Cet article date de plus de neuf ans.

Tuerie de Charleston : comprendre la polémique autour du drapeau confédéré en trois questions

Quatre jours après la tuerie de Charleston, ce drapeau symbolisant le passé esclavagiste des Etats du Sud flotte toujours en Caroline du Sud. De quoi raviver la polémique. 

Article rédigé par Julie Rasplus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le drapeau confédéré flotte sur un bâtiment officiel à Columbia, la capitale de la Caroline du Sud (Etats-Unis), le 20 juin 2015. (JASON MICZEK / REUTERS)

"Descendez-le !", "Il faut le brûler". Samedi 20 juin, plusieurs milliers de manifestants, rassemblés un peu partout en Caroline du Sud, ont exigé le retrait du drapeau confédéré, trois jours après la tuerie de Charleston. Dans les villes de l'Etat, tous les drapeaux ont en effet été mis en berne en hommage aux neuf victimes noires de Dylann Roof, un jeune homme blanc de 21 ans. Tous, sauf le drapeau des Etats confédérés, symbole controversé du Sud des Etats-Unis et de l'oppression des Noirs. 

Francetv info vous en dit plus sur ce drapeau et la polémique qu'il suscite. 

Que symbolise ce drapeau ? 

Ce drapeau, reconnaissable par ses deux bandes bleues croisées parsemées d'étoiles blanches sur fond rouge, n'est en rien celui de la Caroline du Sud, sur lequel on voit un palmier et un croissant. A l'origine, il est le drapeau de guerre des Etats du Sud esclavagistes ayant fait sécession en 1861. La Caroline du Sud ayant été le premier Etat à refuser l'Union, le drapeau confédéré a été rapidement adopté. Il flotte près de la législature de cet ancien Etat esclavagiste, autrefois capitale du commerce d'esclaves, depuis le début des années 60. 

Comme le rappelle le site Mother Jones (en anglais), ce drapeau a connu une seconde vie dans les années 1960, lorsqu’il a été arboré pour répondre au mouvement des droits civiques opposé aux lois ségrégationnistes. En 1962, il a ainsi été hissé sur les bâtiments du gouvernement et du Congrès de Caroline du Sud en signe de défi face au gouvernement fédéral qui faisait pression sur les Etats pour mettre fin à la ségrégation.

Pour ses détracteurs, il est resté, depuis, le symbole du racisme, de l'esclavage, du Ku Klux Klan et des suprématistes blancs. On peut encore le voir flotter sur certains bâtiments des anciens Etats esclavagistes des Etats-Unis. Le Mississippi en arbore même des références sur son drapeau officiel. Un référendum, organisé en 2001, s'est soldé par des votes en faveur de son maintien.

Un homme manifeste lors d'une marche en hommage aux victimes de la tuerie raciste de Charleston, le 20 juin 2015. Sur le tissu, une main noire se referme sur le drapeau confédéré, considéré comme un symbole ségrégationniste.  (BRIAN SNYDER / REUTERS)

Pourquoi continue-t-il de flotter malgré la tuerie raciste ? 

Depuis longtemps, la question de son maintien divise donc les habitants de la Caroline du Sud. La tuerie de Charleston ne fait donc que raviver la bataille entre ceux qui dénoncent son racisme et ceux qui y voient un héritage culturel du Sud. A Columbia, la capitale de l'Etat, il continue de flotter fièrement.  

Comme l'expliquent Le Figaro et Slate.fr, cette situation résulte d'un compromis passé en 2000. Cette année-là, l'Etat a voté une loi interdisant la présence du drapeau confédéré "sur le dôme de la résidence du gouverneur, ainsi que dans l'enceinte du Sénat et de la Chambre des Représentants". Il a été déplacé à côté d'un monument aux morts en l'honneur de soldats confédérés. 

En échange de ce retrait, les symboles de l'époque confédérée sont devenus intouchables. Des dispositions législatives ont été prises pour fixer la hauteur à laquelle devait être accroché le drapeau. Et même s'il le souhaitait, le gouverneur ne pourrait pas le mettre en berne. Il lui faudrait, pour cela, réunir les votes des deux tiers de l'Assemblée générale. 

Qu'en pense la classe politique américaine ?

Aussitôt après la tuerie, une pétition nationale a été lancée sur le site MoveOn.org (en anglais) pour réclamer le retrait du drapeau de tous les lieux de pouvoir. Signée par plus de 390 000 personnes, elle dénonce ce "symbole de la rébellion et du racisme" et appelle à "de meilleurs Etats-Unis d'Amérique".

Mais le débat citoyen s'invite aussi sur le plan politique. Pour le président Barack Obama, cité par son porte-parole Eric Schultz, "le drapeau confédéré appartient au musée".

Même Mitt Romney, ancien candidat républicain à la Maison Blanche, a demandé, sur Twitter, de descendre "le drapeau confédéré du parlement de Caroline du Sud. Pour beaucoup, c'est un symbole de la haine raciale. Retirez-le maintenant, en hommage aux victimes de #Charleston." Barack Obama s'est empressé de lui répondre, saluant cette "bonne remarque".

Commentaires

Connectez-vous Ă  votre compte franceinfo pour participer Ă  la conversation.