Cet article date de plus de neuf ans.

Poutine accuse Ankara d'importer le pétrole de Daech

Les relations restent tendues entre Moscou et Ankara après l'affaire de l'avion de chasse russe abattu. Vladimir Poutine n'a toujours pas avalé l'affront et il porte sa contre-attaque sur un terrain brûlant. La Turquie est selon lui la porte de sortie du pétrole de Daech.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Entre Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan, la tension est maximale. (RT)

Selon Vladimir Poutine, dont les propos sont rapportés par le site de la chaîne RT, le pétrole des dépôts contrôlés par l’EI, passe en Turquie à un volume industriel. Le président russe a ajouté: «Nous avons de nombreuses raisons de croire que la décision d’abattre notre avion avait pour but de protéger les routes (du trafic NDLR).»

La contre-attaque du président russe après la perte de son avion abattu par la Turquie est violente. Elle vaut largement une frappe symbolique d’un complexe militaire turc ou un embargo au résultat aléatoire. Moscou dit tout haut ce qui se murmure depuis longtemps. Poutine accuse ouvertement Ankara de double jeu, et dit en avoir les preuves, isolant Recep Tayyip Erdogan de ses alliés occidentaux. 

Dans la vengeance, tous les moyens sont bons. Ainsi, le site très pro-Kremlin Sputnik s’en réfère même à un journal israélien Globes qui détaille le trafic. En fait, Globes reprend une enquête menée par le site al-Araby (lien en Anglais). Des trafiquants kurdes et turcs transportent le pétrole depuis des territoires contrôlés par Daech en Syrie et en Irak, et le vendent en Israël ! Le volume produit est estimé à 30.000 barils par jour. Une fois retirés les frais, l’organisation ferait un profit estimé entre 15 et 18 dollars le baril, soit au pire 450.000 dollars net  par jour au cours du marché.


Le pétrole rejoint Zakhu ville du Kurdistan irakien, proche des frontières turques et syriennes. Là, des courtiers turcs et israéliens font leurs achats et le pétrole part pour Silop en Turquie. Selon le journal, Israël à son insu serait devenu le premier acheteur du pétrole de Daech.

A Silopi, le business est tenu par un certain Oncle Farid, un Greco-Israélien d’une cinquantaine d’années, ne se déplaçant qu’en Jeep Cherokee noire accompagné de deux gardes du corps costauds. On ne possède aucune photo de l’individu, trop dangereux. De lui, seul un dessin existe.

Portrait d'artiste du parrain présumé du pétrole le Gréco-Israélien «oncle Farid» (Alaraby.co.uk)

Ankara KO
Dans un premier temps, l’offensive russe a visiblement déstabilisé le pouvoir turc. Erdogan, en marge de la COP 21 à Paris, a assuré de sa démission si de tels faits de contrebande étaient avérés. Depuis, Ankara tente de reprendre la main. Le Premier ministre Ahmet Davutoglu exhorte la Russie à cesser ses «accusations sans fondement». «Nous devrions nous assoir à une table et discuter…» Et d’ajouter que la Turquie qui a une guerre à sa porte ne peut ignorer les incursions dans son espace aérien.

Le bras de fer se poursuit. Déstabilisée, la Turquie va devoir faire profil bas pendant un moment.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.