Cet article date de plus de sept ans.

En images "Wonder Woman", nudiste ou violoniste... Cinq icônes des manifestations au Venezuela

Alors que l'opposition marche vers l'organisme de régulation des médias à Caracas, samedi 27 mai, pour exiger une nouvelle fois le départ du chef de l'Etat, franceinfo revient sur ces manifestants emblématiques du mouvement de contestation. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Maria José Castro, 54 ans, a bloqué pendant de longues minutes l'avancée des militaires, le 19 avril à Caracas (Venezuela). (MARCO BELLO / REUTERS)

Ils défient les forces de l'ordre en jouant du violon, en lançant des pierres ou en grimpant nu sur un véhicule blindé : cinq Vénézuéliens sont devenus les icônes de la vague de manifestations secouant le pays depuis bientôt deux mois.

Entamées le 1er avril, ces protestations exigeant le départ du président Nicolas Maduro, en plein naufrage économique du Venezuela, ont fait plus d'une cinquantaine de morts. Alors que l'opposition marche vers l'organisme de régulation des médias à Caracas, samedi 27 mai, pour exiger une nouvelle fois le départ du chef de l'Etat, franceinfo revient sur ces icônes du mouvement de contestation. 

"Wonder Women"

Caterina Ciarcelluti lançant le 1er mai 2017, une poignée de pierres vers les militaires à Caracas (Venezuela).  (FEDERICO PARRA / AFP)

Bras et jambes musclés, lèvres serrées, visage courroucé : quand Caterina Ciarcelluti lance, le 1er mai, une poignée de pierres vers les militaires, sur la principale autoroute de Caracas, un photographe AFP immortalise cette image. Elle devient virale et rapidement les Vénézuéliens la surnomment "Wonder Woman".

"Mon énergie ne s'épuise jamais", a expliqué cette professeure de fitness de 44 ans, qui manifeste en short et coiffée d'un casque de moto. Assumant son rôle d'"inspiratrice", elle est persuadée que la mobilisation parviendra à ses fins : "Nous sommes en train d'y arriver".

Un jeune étudiant brûlé à 70%

Transformé en boule de feu, Victor Salazar a été touché par l'explosion du réservoir d'une moto militaire qu'il avait incendiée, le 3 mai 2017 à Caracas (Venezuela). (JUAN BARRETO / AFP)

Transformé en boule de feu, Victor Salazar a couru désespérément après avoir été touché par l'explosion du réservoir d'une moto militaire qu'il avait incendiée, avec d'autres manifestants, le 3 mai à Caracas. Torse nu, il a crié à l'aide avant de se jeter sur le bitume, le corps brûlé à 70%.

Entièrement couvert de bandages, cet étudiant en biologie de 28 ans, déjà présent lors de la vague de manifestations de 2014, a ensuite lancé un appel par vidéo depuis l'hôpital: "Sortez dans la rue, pas en mon nom mais pour le Venezuela".

Un journaliste nu, Bible à la main

Pour dire non à la répression, Hans Wuerich a tenu tête aux forces de l'ordre Bible à la main et seulement vêtu de son sac banane, de ses chaussettes et de ses chaussures. (CARLOS GARCIA RAWLINS / REUTERS)

Sous une pluie de gaz lacrymogènes, il s'est dévêtu avant de grimper, Bible en main, sur un véhicule blindé faisant barrage aux manifestants à Caracas.

C'était le 20 avril et, par ce geste insolite, Hans Wuerich, journaliste de 27 ans, voulait dire non à "la répression""Je ne suis pas un hippie mangeur de fleurs", raconte-t-il à l'AFP. "Mais je crois qu'en protestant pacifiquement, on fait plus de mal au gouvernement qu'en étant violents". Avec cette action, "le monde a posé les yeux pour un moment" sur le Venezuela. Alors qu'il descendait du véhicule, il a reçu un tir de balle en caoutchouc dans le dos.

Un mère seule face aux blindés

Maria José Castro, 54 ans, a bloqué pendant de longues minutes l'avancée des militaires, le 19 avril à Caracas (Venezuela). (MARCO BELLO / REUTERS)

Dressée devant un véhicule blindé de l'armée et portant un drapeau vénézuélien, Maria José Castro, 54 ans, a bloqué pendant de longues minutes l'avancée des militaires, le 19 avril à Caracas. Ces derniers ont bien tenté de la déloger, lui envoyant des grenades lacrymogènes. Elle est restée ferme, le visage couvert d'un foulard, faisant la sourde oreille aux avertissements par mégaphone. Finalement, c'est une moto militaire qui l'évacuera. Elle sera relâchée quelques heures plus tard.

Cette femme d'origine portugaise dit avoir agi ainsi par instinct maternel. "Cela me faisait mal de voir comment on tirait sur les jeunes" avec des gaz lacrymogènes et des balles de caoutchouc. Son geste courageux rappelle celui d'un manifestant chinois photographié en 1989, défiant une colonne de chars sur la place Tiananmen.

Le violoniste

Plutôt que de lancer des cocktail Molotov, Wuilly Arteaga a pris son violon le 8 mai à Caracas (Venezuela).  (FEDERICO PARRA / AFP)

Au milieu du chaos, Wuilly Arteaga a pris son violon, le 8 mai à Caracas, marchant vers les militaires afin de transmettre en musique un "message de paix". Son message, dit-il, est une métaphore du pays : "Maintenant, tout le monde sait que le Venezuela a beaucoup de talent, mais on ne respecte pas ça".

Mais une militaire lui a cassé son violon lors d'une manifestation. "Jusqu'à quand (cela va-t-il durer)!", gémit-il dans une vidéo ayant suscité un élan de générosité pour lui fournir un nouvel instrument.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.