Ukraine : les combats se rapprochent de Donetsk
Karlovka est un petit village de 500 habitants, très boisé à 26 kilomètres à l’ouest de Donetsk. Au bord de la route, on remarque tout de suite les ruines encore fumantes d’un restaurant. Devant, deux véhicules : une Jeep et une Lada sans plaques d’immatriculation sont criblées de balles. Dans les modestes maisons voisines, les ouvriers agricoles sont terrorisés par la scène de guerre à laquelle ils ont assisté ce matin juste devant chez eux.
"Il y avait des blindés, il y a eu des échanges de tirs sans cesse pendant des heures dès l’aube. On ne sait même pas qui tire sur qui. Là il y a encore des hommes armés dans mon propre jardin. J’ai peur. Mon mari a peur. On a des enfants ! Que Kiev nous laisse tranquille. De toute façon, ici on ne votera pas. Nous, on ne veut qu’une chose : c’est la paix", confie Galina la voix pleine de sanglots et les yeux gonflés d’avoir beaucoup pleuré.
A 100 mètres de la maison de Galina, dans l’herbe, gît le corps d’un combattant touché à la tête. C’est un pro-ukrainien. Plusieurs ont péri ici ce matin. "Il y a eu cinq morts ", disent certains. Peut-être plus. D’autres hommes ont été blessés par balle. Ils ont été transportés à l’hôpital d’après ce qu’écrit sur sa page Facebook Semen Sementchenko, un chef de milice pro-ukrainienne.
"Ils ont des croix gammées tatouées sur le corps "
En rebroussant chemin vers Donetsk, à un barrage, on découvre un autre cadavre sur le bitume. Celui là est exhibé par des combattants séparatistes cagoulés. Leur chef Dimitri porte sur lui deux fusils : une kalachnikov et un fusil à lunettes. Sa cible : "les pro-ukrainiens d’extrême", dit-il.
"C’est le secteur droit qui a attaqué. C’est pour ça que cet homme a été abattu. Comme les autres, il vient de l’Ouest. Certains de ses camarades ont des tatouages de croix gammées sur le torse. Ici, ça n’est pas chez eux. Ils n’ont rien à faire sur nos terres. On va durcir le ton s’ils insistent pour venir organiser leur élection dans la ville. Il n’ y aura pas de vote dans notre république populaire de Donetsk", explique l’homme en terminant une canette de boisson énergisante.
Une élection présidentielle dont en effet l’organisation semble ici plus incertaine que jamais.
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