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A quoi sert la conférence environnementale ?

La deuxième édition de ce rendez-vous annuel se tient vendredi et samedi. Objectif pour le gouvernement : définir de nouveaux objectifs dans le domaine écologique. Mais pas seulement.

Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
François Hollande, accompagné du ministre de l'Ecologie, Philippe Martin, en visite à Valence-sur-Baïse (Gers), le 3 août 2013. (MAXPPP)

C'est la deuxième grand-messe "verte" du gouvernement. La conférence environnementale s'ouvre vendredi 20 septembre à Paris. Au programme de ces deux jours : un discours de François Hollande, cinq tables rondes réunissant 14 ministres et 500 représentants d'entreprises, de syndicats, d'ONG, d'associations, de collectivités locales et de parlementaires. Et pour finir, une intervention de Jean-Marc Ayrault. Si le gouvernement est présent en force à ce deuxième rendez-vous écolo du quinquennat, quels objectifs vise-t-il ?

L'objectif politique : ménager les écologistes

La promesse. François Hollande doit donner des gages à une partie de sa majorité : les écologistes sont effet échaudés par le bilan écologique en demi-teinte du gouvernement depuis un an. Les Verts ne décolèrent pas après qu'a été écartée la piste d'une hausse de la taxation du diesel, un dossier qu'ils avaient présenté comme un "marqueur". Au point que le numéro 1 des écolos, Pascal Durand, a menacé "d'en tirer les conséquences".

Une sortie peu goûtée par le Premier ministre qui, selon RTL, a demandé sa tête à Europe-Ecologie Les Verts (EELV)... et obtient que quelques poids lourds du parti s'en désolidarisent. Pascal Durand a depuis tempéré ses propos.

Reste que la conférence doit permettre de repartir sur des bases moins belliqueuses et donner quelques garanties à EELV. Le président devrait en profiter pour dévoiler les grands principes de la future contribution climat-énergie. Et annoncer la création d'une "surtaxe" sur les émissions de carbone, qui doit dégager jusqu'à 500 millions d'euros de recettes dès 2014.

De quoi permettre au couple socialiste-écolo de continuer à avancer ensemble.

Les réserves. L'ancienne ministre de l'Environnement Corinne Lepage, jointe par francetv info, estime que le président pourrait faire plus. "La fiscalité environnementale représente moins de 2% du produit intérieur brut en France, contre plus de 6% des prélèvements obligatoires en moyenne dans les autres pays membres de l'Union européenne", dénonce-t-elle. 

L'objectif écologique : lancer de nouveaux chantiers

La promesse. Au cours de cette conférence environnementale, cinq groupes de travail vont plancher sur cinq dossiers : la politique de l'eau, condamnée par la Cour de justice de l'Union européenne et critiquée par la Cour des comptes ; l'économie circulaire, qui valorise les déchets ; la protection de la biodiversité marine, où il sera question notamment de la pêche ; l'éducation à l'environnement ; l'emploi. Leurs travaux doivent aboutir à une feuille de route pour le gouvernement.

Les réserves. Lancer de nouveaux chantiers, c'est bien. Tenir ses promesses, c'est mieux, jugent les défenseurs de l'environnement qui dressent un bilan plus que mitigé de la première conférence environnementale. "Le projet de loi sur la transition énergétique a été reporté au printemps 2014, après les municipales", fustige Corinne Lepage. Et avec lui, la réduction de 75 à 50% de la part de l'énergie nucléaire.

La présidente du mouvement écologiste Cap 21 doute aussi de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim. Elle se dit également "extrêmement inquiète" quant à la survie de l'interdiction de la fracturation hydraulique pour exploiter les gaz de schiste, sur laquelle doit se prononcer le Conseil constitutionnel.

"Cerise sur le gâteau, ajoute l'eurodéputée, les associations spécialisées sur les questions de santé liées à l'environnement ont été exclues des débats. C'est le sujet qui touche le plus les Français. On a retiré un groupe de travail majeur, c'est inadmissible."

L'objectif économique : créer des emplois

La promesse. Rénovation thermique, énergies renouvelables, transports propres : le gouvernement voit dans la "transition écologique" une source d'emplois, un des thèmes d'une des cinq tables rondes de la conférence. Pour l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), le potentiel d'emplois supplémentaires en 2030 est de 740 000. Le gouvernement entend aussi simplifier les règles administratives qui freinent le développement de l'éolien terrestre.

Les réserves. Toutes ces évolutions nécessitent de nouveaux métiers, qu'il faut mettre en place, ainsi que les besoins en formation et en reconversion. Le chantier de la rénovation thermique, présenté comme central par François Hollande, souffre entre autres d'un manque de formation des professionnels du bâtiment. Autre écueil, les professionnels du secteur éolien attendent toujours une stabilisation du tarif de rachat de l'énergie produite, sous le coup d'un recours juridique qui bloque les projets.

Corinne Lepage croit au "mariage entre l'écologie et l'économie". Mais elle "préfère rester prudente sur les chiffres" des possibles créations d'emplois. Elle souligne que 20 000 ont été détruits dans le secteur des énergies renouvelables. La faute, dit-elle, à "l'incohérence des politiques publiques". Or il y a urgence, selon elle : "La France est en train de rater un tournant industriel que d'autres sont en train de prendre. Notre pays est un de ceux en Europe qui a le plus de difficultés sur le plan industriel. On a un retard colossal."

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