Cet article date de plus de neuf ans.

Arabie Saoudite: interview exclusive de Lama Al-Sulaïman candidate aux élections

Les Saoudiens sont appelés aux urnes le 12 décembre 2015 pour des élections municipales historiques : pour la première fois, les femmes peuvent voter et se faire élire. Lama Al-Sulaïman est candidate à Ryad. Elle a rencontré des Saoudiennes et se dit convaincue que les lignes bougent dans le royaume wahhabite. Elle répond en exclusivité à Géopolis.
Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Candidate aux municipales de Ryad, ouvertes pour la première fois aux femmes, et élue, le combat de Lama Al-Sulaïman  n’a pas été vain. Et ce n’est pas la première fois que Lama Al-Sulaïman donne l’exemple. Avant de se lancer dans la bataille électorale pour les municipales, elle a été élue en 2009, vice-présidente de la chambre de commerce à Djeddah. La doctorante en biochimie, diplômée du prestigieux King’s College de Londres et mère de quatre enfants, est la première Saoudienne à accéder à ce poste.  (courtesy@lamaAl-Sulaïman)

 
Ce n’est pas la première fois que Lama Al-Sulaïman donne l’exemple. Avant de se lancer dans la bataille électorale pour les municipales, elle a été élue en 2009, vice-présidente de la chambre de commerce à Djeddah. La doctorante en biochimie, diplômée du prestigieux King’s College de Londres et mère de quatre enfants, est la première Saoudienne à accéder à ce poste.
«Les choses bougent plus vite que l’on ne le croit, il y a eu beaucoup de progrès ces dix dernières années, les femmes peuvent aujourd’hui exercer tous les métiers dans le secteur privé, et les mentalités changent.»
 
Un train en marche
Le processus d’ouverture initié par le roi Abdallah est marqué notamment par la nomination en 2013 de femmes au sein du Majlis al-choura, le Conseil consultatif. «Leur présence a joué un rôle clé pour aider les femmes à avoir plus de droits, dit-elle. Les femmes divorcées sont désormais plus autonomes. (...) Il y a aussi une toute nouvelle loi qui permet la création (sous conditions) d’associations notamment pour les femmes, ouvrant la voie à l’émergence d’une société civile», précise Lama Al-Sulaïman, qui assure que le train est en marche.
 
Ouvrir des portes aux femmes
Dans ce contexte, sa candidature dérange-t-elle? «Bien sûr que ça dérange, mais il faut faire avec et continuer. Quand on travaille pour le développement, qu'on aide les gens, ils ne font plus la différence entre homme et femme.» Près de 130.000 femmes seulement se sont inscrites sur les listes électorales du scrutin du 12 décembre. Dix fois moins que les hommes. Les Saoudiens qui n'ont pas encore l'habitude des élections ont été très peu nombreux dans l'ensemble à s'inscrire pour participer à l'unique scrutin organisé dans le pays: 1,5 million d'inscrits sur près de 20 millions d'habitants.

Dans ce contexte, Lama Al-Sulaïman, qui se présente dans une circonscription de Ryad, souligne que le système électoral doit être amélioré. Elle ne se décourage pas pour autant: «Je ne sais pas si je pourrai être élue dans ces conditions mais en tant que citoyenne, il faut que je participe pour ouvrir des portes aux femmes, il faut que celles-ci participent plus. Elles seules peuvent accélérer la modernisation, il faut qu’elles soient partout où il y a des opportunités.»  

 
«On mérite bien de réaliser les rêves de notre jeunesse. Comblez le vide», affirme cette affiche de campagne postée sur Twitter.

Transition vers la modernité
La candidate et femme d’affaires a donc mené campagne. Elle se dit convaincue que son pays est sur la bonne voie, celle de la transition vers la modernité, malgré les obstacles auxquels les femmes font face. «Ce sont les traditions et les pressions sociales qui rendent le changement difficile et non une quelconque réglementation», note-t-elle. «Les libéraux veulent tout changer, d’autres rien du tout. Il ne faut pas faire peur aux gens et brusquer les choses. Ce n’est pas pour plaire à l’Occident qu’il faut se moderniser, c’est une nécessité sociale et économique incontournable», insiste Lama Al-Sulaïman qui mise sur la jeune génération de femmes. 

Peut-on dire que ça se passe lentement mais sûrement ?, lui demande-t-on. «Il faut que ça se passe sûrement mais pas trop lentement», répond avec assurance la pionnière Lama Al-Sulaïman.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.