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Mahmoud Abbas entretient le mystère sur son avenir avant son discours à l’ONU

A bientôt 81 ans, Mahmoud Abbas, président de l’autorité palestinienne, s’apprête-t-il à prendre sa retraite? En attendant son discours à l’ONU qui devrait, selon lui-même, faire l’effet d’une bombe, les spéculations vont bon train sur ce qu’il pourrait annoncer et sur ses successeurs potentiels. En chute libre dans les sondages, les prétendants ne bénéficient pas d’une grande popularité.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, à la réunion du comité exécutif de l'OLP, le 1er septembre 2015 à Ramallah, pour préparer l'élection d'une nouvelle équipe de cette instance dirigeante. (Abbas Momani/AFP)

Président de l’Autorité palestinienne depuis janvier 2005, Mahmoud Abbas est attendu le 30 septembre 2015 à la tribune de l’assemblée générale des Nations Unies.

Un discours à l'ONU qui fera «l'effet d'une bombe» 
Face à l’impasse dans laquelle se trouve la solution à deux Etats, que 65% de palestiniens ne croient plus possible, et alors qu’il entre dans la onzième année de sa présidence, il a promis que son intervention ferait «l’effet d’une bombe».
 
Rompu aux interminables négociations avec l’Etat hébreu, le successeur d’Arafat entretient le mystère autour de son intervention, mais de multiples hypothèses n’ont pas manqué de fuiter dans les couloirs de la Moukata’a, siège de la présidence, à Ramallah.
 
Pour certains, il pourrait annoncer la fin des accords de paix d’Oslo conclus avec Israël en septembre 1993. Ce qui saborderait l’Autorité palestinienne, créée pour les mettre en œuvre, et ouvrirait la porte au retour de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).
 
Pour d’autres, il pourrait proclamer la souveraineté de l’Autorité palestinienne sur l’ensemble de la Cisjordanie et Jérusalem-Est, ou annoncer la fin de la coordination sécuritaire avec les services israéliens.

Un dernier coup d'éclat avant de se retirer 
A 81 ans, en mars 2016, et après des années de vaines et stériles négociations avec l’administration Netanyahu d’un côté et les frères ennemis du Hamas à Gaza de l’autre, Abou Mazen de son surnom aspire sans doute à du repos, non sans tenter un dernier coup d’éclat.
 
Il a démissionné de son poste de président du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine le 22 août 2015 et s’apprêterait à en faire autant de son poste de président du Fatah, sa principale composante.

Pour le moment, il garde la présidence, convoque le Conseil national palestinien (Parlement), après des années de paralysie, pour élire un nouveau comité exécutif de l’OLP, et laisse le champ ouvert aux spéculations sur la personnalité de son propre successeur.
 
Sur fond de remaniement au sein de l’instance dirigeante de l’OLP, d'éviction de Yasser Abed Rabbo du Comité exécutif et de renforcement du rôle du négociateur en chef, Saeb Erakat, perçu comme une de ses manœuvres, Mahmoud Abbas est en chute libre dans les sondages.
 
Des Palestiniennes brandissant des portraits de Marwan Barghouti, le 15 avril 2015 à Ramallah. Elles réclamaient la libération par Israël du candidat le mieux placé pour succéder au président Mahmoud Abbas. Il purge depuis 13 ans une peine d'emprisonnement à perpétuité.  (Abbas Momani/AFP)

Marwan Barghouti, meilleur successeur potentiel
Selon le plus récent, 65% des Palestiniens souhaitent le voir quitter le pouvoir contre 31% favorables à son maintien. S’il ne se présentait pas à un nouveau mandat, 32% préfèreraient voir Marwan Barghouti, «détenu à perpétuité» en Israël, lui succéder contre 19% pour Ismaïl Hanniyeh, Premier ministre du Hamas à Gaza.
 
Selon le même sondage, en cas d’élection présidentielle aujourd’hui, Abbas battrait Hanniyeh mais serait battu par Barghouti.
 
Les autres candidats, même les pointures historiques, ne récolteraient que des miettes : 6% pour Khaled Mechaal ou Mohammad Dahlan, tous les deux réfugiés dans les Emirats arabes unis, 4% pour Moustapha Barghouti et 3% pour Saeb Erakat et Salam Fayyad, ancien Premier ministre.
 
Dans l’attente du discours sismique annoncé à la tribune des Nations Unies, le président palestinien a effectué une tournée très présidentielle en Europe et en Russie.
 
En marge d’une réception à la mairie de Paris, où il a été décoré par la maire Anne Hidalgo, il a rencontré en aparté quatre anciens ambassadeurs israéliens en France.
 
Relatant l’entrevue, l’ancien diplomate Daniel Shek a confié au journal Haaretz: «Abbas a préparé un discours très dur, mais il peut encore le changer si les choses bougent…», précisant qu’il lui avait semblé très amer : «Je suis un vieil homme, s’il ne se passe rien dans les prochains mois, je rentre à la maison», lui aurait-il dit.  

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