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Travailler comme auto-employé fait débat au Royaume-Uni

C’est un statut qui s’adapte comme un gant à l’économie britannique ultraflexible. Bientôt, il y aura plus d’auto-employés que de fonctionnaires dans le pays. Ils sont artisans, juristes, ou femmes de ménage. Les libéraux y voient l’adaptation d’une société qui entend travailler à son rythme. Pour les syndicats, c’est une voie de paupérisation.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Une agence pour l'emploi dans le Kent en 2010 (AFP/Ben Stansall)

Le statut d’auto-employé est partagé par 15% de la population britannique qui travaille, soit 4,5 millions de personnes.

Un panel d’activité très large qui couvre les secteurs de l’artisanat ou des professions libérales. Petits boulots mais aussi prestations de haut vol de consultants et coaches en tous genres.
Mais le nombre de ces non-salariés s’envole. Plus 600.000 en 4 ans, dont la moitié rien qu'en 2013, et 180.000 pour le premier trimestre de 2014. Leur nombre croît au rythme de la baisse de celui des fonctionnaires qui ne sont plus que 5,2 millions.
 
Salaires plus bas
Une nouvelle façon d’aborder le marché du travail dont on pourrait se féliciter. Mais une étude menée par le think tank Resolution Fondation montre que le quart de ces auto-employés aimeraient bien redevenir salariés.
Car les revenus ne sont pas à la fête. Ils ont chuté de 20% depuis 2007. L’auto-employé type touche un revenu inférieur de 40% à celui d’un salarié, soit 74 livres en moins par semaine (92,5 euros).
Double peine, les auto-employés font plus d’heures de travail par semaine et ont moins de vacances.

A cela, il convient d’ajouter que 30% seulement cotisent pour une retraite contre 52% des salariés. Et bien évidemment, il leur est plus difficile d’obtenir des prêts immobiliers ou personnels. Si pour le haut du panier, la vie «d’indépendant» est rêvée, l’étude considère qu’il est indispensable que l’entière catégorie soit protégée notamment pour l'accès au logement.
 
Plus heureux ainsi
L’auto-employé, travailleur en voie de paupérisation, serait donc le produit de l’ultraflexibilité du marché du travail, poussé vers ce statut par un chômage de longue durée. Faux, rétorque un autre think tank, la Royal Society of art (RSA). Selon une étude qu’il a menée, seulement un employé sur quatre a choisi ce statut pour fuir le chômage.
 
En fait, la majorité recherchait plus de liberté. D’autres ont choisi ce statut pour développer un projet. L’étude montre qu’ils sont à 84% plus heureux ainsi. Et que pour eux, il s’agit d’adapter le travail à la vie privée. Que ce soit pour pouvoir vivre à la campagne, s’occuper d’un parent âgé, ou avoir des enfants.
 
Une vision idyllique que ne partagent pas les syndicats. Selon la secrétaire générale du Trade Union Congres (TUC), Frances O’Grady, plus de la moitié des nouveaux emplois sont de ce type. «Mais ces nouveaux travailleurs ne sont pas ces entrepreneurs virevoltants qu’aiment à citer les ministres. La grande majorité bosse pour un autre employeur souvent pour un revenu inférieur, avec moins de droits et aucune sécurité d’emploi.»

Un statut qui va sûrement poursuivre son développement. En effet, David Cameron entend retirer les allocations chômages à tout travailleur qui refuserait un «contrat zéro heure».
Ces fameux contrats de travail qui ne fixent pas de minimum horaire.
Autant se mettre à son compte penseront peut-être certains.


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