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La démission vendredi du président Moubarak a provoqué une immense explosion de joie du peuple égyptien

Les centaines de milliers de manifestants réunis place Tahrir au Caire ontexplosé de joie à l'annonce du départ du président qui règnait depuis 30 ans.Sur la place Tahrir du Caire, épicentre de la contestation démarrée le 25 janvier, les manifestants hurlaient de joie, pleuraient, s'embrassaient et scandaient "Le peuple a fait tomber le régime!".
Article rédigé par France2.fr avec agences
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La joie des Egyptiens sur la place Tahrir le 12 février 2011, au lendemauin du départ d'Hosni Moubarak (AFP - PEDRO UGARTE)

Les centaines de milliers de manifestants réunis place Tahrir au Caire ont
explosé de joie à l'annonce du départ du président qui règnait depuis 30 ans.

Sur la place Tahrir du Caire, épicentre de la contestation démarrée le 25 janvier, les manifestants hurlaient de joie, pleuraient, s'embrassaient et scandaient "Le peuple a fait tomber le régime!".

Le raïs, 82 ans, "a décidé de renoncer à ses fonctions de président de la République", a annoncé le vice-président Omar Souleimane vendredi en fin d'après-midi. Il a chargé le Conseil militaire suprême de prendre en charge les affaires publiques "dans les circonstances difficiles que traverse le pays".

Le règne de Hosni Moubarak prend fin après près de trente années de pouvoir (il avait succédé en octobre 1981 au président assassiné Anouar El Sadate).

L'annonce de la démission de Hosni Moubarak est intervenue au 18e jour de révolte populaire, alors que plus d'un million de personnes manifestaient contre lui à travers l'Egypte. L'ancien homme fort du pouvoir égyptien, qui s'apprêtait encore il y a quelques semaines à préparer une transition dynastique, s'est réfugié à Charm El Cheikh, station balnéaire de la mer Rouge.

La puissante armée égyptienne, désormais maître du jeu dans le pays le plus peuplé du monde arabe (l'Egypte compte 80 millions d'habitants), a assuré qu'elle ne souhaitait pas se substituer à "la légitimité voulue par le peuple".

"L'Egypte d'aujourd'hui est une nation libre et fière", a déclaré la figure la plus en vue de l'opposition, Mohamed ElBaradei, sur Twitter. Les Frères musulmans ont salué "l'armée qui a tenu ses promesses" et le "combat" des Egyptiens.

Réactions et conséquences dans le monde
- Etats-Unis : Le président Barak Obama a estimé vendredi soir qu'en démissionnant "Hosni Moubarak a entendu l'appel du peuple égyptien au changement mais que de nombreuses questions restaient sans réponse". "Le peuple égyptien a clairement indiqué qi'il n'accepterait rien d'autre qu'une authentique démocratie", a-t-il ajouté. "L'armée égyptienne doit assurer une transition démocratique crédible", a insisté le président américain.

Il a appelé l'armée égyptienne, désormais seule aux commandes, à lever l'état d'urgence et à tracer la voie vers des élections libres. "Les Egyptiens nous ont inspirés", a poursuivi Barack Obama, soulignant que le monde venait de voir se tourner une véritable
page d'histoire avec le départ de Hosni Moubarak, chassé du pouvoir après trente ans de règne. La Maison Blanche a par ailleurs appelé l'Egypte à honorer les accords de paix avec Israël.

- A Pékin, la presse chinoise a prôné samedi la stabilité en Egypte. "Après cet événement extraordinaire, il faut espérer que l'armée, le gouvernement et le peuple égyptiens feront tout pour maintenir la stabilité sociale et rétablir l'ordre", écrit le China Daily, journal officiel en anglais du pouvoir chinois. "La stabilité sociale doit être d'une importance primordiale. Tout changement politique sera sans signification si le pays sombre finalement dans le chaos", poursuit-il.

- Israël espère que la période de transition qui s'ouvre en Egypte se fera "sans secousse", a affirmé un responsable gouvernemental israélien. L'Etat hébreu était l'allié de l'Egypte de Moubarak.

- A Gaza, le Hamas a salué vendredi la démission de Hosni Moubarak comme "le début de la victoire de la révolution", tandis que des scènes de liesse se déroulaient à travers la bande de Gaza, contrôlée par le mouvement islamiste palestinien.

- En Jordanie : "Le gouvernement jordanien suit de près les développements historiques en Egypte, qui constitunte un élément essentiel pour la stabilité de la région", a indiqué le ministère des Affaires étrangères, affirmant "son total soutien à l'Egypte".

- En Tunisie, une explosion de joie a retenti vendredi à Tunis quelques minutes après l'annonce de la démission du président égyptien. Le gouvernement tunisien a "salué" de son côté "la lutte du peuple égyptien et ses sacrifices".

-En Algérie, plusieurs personnes ont été blessées et 10 interpellées à Alger alors qu'ils saluaient "spontanément" la chute du président égyptien Hosni Moubarak, à la veille d'une grande marche pour "changer de système" en Algérie, a annoncé un chef de l'opposition, Said Sadi.

- Au Maroc, environ 200 personnes ont manifesté vendredi soir dans le centre de Rabat pour saluer le départ de Moubarak et la "victoire" du peuple égyptien. "Totale solidarité avec le peuple et les démocrates égyptiens" ou "à bas la dictature", proclamaient des pancartes.

- En Iran: "Ce que la grande nation égyptienne a obtenu, par sa volonté, malgré la résistance (...) des responsables qui dépendaient des grandes puissances, est une grande victoire", a indiqué le ministère des Affaires étrangères.

- Turquie: Ankara espère que la démission du président égyptien vendredi débouchera sur un nouveau "système" qui réponde aux demandes du peuple, a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu dans un message sur Twitter.

- Le Hezbollah libanais a "félicité" les Egyptiens pour leur "victoire historique", saluée dans les rues de Beyrouth par des concerts de klaxons et des feux d'artifice.

Des Egyptiens célébrant le sdépart d'Hosni Moubarak dans une épave de bus sur la place Tahrir au Caire (AFP - PATRICK BAZ)


- UE: la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a salué vendredi la démission de Moubarak qui "a écouté la voix du peuple égyptien" et ouvre ainsi la voie à des "réformes plus rapides et plus profondes".

- Onu: le secrétaire général Ban Ki-moon a jugé que "la voix du peuple a été entendue, en particulier les jeunes". "Il leur appartient de déterminer l'avenir de leur pays", a dit le chef de l'ONU." "J'exhorte les autorités intérimaires à tracer une voie claire. Il est vital que les droits de l'homme et les libertés civiles soient totalement respectées", a ajouté Ban Ki-moon.

- En France, le président Nicolas Sarkozy a salué la décision "courageuse et nécessaire" de Moubarak et souhaité que les nouvelles autorités organisent des élections "libres et transparentes".

- En Allemagne: la chancelière Angela Merkel a parlé de "changement historique", évoquant "un grand jour de joie". "J'attends des responsables et de ceux qui porteront à l'avenir la responsabilité pour l'Egypte de s'assurer qu'on ne puisse revenir sur les changements" en cours, a-t-elle ajouté.

- En Grande-Bretagne: le Premier ministre britannique David Cameron a évoqué une "journée remarquable", appelant à "aller vers un gouvernement civil et démocratique" en Egypte. De son côté, la presse fait le parallèle entre la démission de Moubarak et la chute du Mur de Berlin, tout en relevant les incertitudes qui pèsent sur l'avenir du Proche-Orient.

- En Suisse: Berne a décidé vendredi de geler "avec effet immédiat" les avoirs que pourraient détenir dans la Confédération Hosni Moubarak et son entourage, a indiqué le gouvernement helvétique.



Des drapeaux égyptiens flottent sur la foule au Caire, après la démission du président Moubarak (11/02/2011) (AFP/KHALED DESOUKI )

Réactions en Egypte
- Les Frères musulmans, principale force de l'opposition en Egypte, ont salué vendredi "l'armée qui a tenu ses promesses" et le "combat" du peuple égyptien, après l'annonce du départ du président contesté Hosni Moubarak.

- L'opposant égyptien Mohamed ElBaradei a estimé sur la chaîne al-Jazira: "La vie recommence pour nous (...) Mon message au peuple égyptien est que vous avez gagné la liberté (...) Faisons-en le meilleur usage et que Dieu vous bénisse."

- L'informaticien et cybermilitant Waël Ghonim a écrit sur son compte Twitter: "Félicitations à l'Egypte, le criminel a quitté le palais."

- Le ministre égyptien de la Défense Mohamed Hussein Tantaoui, qui effectuait vendredi soir une tournée devant le palais présidentiel au Caire, a salué la foule célébrant le départ du président Hosni Moubarak sous la pression de la rue.

Les d'Egyptiens étaient dans la rue vendredi avant la démission
Au Caire, des centaines de milliers de personnes manifestaient depuis vendredi matin, 18e jour de la révolte lancée le 25 janvier, pour réclamer le départ de Hosni Moubarak, 82 ans. Quelque 3000 manifestants s'étaient réunis près du palais présidentiel, près de 2000 autres devant le bâtiment de la télévision d'Etat, sur les rives du Nil, non loin de la place Tahrir.

Avant l'annonce de la démission de Moubarak, le nombre total des manifestants à travers toute l'Egypte était estimé à au moins un million. Un responsable égyptien de la sécurité avait estimé de son côté à un million le nombre de manifestants mobilisés dans la seule capitale égyptienne. A Alexandrie, l'affluence avait également battu son record, avec entre 400.000 et 500.000 personnes.

Des grèves avaient été lancées ces derniers jours et suivies par des dizaines de milliers de travailleurs en Egypte.

Fusillade dans le Sinaï
Cinq personnes ont été tuées et une quarantaine d'autres blessées vendredi dans le
Sinaï dans des affrontements entre des manifestants et la police égyptienne, rapportent des témoins.

Ces violents incidents, qui ont eu lieu, avant la démission de Hosni Moubarak, se sont produits dans la ville d'El Arish, sur les bords de la Méditerranée, à proximité de la frontière avec la bande de Gaza.

Par ailleurs, un échange de tirs s'est produit vendredi à Al-Arich dans le Sinaï égyptien entre manifestants et policiers, faisant plusieurs blessés selon des témoins, parallèlement aux manifestations contre Moubarak Un millier de manifestants ont lancé des bombes incendiaires sur un poste de police et mis le feu à des véhicules, selon ces témoins.

Jeudi, malgré les attentes, Moubarak n'avait pas annoncé son départ
Le président égyptien, âgé de 82 ans et au pouvoir depuis 30 ans, avait exacerbé jeudi soir la colère de la rue en malgré la forte pression.

Alors que pendant des heures jeudi soir, un départ imminent du président avait fait l'objet d'intenses spéculations alimentées par l'annonce de l'armée qu'elle soutenait les "demandes légitimes du peuple", le chef de l'Etat avait annoncé qu'il déléguait ses prérogatives au vice-président mais qu'il restait de droit président jusqu'à la fin de son mandat en septembre.

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