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Arabie saoudite: la flagellation de Raif Badawi reportée pour... raison médicale

Le blogueur saoudien Raif Badawi n'a pas été flagellé vendredi 23 janvier 2015. Ce n'est pas une mesure de clémence mais un impératif médical. Les blessures causées par les premiers coups reçus n’ont pas cicatrisé. Raif Badawi est condamné à dix ans de prison et à 1000 coups de fouet pour «insulte à l'islam». Une demande de grâce au roi Abdallah, qui vient de disparaître, avait été lancée.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Raif Badawi (Amnesty International)

Pas de grâce mais une répit médical. Raif Badawi, 31 ans, a de nouveau échappé vendredi 23 janvier 2015 à une séance de flagellation pour des raisons médicales. «Un comité, composé de huit médecins, l’a examiné à l’hôpital King Fahd de (Jeddah) mercredi 21 janvier et recommandé que la flagellation ne soit pas effectuée», explique Amnesty International dans un communiqué. L’avis a été suivi par la justice saoudienne. La semaine précédente, la séance avait déjà été reportée parce que les blessures du cyberactiviste n'avaient pas cicatrisé après les 50 premiers coups de fouet qui lui avaient été administrés le 9 janvier 2015.  


L’organisation de défense des Droits de l'homme est à l’origine d’une nouvelle manifestation de soutien à Raif Badawi qui s’est tenue devant l’ambassade d’Arabie saoudite à Paris vendredi 23 janvier 2015. Les 50.000 premières signatures, qui figurent sur la pétition lancée par l’ONG pour obtenir la libération du cofondateur du site de discussions en ligne Saudi Network (distingué par Reporters sans frontières en 2014), ont été remises aux autorités saoudiennes. 

Détenu depuis juin 2012 à la prison de Briman dans la capitale saoudienne, Riaf Badawi a été condamné le 5 novembre 2014 à dix ans de prison, une amende d’un million de rials saoudiens (environ 226.000 euros) et 1000 coups de fouet administrés sur 20 semaines pour «insulte à l'islam». Selon  Reporters sans frontières (RSF), le blogueur est accusé d’avoir violé l’article 6 de la loi anti-cybercriminalité relative aux informations allant à «l’encontre de l’ordre public, des valeurs religieuses, des morales publiques et de la vie privée».

Ensaf Haidar, la compagne de Raif Badawi, a indiqué à l’AFP que les propos qui lui avaient été surtout reprochés sont ceux tenus en décembre 2010 sur la chaîne d’information française France 24. «Un athée a le droit de dire ce qu'il veut (...) et personne n'a le droit de lui réclamer des comptes pour ses opinions », avait-il alors déclaré.

Appel à une grâce royale
Londres, Paris, Washington ont condamné la sentence et ces séances de flagellation. Ils déclarent aussi être intervenus auprès des autorités saoudiennes. Bruxelles a rappelé que ce «châtiment corporel» n’était pas «conforme avec les conventions internationales sur les droits de l’Homme», notamment celle contre la torture, signée par l'Arabie Saoudite. En Allemagne, plusieurs hommes politiques ont reproché au club de foot du Bayern d’avoir maintenu son stage d'hiver dans ce pays au lendemain de la première séance de flagellation.

La semaine dernière, la compagne de l'accusé confiait que le dossier avait été «renvoyé par le Tribunal royal à la Cour suprême il y a presque un mois». Ce qui pourrait permettre de faire appel. L'association RSF avait, quant à elle, lancé une pétition pour demander au roi Abdallah d’Arabie saoudite de grâcier Raif Badawi.

Salman Ben Abdel Aziz, le successeur du souverain saoudien disparu vendredi 23 janvier, annulera peut-être une sentence désormais décriée partout dans le monde. Y compris sur les réseaux sociaux avec les hashtags #JeSuisRaif et #FreeRaif. 

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