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L’homme d’affaires Steve Maman a-t-il vraiment sauvé des Yézidis ?

La communauté Yézidi remet en cause dans une lettre l’action de Steve Maman, homme d’affaires canadien qui affirme avoir sauvé 130 esclaves de cette communauté retenus par Daech. France Info a contacté les protagonistes de la polémique.
Article rédigé par Elise Delève
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Yézidis sur le mont Sinjar en Irak ©  REUTERS)

Et si l'homme qui sauve des Yézidis n'était pas celui qu'il prétend être ? L'histoire se passe entre le Canada et l'Irak. Un homme : Steve Maman a créé en juin une fondation (CYCI) pour faire libérer les femmes et les enfants retenus par Daech en Irak. Problème : la communauté Yézidi remet aujourd'hui en cause son action. Steve Maman est un homme d'affaires canadien de 42 ans. Il raconte qu’il s’est inspiré d'Oskar Schindler. Après avoir regardé La Liste de Schindler , il surfe sur Internet et découvre les images d'enfants dans une cage en Irak. Il se dit : "Je vais agir ". 

France Info a joint Steve Maman et une leader de la communauté Yezidi pour évoquer la polémique

Les prisonniers contactent leurs familles

"Celui qui sauve un homme sauve l'humanité " résume le film de Spielberg. Le Canadien connecte ses réseaux. "J’avais les contacts sur le terrain avec le prêtre White qui possède l’une des équipe de sécurité les plus importantes d’Irak ", confie-t-il à France Info.

 

Son équipe de négociateurs est en contact avec des intermédiaires dans les zones contrôlées par Daech. Ils pistent les otages. "Souvent, des prisonniers arrivent à téléphoner à leur famille ", raconte Steve Maman, "il faut que quelqu’un aille les chercher ". 

La communauté Yézidi demande des preuves...

Chaque libération coûterait environ 3.000 euros. Steve Maman dit avoir sauvé 130 femmes et enfants yézidis. Pourtant, sa fondation n'est pas soutenue par la communauté de cette minorité d’Orient. Plusieurs de ses leaders se sont exprimés il y a quelques jours dans une lettre publiée sur Internet. Ils réclament des preuves des libérations et demandent à tous d'arrêter les dons.

Steve Maman a déjà récolté 271.000 euros et pour Amina Saeed, ancienne députée du Parlement irakien, qui a participé à la lettre, il y a quelque chose qui cloche. "Nous lui avons demandé de nous donner la liste des personnes qu'il a sauvées mais il a refusé. Ici, on a un bureau chargé de s'occuper des femmes et des enfants qui ont été sauvés. Ils ont des informations précises sur ces rescapés. Et ils n'ont jamais entendu parler de Steve Maman. Même quand on demande aux gens qu'ils auraient sauvés, ils nous disent que ce nom ne leur dit rien" .

... Steve Maman ne leur en donnera pas

Steve Maman, et son avocat, contestent l'origine de la lettre qui n'a, selon eux, "aucune crédibilité car elle n’a ni entête ni signature ". Les signataires expliquent qu'ils ont fait une version numérique car ils sont au quatre coins du monde. Mais le bienfaiteur ne leur rendra pas de compte. "Je veux bien répondre au gouvernement irakien, je veux bien répondre au gouvernement du Kurdistan, mais je ne suis pas prêt à répondre à des gens sur Facebook qui me demandent des choses ", s’agace-t-il.

 

Pour Steve Maman cette polémique est un exemple flagrant de corruption à l'Irakienne. Il refuse de diffuser les images des Yézidis qu'il a sauvé pour, dit-il, "protéger " leur futur. Il affirme avoir promis à ceux et celles qu’il a sauvés qu’il ne publierait pas de photos d’eux.

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