Le 6 décembre dernier, Donald Trump faisait une déclaration explosive. Il a reconnu officiellement Jérusalem comme capitale d’Israël et annonçait le transfert prochain de l’ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem. Avec cette décision, qui était l’une des ses promesses de campagne, le président américain marque une rupture avec des décennies de diplomatie américaine et internationale sur le conflit israélo-palestinien.Le Jerusalem Ambassy ActEn 1995, le Congrès américain vote le Jerusalem Ambassy Act qui reconnaît Jérusalem comme la capitale d’Israël et promet le déménagement de l'ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem d'ici 1999. Mais cette loi s'accompagne d'une clause : la possibilité pour les présidents de reporter de six mois l’application de cette mesure et, comme l’indique Thomas Snegaroff, historien et spécialiste des États-Unis, « chaque président va le faire. 45 fois on a repoussé de six mois la date au nom de la sécurité des Etats-Unis. » Alors que, rappelle-t-il, c’était « une des promesses de campagne » des trois présidents précédant Donald Trump. En effet, en 1992, Bill Clinton avait fait de l’unité de la ville israélienne un enjeu de campagne et reconnaissait également que Jérusalem est « la capitale d’Israël et doit rester une ville indivisible. » Mais selon l’historien, la loi de 1995 était « un coup dur pour la présidence Clinton parce que Bill Clinton avait toujours considéré que la question de Jérusalem ne doit être réglée qu’à la fin des négociations. Or là, il y avait une anticipation par le Congrès qui voulait forcer la main du président américain. »De la même manière, le président suivant, George W. Bush s’était lui aussi emparé du statut de la ville. En 2000, il avait déclaré que dès qu’il serait investi il entamerait « le processus de déménagement de l’ambassade dans la ville qu’Israël aura choisie comme capitale. » Puis Barack Obama, à son tour, avait annoncé lors de sa première campagne présidentielle qu’il fallait « préserver l’intégrité d’Israël en tant qu’État juif avec des frontières sécurisées, reconnaissables et défendables. Jérusalem doit rester la capitale d’Israël et doit rester indivisible. » Il avait réitéré ses propos quelques semaines plus tard : « Il est important de ne pas simplement couper la ville en deux. (…) C’est une situation qui doit être résolue avec les deux parties concernées – les Palestiniens et les Israéliens. Et ce n’est pas le rôle des États-Unis de leur dicter la marche à suivre (…). »« Une forme de maturité politique »Mais que ce soient Bill Clinton, George W. Bush ou Barack Obama, Thomas Snegarof estime que « ce qui est intéressant c’est qu’une fois au pouvoir, les trois présidents, et non pas Trump, se sont bien rendus compte que face à la réalité des rapports de force, il fallait mettre de côté cette promesse. » La rétractation de chaque président, pour l’historien était « une forme de maturité politique. », avant d'ajouter : « La vraie raison, c’est la volonté des Etats-Unis de continuer à jouer un rôle de médiateur dans le conflit israélo-palestinien. » Donald Trump avait également utilisé la clause suspensive au mois de juin dernier. Mais il a finalement décidé de mettre en application sa promesse de campagne en considérant que les précédents américains avaient eux « échoué à la respecter ».