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Cécile Duflot entre au gouvernement comme ministre de l'Egalité des territoires et du logement

Mercredi 16 mai, Cécile Duflot entre au gouvernement comme ministre de l’Égalité des territoires et du logement. A 37 ans, la patronne d'EELV, poursuit son ascension. Mais surprise, elle n'hérite pas d'un portefeuille lié à l'environnement.
Article rédigé par Daïc Audouit
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Cécile Duflot (AFP)

Mercredi 16 mai, Cécile Duflot entre au gouvernement comme ministre de l'Égalité des territoires et du logement. A 37 ans, la patronne d'EELV, poursuit son ascension. Mais surprise, elle n'hérite pas d'un portefeuille lié à l'environnement.

Gare de Lyon, automne 2011.

Un souhait réalisé

Ce jour-là, avant de prendre son ami le TGV, comme elle l'écrit souvent sur twitter, Cécile Duflot se confie. Elle nous exprime son envie d'être ministre pour "agir et faire", après de longues années consacrées aux batailles d'appareil et aux stratégies politiciennes. "Mais le contexte politique fera sans doute que je serai obligée de prendre la présidence du groupe Europe-Ecologie à l'Assemblée", expliquait-elle alors avec peut-être un léger regret dans la voix.

Aujourd'hui, elle entre au gouvernement, comme ministre de l'Égalité des territoires et du logement. Qu'est ce qui a fait pencher la balance ? Son souhait personnel, et du côté de François Hollande et Jean-Marc Ayrault, le fait que Cécile Duflot remplissait plusieurs critères: femme, jeune et allié politique. Un trois-en-un symbolique, qui en ces temps de gouvernement resserré, est une aubaine à ne pas délaisser.

Néanmoins, c'est une surprise, elle n'est pas en charge de l'écologie mais de l'égalité des territoires et du logement. Des questions qui ne lui sont pas totalement étrangères, comme élue régionale d'Ile de France et comme urbaniste.

Une jeunesse militante

Adieu donc le Pass navigo et voyages en train. Place à #monamielavoitureavecchauffeur. Cela sera-t-il le nouvel hashtag (mot-clé sur twitter) de madame la ministre ? Continuera-t-elle d'ailleurs à tweeter les travaux et les jours de sa vie quotidienne ?

Avant de se moquer de l'attrait de Cécile Duflot pour le monde ferroviaire, il faut savoir qu'elle est fille d'un cheminot syndicaliste et d'une mère professeur. Elle a grandi à Montereau-Fault-Yonne dans la lointaine banlieue parisienne. La nouvelle ministre vient du catholicisme de gauche. Elle a été écrivain public dans les prisons et a rejoint les Verts lors des municipales de 2001 après une rencontre avec un couple de militants de Villeneuve Saint Georges dans le Val-de-Marne.

Elle se départit rarement d'un sourire légèrement moqueur, accompagné quand il le faut de paroles ironiques bien senties. Elle adore donner des surnoms à ses amis et alliés politiques, expliquant qu'elle a besoin de code pour parler de stratégie au téléphone dans le RER. Une légèreté que certains jugent immature. Elle les renvoie à leur état de "pisse-froid".

Et si la chipie d'Europe-Ecologie n'était qu'une enfant grandie trop vite ? Mère de 3 enfants à 24 ans, un quatrième suivra dix ans plus tard, elle a achevé ses études à l'Essec et de géographie à l'Université tout en élevant une famille. Elle remercie d'ailleurs souvent le système social français de l'avoir aidé à réaliser ce parcours.

Une stratège politique

Cécile Duflot se considère comme une oratrice moyenne, desservie par sa voix aiguë qui laisse passer ses émotions. Mais, il ne faut pas se fier aux apparences et à son goût des blagounettes juvéniles. La patronne d'Europe-Ecologie, pour encore quelques semaines, est une redoutable tacticienne politique.

Venue de l'aile gauche du parti, elle est élue en 2006, secrétaire national des Verts, comme point d'équilibre des divers courants, à seulement 31 ans. Elle sera réélue à deux reprises, avec chaque fois un score plus important. Un exploit dans ce parti aussi prompt à changer de patron qu'un club de foot, d'entraineur.

Elle encourage la création d'Europe-Ecologie, fusion des Verts avec des personnes venues de la société civile ou d'autres partis. Les succès électoraux aux européennes de 2009 et aux régionales de 2010 sont donc à mettre à son actif. Mais Cécile Duflot refuse de s'engager dans l'élection présidentielle estimant "de ne pas avoir les épaules assez solides".

Un destin présidentiel

La candidature d'Eva Joly est un échec, mais l'essentiel est ailleurs. Grâce à l'accord passé avec le parti socialiste, Europe-Ecologie est assurée, sauf catastrophe électorale aux législatives, d'avoir un groupe a l'Assemblée nationale. Une première dans l'histoire de la Vème république.

Les socialistes, habitués à gouverner avec les écologistes des assemblées locales (Cécile Duflot est présidente du groupe EELV au conseil régional d'Ile de France), savent qu'ils ne sont pas des alliés faciles mais qu'ils connaissent aussi les limites à ne pas franchir.

Ce rapport de force ambigu, Cécile Duflot va devoir le gérer à la tête de son ministère. Garante à la fois d'une solidarité gouvernementale et de ses convictions écologistes. Si elle échoue, elle pourrait y perdre son âme et son crédit politique auprès de l'opinion comme auprès de ses militants, dont certains parent déjà d'arrivisme personnel son ambition politique. Si elle réussit, elle aurait "musclé" ses épaules et se sera aguerrie pour la présidentielle de 2017.

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