Témoignage "Des bébés prématurés risquent de mourir" : en mission à Gaza, un gynécologue français alerte sur la situation critique dans les maternités

Avec la destruction de la majorité des hôpitaux et les difficultés dans les camps de réfugiés, les femmes accouchent dans des conditions sanitaires extrêmement précaires. Un gynécologue obstétricien en mission à Rafah témoigne sur franceinfo.
Article rédigé par Thomas Giraudeau - édité par France Info
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un bébé prématuré transféré de l’hôpital Al-Shifa, qui a cessé de fournir des services en raison des attaques israéliennes, à l’hôpital des Émirats arabes unis (EAU) à Rafah, à Gaza, le 19 novembre 2023. (ABED RAHIM KHATIB / ANADOLU)

À Rafah, refuge de 1,4 million de Palestiniens selon l'ONU, il n'y a plus qu'une maternité encore sur pied. "On est passé de 20 accouchements à 80 accouchements et de quatre césariennes à entre 20 et 30 césariennes par jour" explique Zouhair Lahna, gynécologue obstétricien français, en mission humanitaire avec l'association de médecins PalMed. Il travaille dans cette maternité de Gaza depuis trois semaines.

"J'ai fait par exemple une césarienne pour une hypertension sévère, à 32 semaines de grossesse, donc à 7 mois sur une grossesse multiple, décrit-il. Ce sont des bébés prématurés qui risquent de mourir, et une femme qui risquait d'avoir des complications. Tous ces patients ne sont pas sortis d'affaire parce que le nombre d'infections est très élevé".

Les conditions d'hygiène ne sont pas assurées dans la maternité car il manque du matériel stérile et des lits. Les femmes et leurs nouveau-nés ne peuvent rester que 12 heures après la naissance pour libérer des chambres. Mais cela ne suffit pas, certaines doivent accoucher à même le sol.  

L'hépatite A se propage

Les médecins sont obligés de faire du tri dans les patientes selon la docteure Haya Hijazi, gynécologue à Rafah. "Les complications pendant les grossesses sont en train d'exploser ainsi que l'hypertension à cause du stress et la malnutrition des femmes enceintes, détaille-t-elle. On ne peut plus gérer toutes ces complications. À l'hôpital émirati, où je travaille à Rafah, 500 femmes attendent actuellement à l'accueil, aux urgences. On ne prend en charge que les cas les plus graves, les femmes qui saignent beaucoup." Après l'accouchement, les femmes doivent retourner dans les campements de fortune installés partout à Rafah avec leurs nouveau-nés, encore fragiles et sensibles face aux maladies transmises avec le manque d'hygiène. 

Le pédiatre Rajaa Okasha, interrogé par l'agence de presse Reuters, a installé son cabinet sous une de ses tentes. "Les enfants souffrent surtout de problèmes intestinaux, d'infections virales, respiratoires à cause du froid la nuit, dit-il. J'en vois certains qui portent un seul vêtement sur eux. Avec leurs parents, ils ont abandonné leur maison tellement vite. Ils n'ont rien pu prendre avec eux."

"L'hépatite A est en train de se propager à cause de l'absence totale d'hygiène", ajoute-t-il. Le pédiatre prescrit des médicaments, même s'il sait que les parents n'ont pas les moyens ou ne les trouvent pas dans les pharmacies. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.