Les Américains et l'assurance santé
Les neuf juges de la Cour ont déclaré conforme à la Constitution la disposition la plus controversée de la loi, qui oblige tous les Américains à se doter, avant 2014, d’une couverture maladie. Pour autant, ils ont apporté des limites à une autre mesure qui concerne l’extension de l’aide aux plus pauvres et aux malades, co-financée par Washington et les Etats.
La loi sur la santé est approuvée mais Wall Street est dérouté
NYFPFrance, 28-6-2012
Que change la loi ?
L’Obamacare stipule que toute personne est tenue de souscrire une assurance santé. Dans le cas contraire, elle devra payer une pénalité qui augmentera progressivement jusqu’à 2,5 % de ses revenus en 2016. Les entreprises de plus de 50 salariés qui ne fourniront pas de couverture seront, elles, pénalisées à raison de 2000 dollars par an par salarié non couvert. En revanche, les petites sociétés et les ménages modestes obtiendront des crédits d’impôts et recevront des aides pour financer le dispositif.
De leur côté, les assureurs n’ont plus le droit de refuser un client sous prétexte qu’il souffre de problèmes de santé préexistants, notamment de maladies graves (diabète, cancer…). La loi leur interdit aussi d’appliquer des surprimes aux personnes dites «à risque» : femmes enceintes, personnes âgées, fumeurs…
Dans le même temps, la réforme entend combler les failles actuelles de la couverture santé des personnes âgées.
Le texte prévoit par ailleurs de combattre les hausses de tarifs «déraisonnables ou injustifiées». Ces dernières années, on a ainsi vu des augmentations de 15 % par an ! Bénéficiant à terme d’un plus grand nombre de clients, les sociétés d’assurance devront acquitter davantage d’impôts : 67 milliards sur 10 ans. De leur côté, les laboratoires pharmaceutiques verront leur facture fiscale s’alourdir de 23 milliards.
Le système américain de santé
Environ 84 % des Américains sont actuellement couverts par une assurance de santé. Dans ce système, l’Etat assure la couverture médicale de 20 % des assurés, à travers le système de Medicare et de Medicaid. Le premier couvrant les retraités et les invalides, le second en principe les personnes à très faibles revenus, les handicapés et les anciens combattants.
Le reste des assurés est donc couvert par des compagnies privées. En l’occurrence par l’intermédiaire de leurs employeurs qui prennent en charge 70 à 80 % des frais de la couverture.
16 % de la population, soit quelque 46 millions de personnes, se trouvent exclues du système. Dans l’état actuel des choses, celles-ci doivent souscrire par eux-mêmes des contrats auprès de compagnies privées qui ne sont soumises à aucune règle. Ce qui explique de nombreux abus et problèmes de remboursement.
Un système injuste
Dans ce contexte, le système américain de santé constitue une exception parmi ceux des pays industrialisés. Les Etats-Unis, «ce pays où l’on doit choisir entre se loger et se soigner», titre ainsi Le Figaro. La presse d’Outre-Atlantique évoque fréquemment les cas de malades abandonnés par leur compagnie d’assurance. Conséquence : une étude de l’université Harvard a compté «45.000 décès par an liés au manque de couverture santé».
Les Américains étant mal et inégalitairement couverts pour leurs soins, la première puissance économique du monde se place au 29e rang mondial en matière de mortalité infantile, au même niveau que la Pologne et la Slovaquie.
18 % du PIB pour la santé contre 10 % en France
Non seulement, le système américain est injuste mais en plus, il est très onéreux. Alors qu’en 1960, 5 % du PIB lui était consacré, cette proportion s’élevait à 18 % en 2010. Contre 10 à 11 % pour la France. Selon l’OCDE, les Etats-Unis payent ainsi «deux fois plus que la France, par exemple, un pays généralement considéré comme ayant de très bons services de santé».
Aujourd’hui, la médecine américaine est devenue une gigantesque bureaucratie privée, avec une multitude de compagnies, de contrats, de tarifs… Résultat : le personnel nécessaire au traitement des remboursements chez les médecins et dans les hôpitaux représente 13 % du coût des hôpitaux. A titre d’exemple, dans un hôpital du Massachussets, 300 employés travaillent dans les services de facturation, contre trois dans un hôpital similaire de Toronto au Canada, selon le site Remapping Debate !
La misère médicale aux Etats-Unis
France 2, journal de 20 heures, 12 juin 2012
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