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Israël officialise son aide aux rebelles syriens tout en défendant les Druzes

Dans un geste inhabituel, alors que la situation militaire est très volatile, le ministre de la Défense israélien a reconnu officiellement apporter une aide «humanitaire» aux rebelles syriens. D’un silence assourdissant jusque là sur la situation en Syrie, l’Etat hébreu a conditionné la poursuite de cette aide à l'engagement des combattants sunnites de ne pas s’attaquer à la minorité druze.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Druzes israéliens du village de Yarka brandissant le drapeau de leur communauté, le 14 juin 2015, en solidarité avec leurs 20 coreligionaires massacrés par des djihadistes dans la province d'Idlib au nord-ouest de la Syrie. (Jalaa Marey/AFP)

Inquiet de voir le conflit syrien déborder ses frontières dans la partie occupée du Golan, après la récente flambée de colère des Druzes, le ministre israélien de la Défense Moshe Ya’alon a profité d’une réunion exceptionnelle avec les correspondants diplomatiques pour révéler ce que nombre d’observateurs et de combattants savaient déjà.
 
«Ce n’est un secret pour personne que les villages frontaliers syriens reçoivent une aide humanitaire», a-t-il dit, ajoutant être parfaitement conscient que des rebelles figurent parmi les Syriens auxquels l'Etat hébreu vient en aide sous forme de soins aux blessés.
 
Il n’a toutefois pas précisé s’il s’agissait de djihadistes de Daech ou d’al-Nosra ou de combattants de l’Armée syrienne libre présents dans le secteur. 

Une aide sous condition 
Pour que cette aide se poursuive, a-t-il ajouté, Israël pose deux conditions: que les groupes terroristes n'approchent pas de la clôture de sécurité sur le Golan et qu'on ne touche pas aux Druzes de Syrie. Une minorité dissidente de l’Islam de 600.000 personnes représentant 4% de la population.
 
Un message à l’attention du groupe al-Nosra, la branche syrienne d’al-Qaïda, ou ceux agissant en leur nom, après le massacre le 10 juin 2015, de 20 Druzes dans le village de Qalb Lozé dans le nord-ouest du pays. Mais aussi à l’adresse de la communauté druze vivant en Israël.
 
L’Etat hébreu abrite en effet quelque 110.000 personnes de cette communauté, titulaires de cartes d’identité israéliennes, ainsi que 20.000 autres vivants sur le plateau stratégique du Golan occupé depuis 1967, détenteurs, eux, d’un simple laissez-passer.
 
Les Druzes poussés dans la tourmente
Ces derniers avaient attaqué le 22 juin, près du village druze de Majdal Shams en zone occupée, une ambulance transportant deux blessés syriens, en route pour un hôpital israélien. Convaincus qu’il s’agissait de rebelles, ils ont sorti les blessés du véhicule et les ont lynchés en représailles à la tuerie précédente.
 
Ils ont également manifesté leur colère reprochant à l’Etat hébreu de «soigner ces combattants rebelles et de les renvoyer là-bas pour qu’ils recommencent à tuer», selon une habitante de Majdal Shams.
 
Favorables au départ au régime de Damas, pour gagner sa protection, les Druzes syriens sont de plus en plus poussés dans la tourmente régionale. Sommée par Bachar al-Assad de s’enrôler dans l’armée et de combattre à ses côtés, la communauté avait plutôt fait la sourde oreille. Elle constate désormais qu'il conditionne lui aussi son «aide aux minorités» à leur engagement contre ses ennemis.
 
A la suite de ces événements, le leader druze libanais Walid Joumblatt avait une nouvelle fois appelé ses coreligionnaires syriens à se joindre à la rébellion contre le régime et à ne pas entrer en conflit avec la communauté sunnite majoritaire dans leur pays.

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