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Reportage Elections en Turquie : les Loups gris, ces ultranationalistes qui veulent "maintenir Erdogan au pouvoir"

Le scrutin présidentiel va se jouer au coude-à-coude entre Recep Tayyip Erdogan et Kemal Kiliçdaroglu. Pour tenter de l’emporter, le président sortant espère compter sur le soutien des "Loups gris", des militants au discours anti-syrien.
Article rédigé par Jean-Sébastien Soldaïni - Romain Luquiens
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des manifestants de l'organisation nationaliste des Loups gris, place Taksim, à Istanbul (Turquie), en avril 2011. (CHRISTOPHE PETIT TESSON / MAXPPP)

L'homme salue ses amis à l'autre bout de la rue en formant une tête de loup avec ses doigts. Le majeur et l'auriculaire rejoignent le pouce en signe de reconnaissance pour ces ultranationalistes du parti MHP qui se définissent fièrement comme les "Loups gris". "Un loup gris, c'est une personne qui aime sa patrie, sa nation, en laissant de côté ses intérêts personnels", explique-t-il.

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Ce militant ne vote plus pour son parti, il s'est tourné vers celui de Recep Erdogan et cela arrange bien le président turc, à la tête du pays depuis 20 ans. Le chef de l'Etat, qui espère décrocher un troisième mandat dimanche 14 mai, a besoin de ces Loups gris pour être majoritaire à l'issu de l'élection présidentielle. Une force d'appoint en quelque sorte. Pas de quoi gêner ce militant, qui se voit comme un sauveur du chef de l'Etat : "Si les nationalistes turcs n'avaient pas soutenu Erdogan lors de la tentative de coup d'Etat de 2016, il n'aurait jamais pu se maintenir au pouvoir"

"Un problème avec les Syriens qui ne travaillent pas"

Dans cette position, les Loups gris entendent peser sur les décisions en cas de réélection du président turc. Un autre membre de ce groupe nous dit souhaiter que Recep Erdogan règle la question des réfugiés syriens. Enfin pas tous les réfugiés syriens : "On n'a aucun problème avec les Syriens qui sont ici, qui travaillent. Mais on a un problème avec les Syriens qui sont en Turquie mais qui ne travaillent pas. Ce sont des vagabonds qui nous dérangent dans la rue. Ça fait un an que nous avons commencé à les renvoyer petit à petit, mais ce n'est pas suffisant".

"Le souci, c'est que beaucoup de Syriens ont été enregistrés par les autorités. Ils ont des papiers. Ils sont donc plus tranquilles en Turquie".

Un Loup gris

à franceinfo

Ces 3,5 millions de Syriens sont, selon lui, responsables de la crise économique en Turquie. Mais pas sûr que Recep Erdogan souhaite entendre les ultranationalistes. Lors d'une récente intervention, le président a précisé qu'il fallait traiter ces réfugiés avec humanité, au risque de décevoir une partie de ces Loups gris. 

Turquie : les "loups gris" ultranationalistes et Erdogan - Reportage de Jean-Sébastien Soldaini et Romain Luquiens

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