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Massoud Barzani : un fervent nationaliste kurde au cœur de la crise irakienne
A la tête de la province autonome du Kurdistan irakien depuis 1979, Massoud Barzani est devenu en quelques jours l’interlocuteur privilégié des Etats-Unis et de la France pour contrer l’avancée des djihadistes de l’EI.
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«Je suis né dans l’ombre du drapeau du Kurdistan à Mahabd (au Kurdistan iranien) et je suis prêt à servir et mourir pour ce drapeau», aurait déclaré Massoud Barzani selon le site du gouvernement régional du Kurdistan irakien. Difficile de décrire le leader de cette région autonome d’Irak sans évoquer son nationalisme exacerbé. On dit que les Kurdes rêvent chaque nuit d’un Etat indépendant, il ne fait aucun doute que Barzani partage cet espoir.
Fort de la prise de Mossoul, alors aux mains de l’Etat Islamique (EI), au début du mois de juin 2014, Barzani avait demandé au Parlement d’Erbil le 13 juillet de «préparer l’organisation d’un référendum sur le droit à l’autodétermination», s’attirant ainsi les foudres des autorités de Bagdad et des Etats-Unis qui plaidaient pour un maintien de l’unité nationale irakienne.
Un petit peu plus d’un mois plus tard, forcé de constater que les peshmergas (soldats kurdes) n’étaient pas équipés pour faire face à l’EI, Massoud Barzani a appelé la communauté internationale à l’aide.
Nationalisme extrême
Il est difficile de trouver des informations personnelles sur le président de la région autonome. Décrit comme un «élève avide de connaissances» sur le site du gouvenement régional, le jeune Massoud Barzani, né en 1946, devient rapidement un nationaliste convaincu. A 16 ans, il s’engage aux côtés des peshmergas. «Influencé par les valeurs de son père», Mollah Mustafa Barzani, une «figure du nationalisme», il voue une dévotion de plus en plus grande à sa patrie.
En 1970, il participe avec son frère à la signature du traité d’autonomie du Kurdistan irakien à Bagdad. Au début des années 1970, son père lui confie la charge des services de renseignements kurdes, les Parastin. En 1979, il prend la tête du Parti démocratique kurde (PDK) qu’il dirige encore aujourd’hui.
Marié et père de huit enfants, Massoud Barzani parle couramment le kurde, le persan, l’arabe et l’anglais. Président de la région autonome du Kurdistan depuis 2005, il appelle sans relâche à la création d’un Etat kurde.
«La crise que traverse l’Irak souligne que le Kurdistan est loin d’être un Etat stable et indépendant», souligne pourtant Denise Natali, chercheuse à l’Institue for National Strategic Studies et spécialiste du Kurdistan. «D’un côté Barzani est vu comme un héros suite aux victoires des peshmergas contre l’EI mais, d’un autre, il revendique un nationalisme extrême qui pousse à l’indépendantisme et pourrait finir par nuire aux intérêts kurdes», analyse-t-elle.
Pour la chercheuse, Barzani aurait tout intérêt à conserver de bonnes relations avec Bagdad s’il souhaite obtenir des avantages pour la région autonome. Une telle stratégie ne semble pourtant pas d’actualité.
Opposé à Bagdad
Les autorités de Bagdad ne semblent pas prêtes à lui accorder un autre statut que celui de région autonome. Le Canard enchaîné rapportait, dans son édition du 20 août, un petit incident diplomatique. Le 10 août, Laurent Fabius a débarqué fièrement à Erbil, oubliant de faire une escale à Bagdad et provoquant ainsi la colère d'Haïdar al-Abadi, nouveau Premier ministre irakien. Ce dernier a alors exigé que «toute livraison d'armes se fasse avec son accord». Denise Natali souligne par ailleurs : «Laurent Fabius n’a pas dit qu’il allait armer les Kurdes pour créer un Etat indépendant.»
Dans une interview donnée le 11 août dernier à la chaîne américaine CNN, Massoud Barzani se plaignait d'ailleurs du fait que «personne ne voulait traiter directement avec les forces kurdes mais (que les puissances extérieures) voulaient passer par Bagdad».
«Malheureusement, Bagdad n’a pas été d’un grand soutien en ce qui concerne l’armement des peshmergas. Enfin, les armes qui ont été données à l’armée irakienne ont été principalement laissées à des postes saisis par l’EI, et par la suite utilisées contre les peshmergas», a-t-il ajouté.
En pleine crise irakienne, Massoud Barzani ne baisse pas les armes dans son combat pour l'indépendance. Fin juin, il déclarait à Christiane Amanpour, journaliste vedette de CNN, qu’il était «temps, à présent, pour les Kurdes de choisir leur futur». «L’Irak est en train de s’écrouler (…) Et il est évident que le gouvernement fédéral ou central a perdu le contrôle sur tout. Tout s’effondre : l’armée, les troupes, la police.»
L’ancien Premier ministre, Ali al-Maliki, a renoncé jeudi 14 août au pouvoir. Reste à savoir si Massoud Barzani se montrera plus enclin à dialoguer avec son successeur, Haïder al-Abadi, de façon à obtenir des avantages pour le Kurdistan. Dans un pays où les Kurdes ne représentent que 20% de la population, Barzani ne peut pas prétendre tenir un rôle aussi important que le Premier ministre.
Fort de la prise de Mossoul, alors aux mains de l’Etat Islamique (EI), au début du mois de juin 2014, Barzani avait demandé au Parlement d’Erbil le 13 juillet de «préparer l’organisation d’un référendum sur le droit à l’autodétermination», s’attirant ainsi les foudres des autorités de Bagdad et des Etats-Unis qui plaidaient pour un maintien de l’unité nationale irakienne.
Un petit peu plus d’un mois plus tard, forcé de constater que les peshmergas (soldats kurdes) n’étaient pas équipés pour faire face à l’EI, Massoud Barzani a appelé la communauté internationale à l’aide.
Nationalisme extrême
Il est difficile de trouver des informations personnelles sur le président de la région autonome. Décrit comme un «élève avide de connaissances» sur le site du gouvenement régional, le jeune Massoud Barzani, né en 1946, devient rapidement un nationaliste convaincu. A 16 ans, il s’engage aux côtés des peshmergas. «Influencé par les valeurs de son père», Mollah Mustafa Barzani, une «figure du nationalisme», il voue une dévotion de plus en plus grande à sa patrie.
En 1970, il participe avec son frère à la signature du traité d’autonomie du Kurdistan irakien à Bagdad. Au début des années 1970, son père lui confie la charge des services de renseignements kurdes, les Parastin. En 1979, il prend la tête du Parti démocratique kurde (PDK) qu’il dirige encore aujourd’hui.
Marié et père de huit enfants, Massoud Barzani parle couramment le kurde, le persan, l’arabe et l’anglais. Président de la région autonome du Kurdistan depuis 2005, il appelle sans relâche à la création d’un Etat kurde.
«La crise que traverse l’Irak souligne que le Kurdistan est loin d’être un Etat stable et indépendant», souligne pourtant Denise Natali, chercheuse à l’Institue for National Strategic Studies et spécialiste du Kurdistan. «D’un côté Barzani est vu comme un héros suite aux victoires des peshmergas contre l’EI mais, d’un autre, il revendique un nationalisme extrême qui pousse à l’indépendantisme et pourrait finir par nuire aux intérêts kurdes», analyse-t-elle.
Pour la chercheuse, Barzani aurait tout intérêt à conserver de bonnes relations avec Bagdad s’il souhaite obtenir des avantages pour la région autonome. Une telle stratégie ne semble pourtant pas d’actualité.
Opposé à Bagdad
Les autorités de Bagdad ne semblent pas prêtes à lui accorder un autre statut que celui de région autonome. Le Canard enchaîné rapportait, dans son édition du 20 août, un petit incident diplomatique. Le 10 août, Laurent Fabius a débarqué fièrement à Erbil, oubliant de faire une escale à Bagdad et provoquant ainsi la colère d'Haïdar al-Abadi, nouveau Premier ministre irakien. Ce dernier a alors exigé que «toute livraison d'armes se fasse avec son accord». Denise Natali souligne par ailleurs : «Laurent Fabius n’a pas dit qu’il allait armer les Kurdes pour créer un Etat indépendant.»
Dans une interview donnée le 11 août dernier à la chaîne américaine CNN, Massoud Barzani se plaignait d'ailleurs du fait que «personne ne voulait traiter directement avec les forces kurdes mais (que les puissances extérieures) voulaient passer par Bagdad».
«Malheureusement, Bagdad n’a pas été d’un grand soutien en ce qui concerne l’armement des peshmergas. Enfin, les armes qui ont été données à l’armée irakienne ont été principalement laissées à des postes saisis par l’EI, et par la suite utilisées contre les peshmergas», a-t-il ajouté.
En pleine crise irakienne, Massoud Barzani ne baisse pas les armes dans son combat pour l'indépendance. Fin juin, il déclarait à Christiane Amanpour, journaliste vedette de CNN, qu’il était «temps, à présent, pour les Kurdes de choisir leur futur». «L’Irak est en train de s’écrouler (…) Et il est évident que le gouvernement fédéral ou central a perdu le contrôle sur tout. Tout s’effondre : l’armée, les troupes, la police.»
L’ancien Premier ministre, Ali al-Maliki, a renoncé jeudi 14 août au pouvoir. Reste à savoir si Massoud Barzani se montrera plus enclin à dialoguer avec son successeur, Haïder al-Abadi, de façon à obtenir des avantages pour le Kurdistan. Dans un pays où les Kurdes ne représentent que 20% de la population, Barzani ne peut pas prétendre tenir un rôle aussi important que le Premier ministre.
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