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Ce qu'il faut savoir pour comprendre l'affaire Guérini

Mis en examen dans une affaire de marchés publics présumés frauduleux, le sénateur PS a de nouveau été placé en garde à vue mardi. 

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le sénateur PS et président du conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini, le 13 mars 2013 à Marseille. (MAXPPP)

C'est une affaire qui pourrit la vie politique marseillaise et entache l'image du Parti socialiste depuis plusieurs années. Mis en examen dans un vaste dossier de marchés publics présumés frauduleux, le sénateur PS et président du conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini, a de nouveau été placé en garde à vue, mardi 2 avril. A l'issue de cette audition, il pourrait être mis en examen pour "corruption passive", "trafic d'influence" et "participation à une association de malfaiteurs".

Francetv info en profite pour résumer cette affaire en cinq questions.

L'affaire Guérini, c'est quoi ?

Il s’agit d’une vaste enquête sur une fraude présumée aux marchés publics dans le département des Bouches-du-Rhône. La justice soupçonne notamment l'élu socialiste Jean-Noël Guérini d'avoir favorisé son frère – Alexandre Guérini, chef d’entreprise – dans l’attribution de marchés publics pour le ramassage et le traitement de déchets dans le département. L'enquête porte donc sur des soupçons de trafic d’influence, prises illégales d’intérêts et détournements de fonds publics.

Le juge Charles Duchaine, qui instruit l'affaire, travaille également sur d'autres attributions de marchés publics douteuses, qui auraient pu bénéficié au grand banditisme. Dans une note adressée au Sénat pour obtenir la levée de l'immunité parlementaire de Jean-Noël Guérini, le magistrat explique noir sur blanc qu'il travaille sur une organisation d'une "grande complexité" et au "caractère mafieux"

Comment cette affaire a-t-elle éclatée ?

C’est par une lettre anonyme, envoyée au parquet de Marseille en février 2009, qu’a été dénoncé un "système" ayant pour objet de "détourner des sommes considérables", à l’aide d’un "puissant réseau d'influence" avec, à sa tête, "Alex" Guérini. 
 
Depuis, les enquêteurs ont procédé à des dizaines d’auditions et de perquisitions. Elles ont notamment abouti à la mise en examen, en décembre 2010, d’Alexandre Guérini pour abus de biens sociaux, détournement de fonds et de biens publics, recel, blanchiment, trafic d’influence, corruption active et détention de munitions, et en septembre 2011 de Jean-Noël Guérini, pour prise illégale d'intérêt, trafic d'influence et association de malfaiteurs.

Que reproche-t-on précisément à Jean-Noël Guérini ?

"Lui c'est lui, et moi c'est moi." Depuis le début de cette affaire, Jean-Noël Guérini s’est toujours démarqué de son frère. Mais en février 2011, Le Parisien révèle que des écoutes téléphoniques menées par la section de recherches de Marseille le mettent en cause.

Selon ces écoutes, "Jean-No" serait intervenu directement auprès d’élus locaux pour faciliter les affaires de son frère. Elles révèlent aussi que Jean-Noël Guérini est très vite mis au courant de l’ouverture d’une information judiciaire. "Il se dit qu'une enquête préliminaire sera ouverte. A mon avis, ça doit être pour tes décharges (...) mais, de toute façon, au bout de trois ans, il y a prescription, ils ne peuvent rien faire", indique-t-il par téléphone à son frère. "Il ne faut rien laisser traîner, d'accord ?", prévient aussitôt Alexandre Guérini à l’un de ses amis, Philippe Rapezzi.

Cette fois, la justice s'interroge sur la gestion de ports de plaisance des Bouches-du-Rhône, et sur d'éventuels liens entre les frères Guérini, des entrepreneurs locaux et le grand banditisme.

Que risque Jean-Noël Guérini ?

Juridiquement, si Jean-Noël Guérini était reconnu coupable de "corruption passive" et "trafic d'influence", il risquerait dix ans d'emprisonnement et 150 000 euros d'amende.
 
Politiquement, Jean-Noël Guérini s'est mis en congé du Parti socialiste à la suite des demandes répétées de Martine Aubry puis d'Harlem Désir. Mais, clamant son innocence, il a toujours refusé de céder son siège de président du conseil général des Bouches-du-Rhône. Et il siège toujours au sein du groupe socialiste au Sénat. Deux fonctions qu'il pourrait perdre en cas de condamnation. 

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