Faut-il faire son coming out avant une élection ?
Franck Riester, député UMP de Seine et Marne, a révélé publiquement son homosexualité dans un entretien à un journal local. Le coming out est de plus en plus fréquent dans la classe politique. Est-ce un acte sincère ou bien un calcul politique ?
Révèler publiquement son homosexualité est une décision qui appartient à l'intime. Cela peut être aussi une arme politique. C'est toute l'ambiguité d'une telle décision aux frontières de la vie privée et de la vie publique.
"C'était le bon moment pour le dire"
Franck Riester, député (UMP) de Seine-et-Marne, fait son coming out dans une interview au "Journal du Pays briard". En réponse, explique t-il, à une allusion douteuse d'un de ses opposants socialistes lors d'une séance du conseil municipal de Coulomiers. Elle intervient donc dans le cadre du combat politique.
"C'était le bon moment pour le dire", confie un de ses amis. "Il y réflechissait depuis longtemps. Là, il a trouvé une bonne occasion pour le faire". L'homosexualité de M. Riester était connue dans le milieu politique et dans sa ville. En juin 20011, il fut l'un des rares députés UMP à voter en faveur du mariage homosexuel lors de la discussion d'un projet de loi à l'Assemblée.
Jean-Luc Romero, ancien UMP devenu conseiller régional (PRG) d'Ile-de-France, "outé" en 2000 par un fanzine gay se félicite de la révélation de M. Riester.
"A l'UMP, on n'entend plus que des propos homophobes. J'attendais qu'un élu de droite avoue son homosexualité pour leur faire taire leur clapet. Franck Riester l'a fait avec beaucoup de pudeur. C'est très bien", explique M. Romero, auteur d'"Homo Politicus".
Roger Karoutchi en son temps
Auparavant, un autre élu UMP avait fait son coming out en 2009 : Roger Karoutchi.
Face à Valérie Pécresse, lors de la primaire pour l'investiture UMP aux élections régionales en Ile-de-France, il estimait avoir un déficit de notoriété. Il avait donc écrit un livre autobiographique. Dès lors, il devait tout dire par honnêteté, expliquait-il à l'époque.
Le révéler, cela permettait d'éviter aussi que cela ne sorte ,sous une forme ou une autre, pendant la campagne. Il s'agissait de couper l'herbe sous le pied à des âmes mal-intentionnées. C'est donc une arme politique défensive.
Aujourd'hui M. Karoutchi s'exprime avec réticence sur cet épisode et il ne souhaite guère évoquer à nouveau son homosexualité.
Argument électoral ?
Le dire une fois pour toute pour ne plus jamais en parler. Cela a également été la stratégie adoptée par Bertrand Delanoé avant les municipales de 2001 à Paris. Il a fait cette confidence dans l'émission "Zone Interdite". Depuis, il ne s'exprime plus sur sa vie privée et son homosexualité.
Mais, dans le cas des élus de gauche, certains se demandent si ces aveux n'ont pas une visée électorale : récuperér le vote de la communauté homosexuelle.
"Pour moi, mon coming out a été neutre en termes politiques. Pas de conséquences négatives ou positives", explique Ian Brossat, jeune président du groupe communiste au Conseil de Paris.
"Je l'ai fait parce qu'un internaute m'a posé directement la question lors d'un chat . Je n'imaginais pas me dérober. Bravo à Franck Riester. C'est une bonne chose qu'un grand nombre d'élus assume ce qu'ils sont", poursuit-il.
Bruno Julliard, élu socialiste de la capitale, a également fait son coming out à la rentrée dans Têtu et il récuse toute arrière-pensée électorale.
Si le phénomène se banalise, il reste encore assez marquant pour inspirer des écrivains.
Une pièce de théâtre ayant pour thème la politique et l'homosexualité sera jouée début 2012 à Paris.
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