: Reportage Les concerts du Chœur des civilisations d’Antioche reprennent, près de deux mois après le séisme en Turquie : "Une source d’espoir pour la population"
Plus qu’un concert qui se prépare, c’est, insiste le chef Yilmaz Özfirat, la voix d’Antioche aux trois religions, qui va résonner dans différentes villes de Turquie pour dire l’histoire de la ville martyre et rendre hommage à ses victimes. Dimanche 2 avril au soir, c’est à Istanbul qu’il se produit.
Ce chœur est à l’image de la ville. "Des imams, des prêtres, des docteurs, profs, petits commerçants, femmes au foyer, musulmans comme chrétiens et juifs car nous sommes tous la création d’un même Dieu. C’est un chœur créé pour montrer cela", explique Yilmaz Özfirat.
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Les images de ruines défilent sur grand écran avec les visages des sept choristes disparus dans le séisme. Mais le chœur a tenu à partir en tournée. "Ces concerts doivent continuer car ils sont une source d’espoir pour la population d’Antioche, selon Meltem Bingöl Altunay, sociologue et soliste. C’est une question de solidarité. Les gens là-bas veulent faire entendre leur voix, ils ne veulent pas qu’Antioche soit oubliée. Nous voulons être leur voix".
"Si le chœur se redresse, alors la ville se redressera aussi."
Meltem Bingöl Altunay, sociologue et solisteà franceinfo
Une chanson est devenue leur hymne, raconte la soliste. C'est Insan Insan de Fazil Say. "Insan", cela veut dire "humain".
Yilmaz Özfirat a passé plusieurs heures sous les décombres avant d'être secouru par des voisins. "Ce jour-là, j’ai eu l’impression de naître de nouveau, se souvient-il. Vous restez bloqué sous ce tas de béton. Et les répliques continuent sans cesse, des débris continuent de vous tomber dessus. Vous pensez être arrivé au bout de votre chemin, vous pensez que vous ne sortirez jamais de là. Vous ne sentez pas le temps passer car vous perdez la notion du temps. Il y a des voix qui vous parviennent de dehors comme de l’intérieur".
"Quand vous sortez de là, vous êtes reconnaissant de pouvoir respirer. Vous vous dites : ‘Je suis un miraculé, j’ai survécu’. Parce que, vous savez, on a sorti 12 cadavres de mon immeuble."
Yilmaz Özfirat, chef du Chœur des civilisations d'Antiocheà franceinfo
La ville revivra dans sa diversité, il n’en doute pas. Tous reviendront. "La première église au monde se trouve dans la ville d’Antioche. Le mot ’chrétien’ a été prononcé pour la première fois ici. La première mosquée d’Anatolie se trouve ici et elle porte le nom d’un non-musulman. On est donc obligé de faire revenir au monde toute cette beauté", estime le chef de chœur.
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