voir".

Déjà, M. Le Pen avait critiqué "Bienvenue chez les cht'is", en évoquant les origines de Dany Boon. Pour "Intouchables", il ne s'en prend pas aux personnes. Il n'y a donc pas vraiment de dérapage mais une maladresse.

Est-il malin de s'en prendre à un film avec un tel succès en période électorale ? " Je suis peut-être idiot, mais je n'établis pas mon opinion à partir de celle de millions de personnes", répond M. Le Pen qui ajoute que "dans ce film il y avait peut-être une arrière-pensée que j'ai voulu dénoncer". Applaudissements nourris dans la salle.

12/13 de France 3

A l'entrée un militant FN est d'un avis un peu différent quand on lui apprend la dernière sortie du patron. "Ah merde. C'est Marine qui va être contente", regrette-til.

Celle-çi, en marge de son meeting à Perpignan, a expliqué aux journalistes que le mot sur Strauss-Kahn "était un trait d'humour, une plaisanterie". "Je le goûte plus que les traits des humoristes qui nous traitent successivement de gros cons, de salauds, d'étrons (...). Je vois qu'on est plus difficile avec l'humour de Jean-Marie Le Pen qu'avec l'humour de ceux qui sont payés soi-disant pour ça", a t-elle déclaré.

Mme Le Pen a rendu un hommage direct à son père. Comme lui, elle a arpenté la tribune en parlant et s'est éloigné de son pupïtre. A la Steve Jobs, diront les nouveaux militants. A la Le Pen, répondront en choeur les habitués des meetings du Fn.

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