Pays-Bas : les excuses du gouvernement sur le passé esclavagiste du royaume suscitent la polémique
Dans l’est d’Amsterdam, au siège de l’association Notre Suriname, l’ancienne Guyane néerlandaise, les excuses officielles pour le passé esclavagiste des Pays-Bas que doit prononcer le gouvernement lundi 19 décembre seront scrutées de près.
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Près de 150 ans après l’application réelle de l'abolition de l’esclavage dans les anciennes colonies, le Premier Ministre Mark Rutte s'exprimera depuis la capitale. Les ministres, eux, le feront depuis les six îles caribéennes du royaume ainsi que depuis le Suriname. Au cours des dernières semaines, le président de l'association Notre Suriname, Vincent Soekra, s’est montré très critique envers cette initiative : "C’est quand même incroyable que le gouvernement ait décidé d'une date, sans même en discuter au préalable avec les autres pays concernés. C’est assez ridicule."
Des appels à manifester sur l'île de Curaçao
L'exécutif néerlandais est en effet accusé d’avoir imposé, au dernier moment, la date aux six îles caribéennes du Royaume (Curaçao, Aruba, Bonaire, Saint Martin, Saint Eustache et Saba), ainsi qu’au Suriname, indépendant depuis 1975. Et de nombreux descendants de personnes réduites en esclavage doutent de la sincérité des Pays-Bas, à l’image de Joséphine Henriques-Traag : "Si Rutte veut présenter des excuses, elles devraient être faites avec autant de valeur et de respect que la façon dont il aimerait que des excuses soient présentées par exemple par l’Allemagne à ceux tombés pendant la guerre".
Dans ce contexte, la Première ministre de la partie néerlandaise de Saint-Martin a prévenu qu’elle n’acceptera pas ces excuses. Et sur l’île de Curaçao, des appels à manifester ont été lancés. Selon un récent sondage, près d'un Néerlandais sur deux est toujours opposé à ce que le gouvernement présente des excuses pour le passé esclavagiste du pays. Il y a encore quelques années, le Premier ministre Mark Rutte, lui-même, s'était prononcé contre.
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