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Procédure de destitution de Donald Trump : le Congrès interroge un ambassadeur proche du président, au cœur de l'affaire ukrainienne

Gordon Sondland, nommé ambassadeur après avoir financé la campagne de Donald Trump, s'est régulièrement entretenu avec le président américain sur sa politique ukrainienne. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Gordon Sondland, ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'Union européenne, arrive au Capitole, siège du Congrès américain, pour être entendu sur l'affaire ukrainienne, le 17 octobre 2019 à Washington (Etats-Unis).  (OLIVIER DOULIERY / AFP)

Il avait un accès direct à Donald Trump. L'ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'Union européenne, Gordon Sondland, qui s'est révélé être un acteur clé de l'affaire ukrainienne, passe sur le gril du Congrès mercredi 20 novembre, dans le cadre de la procédure de destitution du président américain. Lors d'un appel téléphonique passé le 25 juillet, le dirigeant a demandé à son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, d'enquêter sur son adversaire démocrate Joe Biden, bien placé pour l'affronter dans les urnes en 2020. 

Mercredi, les démocrates espèrent que Gordon Sondland leur confirmera que le milliardaire républicain a bien conditionné la reprise d'une aide militaire pour l'Ukraine, gelée par Washington, au lancement par Kiev d'une enquête visant Joe Biden. Ce qui constituerait selon eux un abus de pouvoir, passible de destitution.

Une position centrale dans l'affaire

L'audition télévisée de Gordon Sondland est importante à plusieurs titres. Cet homme d'affaires, nommé ambassadeur après avoir financé la campagne de Donald Trump, est un témoin direct : il s'est régulièrement entretenu avec le président américain sur sa politique ukrainienne. Or, l'une des lignes de défense des républicains est de moquer une accumulation de témoignages de seconde main.

En outre, Gordon Sondland a eu jusqu'ici quelques problèmes de mémoire. Lors de sa première déposition mi-octobre à huis clos, l'ambassadeur avait assuré sous serment n'avoir "pas participé" à des actions visant à "geler de l'aide afin de faire pression" sur Kiev. Il avait toutefois répété plusieurs dizaines de fois "je ne me souviens pas", en réponse aux questions des élus.

Depuis, d'autres témoins lui ont attribué une position centrale. Selon eux, dès le 10 juillet, Gordon Sondland a conditionné devant des responsables ukrainiens une future invitation de Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche au lancement d'enquêtes visant Joe Biden et son fils. Ils ont aussi raconté comment Gordon Sondland a, le 1er septembre, expliqué clairement les termes du marché à un proche conseiller du président ukrainien, Andreï Yermak : pas d'aide sécuritaire sans enquête. Confrontée à ces témoignages, la mémoire de l'ambassadeur a commencé à revenir par le biais d'un complément écrit à sa déposition initiale. 

Je me souviens maintenant d'avoir parlé, en aparté, avec Yermak pour lui dire que la reprise de l'aide américaine n'arriverait sans doute pas jusqu'à ce que l'Ukraine fournisse une déclaration publique contre la corruption dont nous parlions depuis de nombreuses semaines.

Gordon Sondland, ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'UE

Gordon Sondland n'a pas clairement dit aux élus que l'ordre venait de Donald Trump. D'autres ont toutefois assuré qu'il leur avait explicitement rapporté que c'était le cas. Les démocrates vont donc tenter de le lui faire confirmer en direct.

Un appel le 26 juillet

Ils vont aussi l'interroger sur un autre épisode passé sous silence. Selon David Holmes, un employé de l'ambassade américaine à Kiev, Gordon Sondland s'est entretenu au téléphone avec Donald Trump le 26 juillet, au lendemain de l'appel controversé avec son homologue ukrainien. "J'ai entendu le président Trump demander : 'Alors, il va lancer l'enquête ?'" L'ambassadeur Sondland a répondu : 'Il va le faire', ajoutant que le président Zelensky ferait 'tout ce que [Trump] lui demande[rait]'", a-t-il raconté.

Le coup de fil terminé, selon ce témoin, Gordon Sondland lui a expliqué que Donald Trump "s'en fichait de l'Ukraine" car il ne s'intéressait qu'aux "choses importantes qui profitent au président", comme "l'enquête Biden".

De son côté, Donald Trump assure que son appel avec son homologue ukrainien était "parfait", et la Maison Blanche dénonce une tentative de "coup d'Etat" de la part des démocrates. 

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