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Donald Trump déconstruit la politique étrangère américaine

Dans son discours d’investiture à la convention républicaine, Donald Trump a confirmé les tendances isolationnistes de ce qu’il faut envisager désormais comme la possible future politique étrangère américaine. Pour le candidat républicain à la Maison Blanche, les Etats-unis n'ont plus les moyens de s'occuper des problèmes du monde.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Donald Trump à Cleveland pour l'investiture républicaine(22 juillet 2016) (AFP/Ron Sachs-DPA)

Désormais en campagne électorale, Donald Trump a commencé à préciser ses orientations en matière de politique étrangère, qui se veut non interventionniste, protectionniste et hostile à l’immigration. Le candidat officiel des républicains a réaffirmé sa volonté de construire un grand mur le long de la frontière mexicaine «pour empêcher l'immigration illégale, les gangs, la violence et le déversement de drogue dans nos communautés».

Dans son discours prononcé à Cleveland le 22 juillet 2016, le candidat républicain à déclaré que les Etats-Unis «devaient suspendre immédiatement l’immigration de toute nation exposée au terrorisme jusqu’à ce que des mécanismes de contrôles efficaces aient été mis en place». «Nous avons des problèmes avec l'Allemagne et nous avons des problèmes avec la France...Les citoyens de ces pays feront l'objet de contrôles plus poussés pour entrer aux Etats-Unis"». 
 
Protectionnisme : sortie de l’OMC
Si le milliardaire s’installe en janvier 2017 dans le bureau ovale de la Maison Blanche, il pourrait remettre en cause les accords de libre échange signés avec le Mexique et l’Amérique Latine (ALENA). «L’ALENA est un désastre, cet accord de libre échange, signé par Bill Clinton, a poussé l’industrie manufacturière hors des États-Unis… Ces sociétés sont allées au Mexique, les usines sont parties et avec elles, les emplois».

L'homme d'affaires a encore promis «la renégociation complète des horribles accords de libre-échange avec la Chine». «Nous ne pouvons pas continuer de permettre que la Chine viole notre pays» avait-il lancé il y a quelques mois.
Le magnat de l'immobilier accuse Pékin de manipuler sa monnaie. Il se dit prêt, si il arrive au pouvoir, à établir des droits de douanes de 40% sur les produits chinois.
«Nous allons renégocier ou sortir de l’OMC» (Organisation Mondiale du commerce), «Ces accords commerciaux sont un désastre» a-t-il répété dimanche 24 juillet. Il a même évoqué l'Europe qui s'est construite pour «battre les Etats-Unis en matière commerciale».
En clair, que les Etats-Unis défendent le libre-échange à la condition qu’il leur soit favorable.

Partisan de Donald Trump lors de la convention républicaine de Cleveland. (18 juillet 2016) (Reuters/ Mario Anzuoni)


L' isolationnisme n'empêche pas d'avoir des ennemis. «Les Etats Unis ont signé un accord avec l’Iran qui à mes yeux est terrible. Un accord qui mènera les Iraniens vers le nucléaire plus vite que s’il n’y avait eu aucun accord du tout »…«Pourquoi leur avoir donné ce pouvoir extravagant qu’ils ont désormais. Pouvoir qu’ils n’avaient pas et qu’ils n’auraient pas dû avoir.»

L’Otan fragilisé
L'Otan n'est pas épargnée. Donald Trump dénonce notamment les pays membres de l'Alliance Atlantique qui «profitent des Etats-Unis»
«Il n'y aura pas de garantie d'une protection automatique des Etats-Unis envers les pays membres de l'OTAN».

Alors que les pays baltes et d’Europe de l’Est s'inquiètent de l'évolution de la Russie de Vladimir Poutine, M. Trump  explique, dans  le New York Times, que, si la Russie les attaquait, il ne déciderait de faire intervenir les Etats-Unis qu'après avoir vérifié que ces pays «ont bien respecté leurs obligations». Une sortie qualifiée «d'erreur de débutant» par le chef de la majorité républicaine au Sénat Mitch McConnel.

Un message très mal reçu en Europe de l'Est. «C’est une remise en question du principe fondamental de l'Otan», écrit le journal polonais Rzeczpospolita, qui parle d'une «déstabilisation du monde occidental avec des conséquences incalculables».

«Donald Trump  met en danger l'Otan», titrait  le journal polonais Gazeta Wyborcza.
«Un tel président saperait la réputation des Etats-Unis et de toute évidence les affaiblirait. Sous sa présidence on pourrait même voir l'Otan se désintégrer», pronostique le quotidien. Gazeta Wyborcza.
 
On s’inquiète également du côté de la Corée du Sud ou du Japon qui devraient sous une présidence Trump, contribuer beaucoup plus à leur défense. Avec son énorme dette l’Amérique n’a plus les moyens de sa politique étrangère, répète en substance le candidat à la Maison Blanche.

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