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Bachar al-Assad récolte les fruits de la prise de Palmyre

Préparée par des bombardements russes et réalisée avec le soutien de l’Iran et des milices chiites pro-iraniennes du Liban et d’Irak, la reprise de Palmyre à l’Etat islamique a été transformée en une victoire militaire et diplomatique de Bachar al-Assad. Il a été félicité par Moscou et Téhéran. Il a reçu une délégation de parlementaires français pour «corriger la politique erronée» de la France.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Des soldats de l'unité «faucons du désert» de l'armée syrienne, entrant à Palmyre le 28 mars 2016.  (Mikhail Voskresenskiy/RIA Novosti/AFP)

Dix mois après l’avoir abandonnée sans combattre aux hommes de Daech, l’armée syrienne a fait une entrée médiatique et triomphale dans l’antique cité de Palmyre. Un fait d’armes attribué à l’armée syrienne mais qui n’aurait pas été possible sans les raids de l’aviation de Vladimir Poutine en amont, et la participation de ses forces spéciales au sol.
 
Appuyée également par les Gardiens de la révolution iraniens et les miliciens chiites du Hezbollah libanais et irakiens, l’armée de Bachar al-Assad s’en sort auréolée de gloire.

Moscou et Téhéran félicitent Assad pour la prise de Palmyre 
«Vladimir Poutine a félicité son homologue syrien (par téléphone) pour la libération de la ville de Palmyre reprise par les militaires syriens aux terroristes, en soulignant l’importance de la sauvegarde de cette ville historique unique pour la culture mondiale» a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.
 
Le président russe a même annoncé à la directrice générale de l’UNESCO sa volonté d’œuvrer auprès des forces syriennes pour déminer la cité antique. Il s’est même dit prêt «à faire l’estimation des dégâts infligés à la ville et à élaborer un plan de reconstruction de ce qui peut y être reconstruit».
 
Autres lauriers prévisibles, ceux tissés par le principal allié régional de Damas. Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale iranienne, a qualifié d’ «admirable» la victoire des forces pro-Assad à Palmyre.
 
Il a promis que «le gouvernement et les forces armées de la République islamique d’Iran allaient poursuivre leur soutien total» à la Syrie et aux autres forces «de la résistance» qui soutiennent le régime de Damas contre l’EI.

Ban Ki-moon compte sur les autorités pour protéger la cité antique 
Plus surprenante est, cependant, la réaction du secrétaire général de l’ONU, habituellement plus critique à l'égard du régime. «Nous sommes encouragés et heureux», a déclaré Ban Ki-moon, se félicitant que les autorités syriennes seraient désormais en mesure de «préserver et protéger» le site antique.
 
Cédant à l’incontournable réaction diplomatique, Washington et Paris ont gardé une même distance à l’égard de cette victoire militaire.
 
«C’est une bonne chose» que le groupe de l’Etat islamique ait été chassé de Palmyre, a déclaré le porte-parole du Département d’Etat, mais «le plus grand espoir pour la Syrie et pour sa population, ce n'est pas que Bachar al-Assad  puisse continuer à tyranniser le peuple syrien».

Paris rappelle la responsabilité du régime dans le conflit
De son côté, Paris s’est réjoui de la «nouvelle positive» du reflux de Daech à Palmyre, mais ces avancées «ne doivent pas faire oublier que le régime est le principal responsable du conflit et de ses 270.000 morts depuis cinq ans», a tenu à préciser le Quai d’Orsay.
 
Un rappel qui pourrait parvenir aux oreilles d’une délégation française en déplacement à Damas pour le week-end de Pâques «en solidarité avec les chrétiens d'Orient».
 
La délégation, qui comprend cinq parlementaires du parti LR (Les Républicains), et des intellectuels, des chercheurs et des journalistes, a été reçue en pleine opération «libération» de Palmyre par le président syrien.
 
Devant eux, Bachar al-Assad a affirmé que «la libération de Tadmor (Palmyre en arabe) est un exploit important et prouve l’efficacité de la stratégie adoptée par l’armée syrienne et ses alliés dans la guerre antiterroriste».

Le président syrien Bachar al-Assad reçoit une délégation de parlementaires et d'intellectuels français le 27 mars 2016 emmenée par le député LR, Thierry Mariani, à Damas. (STRINGER/SANA/AFP)

Bachar al-Assad fait la leçon à des parlementaires français 
Ainsi légitimé par une visite, dont lui seul contrôle le calendrier et le programme, Bachar al-Assad en a profité pour clarifier ses motivations.
 
«Les visites de délégations parlementaires en Syrie permettent de corriger les politiques erronées adoptées par certains gouvernements, dont la France, à l’égard de ce qui se déroule en Syrie» leur a-t-il expliqué.
 
Une leçon qui semble avoir porté ses fruits auprès du chef de la délégation française. Selon l’agence officielle syrienne SANA, Thierry Mariani (LR), qui en est à son deuxième déplacement dans la capitale syrienne depuis novembre 2015, a trouvé le climat changé en raison de l’intervention russe et des victoires de l’armée syrienne.
 
«Je suis fier d’un tel président, comme le président al-Assad, aurait-il déclaré à SANA. J’avais prévu d’entendre des expressions de vengeance, mais ce que j’ai écouté sont des expressions sur les réconciliations, sur la reconstruction et sur son souci de reconstruire ce qui a été détruit en Syrie»…(sic).

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