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"L'Etat doit faire le ménage dans la haute administration fiscale"

Rémy Garnier, ancien inspecteur du fisc, a dès 2008 soulevé l'hypothèse d'un compte "caché" de Jérôme Cahuzac. Il pointe de "graves dysfonctionnements" dans l'administration.

Article rédigé par Hervé Brusini - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'ancien inspecteur des impôts Rémy Garnier, le 22 décembre 2009, montre sa demande de réintégration au service des impôts, à Agen (Lot-et-Garonne). (JEAN-MICHEL MAZET / AFP)
Rémy Garnier est un ancien inspecteur du fisc du Lot-et-Garonne. Il y a presque cinq ans, il a écrit un mémoire sur l'hypothèse d'un compte en Suisse appartenant à Jérôme Cahuzac. Le fonctionnaire estime avoir été mis à l'écart par son administration pour avoir consulté sans autorisation les dossiers de plusieurs personnalités, dont celui de l'ex-ministre du Budget et ex-député du département.
 
Actuellement, Rémy Garnier, en retraite, rédige un livre en plusieurs tomes, dit-il, sur les dysfonctionnements de l'administration fiscale. A n'en pas douter, l'homme livre là un combat qu'il considère comme la cause de sa vie. Une vie qui a croisé celle d'un ancien chirurgien engagé en politique. Pour francetv info, Rémy Garnier confie ses réactions après les aveux de Jérôme Cahuzac.

Francetv info : Vous êtes la première parole "officielle" à avoir soulevé l'hypothèse d'un compte suisse de Jérôme Cahuzac ?

Rémy Garnier : Si l'on peut dire. Le 11 juin 2008, j'ai rédigé un mémoire qui suggérait l'hypothèse d'un compte en Suisse dont Jérôme Cahuzac était le propriétaire. A cette époque, j'étais au placard, comme on dit. Mon travail consistait à faire de la recherche, c'est-à-dire à sélectionner des dossiers pour ensuite les soumettre à une véritable vérification effectuée par les collègues de l'administration fiscale. En fait, ce document sur Jérôme Cahuzac faisait partie d'un mémoire destiné à plaider ma cause dans le cadre d'une procédure disciplinaire engagée contre moi. Ces démêlés avec l'administration ne sont du reste toujours pas réglés.

Votre avocat, Michel Gonelle, n'est autre que le principal adversaire politique de Jérôme Cahuzac à Villeneuve-sur-Lot. C'est aussi celui qui avait en sa possession l'enregistrement dans lequel l'ex-ministre reconnaît l'existence d'un compte en Suisse. Tout cela donne à votre action une forte connotation politique...

Certes. Nombre de mes déboires peuvent venir de là. Mais je tiens à dire que jamais mon avocat n'a tenté de m'instrumentaliser. Sachez aussi que c'est un ami commun qui m'a donné les éléments qui m'ont permis de suspecter l'existence d'un compte en Suisse. Il est fonctionnaire aux finances et n'a pas souhaité pour l'heure révéler son identité. Cet ami m'a parlé d'un compte suisse attesté par un enregistrement. De plus, le rôle de Jérôme Cahuzac au cabinet de Claude Evin [ancien ministre des Affaires sociales] à la fin des années 80 pouvait soulever de nombreuses questions. De même que l'achat d'un appartement... Bref, autant d'éléments que l'on pouvait repérer comme problématiques.
 
Après les aveux de Jérôme Cahuzac, faut-il pousser plus loin les mises en cause ?
 
Je ne vais pas m'acharner sur un homme à terre. Il a avoué et demandé pardon. Déjà dans une interview à Sud-Ouest, il avait fait un pas vers moi en reconnaissant que, dans mon parcours, on m'avait tendu un piège. En fait, ma colère est tout autre. J'attends que les plus hautes autorités de l'Etat fassent le ménage dans la haute administration fiscale. J'ai révélé de très graves dysfonctionnements dans cette administration. Tous les ministres prétendent découvrir le dossier Cahuzac, c'est donc - s'ils disent vrai - que des hauts fonctionnaires ont bloqué la connaissance des éléments en leur possession. 

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