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Le camp d'Ouattara, l'un des 2 présidents proclamés, a appelé mardi la population à marcher sur la télé d'Etat jeudi

Le camp d'Alassane Ouatarra a demandé aussi à la population d'"accompagner" vendredi "le gouvernement de la République à la Primature", selon une déclaration lue par le porte-parole Alphonse Djédjé Mady à l'hôtel d'Abidjan qui sert de QG au camp Ouattara.
Article rédigé par Melinda Davan-Soulas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4 min
Alassane Ouattara, le nouveau président de la Côte d'Ivoire (AFP - ISSOUF SANOGO)

Le camp d'Alassane Ouatarra a demandé aussi à la population d'"accompagner" vendredi "le gouvernement de la République à la Primature", selon une déclaration lue par le porte-parole Alphonse Djédjé Mady à l'hôtel d'Abidjan qui sert de QG au camp Ouattara.

Le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix, coalition des partis pro-Ouattara, "appelle tout le peuple de Côte d 'Ivoire à accompagner massivement le gouvernement jeudi à la (radio-télévision publique) RTI en vue d'installer le nouveau directeur général de ce média d'Etat". La RTI est aux mains du camp Gbagbo et la Primature occupée par le chef du gouvernement nommé par le président sortant, Aké N'gbo.

Mardi, plusieurs centaines de partisans d'Alassane Ouattara, l'un des deux présidents proclamés de Côte d'Ivoire, venus du nord du pays, ont été dispersés à l'aide de gaz lacrymogènes par les forces de l'ordre à Tiébissou (centre), ont indiqué des témoins.

Les forces de défense et de sécurité (FDS), fidèles à l'autre président proclamé, le sortant Laurent Gbagbo, ont usé de gaz lacrymogènes. Plusieurs militants ont été blessés dans la bousculade qui a suivi, selon certains d'entre eux.

Depuis la présidentielle du 28 novembre, le pays se retrouve avec deux présidents proclamés qui ont chacun formé leur gouvernement: Alassane Ouattara, désigné vainqueur par la commission électorale et reconnu par la communauté internationale, et Laurent Gbagbo, proclamé président par le Conseil constitutionnel.

Obama met la pression sur Gbagbo

Une façon sans doute de sortir la tête haute pour le président proclamé. Alors que Ouattara a reçu le soutien des plus grandes nations, de l'Union africaine, de la CEDEAO ou de l'ONU, Gbagbo est isolé et place de plus en plus la Côte d'Ivoire en difficulté sur l'échiquier mondial. L'UA a d'ores et déjà suspendu le pays. Le Gabon appelle les Ivoiriens à privilégier la paix et à tenir compte "de la position exprimée par l'UA et de la résolution adoptée par l'ONU". Même la Russie a lâché le candidat du LMP.

indiquant que "s'il fait le mauvais choix, nous envisagerons d'éventuelles sanctions contre lui et d'autres, si besoin". Le président américain a néanmoins invité Gbagbo à la Maison-Blanche s'il renonçait au pouvoir.

Ouattara s'est toujours dit prêt au dialogue avec Gbagbo si celui-ci était disposé à céder le pouvoir. Mais il n'a pas réagi aux déclarations de ce dernier et à sa main tendue. Dans des propos rapportés par Fraternité Matin, quotidien gouvernemental, Laurent Gbagbo évoquait la possibilité d'engager des pourparlers de paix avec son adversaire politique, reconnu par la communauté internationale comme le nouveau président.

Ouattara s'attaque au nerf financier de la guerre

En pleine impasse institutionnelle, le pays des Eléphants ne sait comment se défaire du monstre à deux têtes qu'il est en train de devenir. Si le camp Gbagbo tient physiquement le pays entre ses mains en occupant les bâtiments officiels, avec le soutien des chefs de l'armée et des médias officiels, Ouattara a lui les mains sur les cordons de la bourse. S'il parvient à faire basculer l'économie du pays dans son giron, il compliquera considérablement la tâche de son adversaire.

Sans avoir recours à la force, le "président des urnes", retranché sous protection de l'ONU dans l'hôtel du Golf devenu un palais présidentiel bis, met la pression sur les entreprises ivoiriennes. L'ancien Premier ministre a indiqué que toute collaboration avec "l'ancienne" administration pourrait conduire à des sanctions à terme. Principale visée: la filière cacao dont l'économie est quasiment à l'arrêt depuis le résultat de l'élection.

Tel un président désigné, le directeur-adjoint du FMI a nommé des hommes nouveaux à la tête de toutes les régies financières (douanes, port, Trésor public...) mais ils ne peuvent occuper les ministères pour le moment, toujours occupés par les pro-Gbagbo. Son Premier ministre, Guillaume Soro, a cependant tenu son premier conseil des ministres et donné la ligne de conduite de son nouveau gouvernement

Aucun des deux candidats n'a pour l'heure appelé ses partisans à descendre dans la rue. La situation ivoirienne a déjà provoqué la mort d'au moins 20 personnes dans des incidents qui ont suivi l'annonce de la victoire de Laurent Gbagbo. Le couvre-feu instauré à la veille de la présidentielle ivoirienne du 28 novembre a été prolongé jusqu'au 21 décembre et sera en vigueur de 24H00 à 05H00 (locales et GMT), au lieu de 22H00 à 05H00 auparant.

Ouattara compte sur le reste du monde pour mettre la pression sur le président et prendre le pouvoir. Gbagbo laisse, quant à lui, filer le temps pour conforter de fait son nouveau mandat et faire renoncer l'autre camp. Entamer un dialogue pourrait avoir un double but: se préparer une sortie dorée comme l'ancien président haïtien Jean-Bertrand Aristide ou proposer un gouvernement d'union. Le camp Ouattara a jusque-là rejeté toute idée d'une entente politique.

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