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La BBC diffuse "Ding-Dong ! The witch is dead" au hit-parade après la mort de Thatcher

Dans le sillage de la mort de la "Dame de fer", les Britanniques ont replacé la chanson irrévérencieuse "Ding Dong ! The witch is dead" dans le top des ventes. Embarrassée, la BBC diffuse la chanson dans son hit-parade sur Radio 1, mais seulement un extrait.
Article rédigé par Romain Fonsegrives
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
  (David Moir Reuters)

La mort de Margaret Thatcher n'en finit plus de diviser Outre-Manche. C'est que la "Dame de fer" n'a pas toujours inspiré les meilleurs sentiments aux sujets de la couronne, et beaucoup sortent de leur réserve cette semaine. La chanson "Ding Dong ! The witch is dead" ("Ding Dong ! La sorcière est morte") fait un retour en tête des charts britanniques, seulement quelques jours après la mort de Margaret Thatcher. 

La chanson, interprétée par Judy Garland dans Le Magicien d'Oz en 1939, s'impose comme la troisième meilleure vente de la semaine au Royaume-Uni, avec 20.000 exemplaires écoulés.

Polémique immédiate du côté de la BBC, qui présente chaque semaine un hit-parade hebdomadaire sur l'antenne publique Radio 1. Le service public doit-il diffuser une chanson irrévérencieuse envers une ancienne figure d'Etat ?

Embarrassée, la direction a finalement coupé la poire en deux. Radio 1 diffusera dimanche un court extrait de la chanson, accompagné d'une explication qui replace le succès du titre poussiéreux dans son contexte.

Campagne anti-Thatcher

Le succès du titre est le résultat d'une virulente campagne au Royaume-Uni. Mais ce pied de nez à "Maggie" n'est pas du goût de tout le monde. Ses funérailles doivent avoir lieu mercredi et ses proches sont encore en plein deuil.

Du côté de Radio 1, on avoue s'être senti coincé "entre le marteau et l'enclume". Mais le nouveau PDG de la BBC Tony Hall a finalement tranché en faveur de la liberté radiophonique.

"Je comprends les inquiétudes à propos de cette campagne. Personnellement, je crois qu'elle est déplaisante et déplacée" , a reconnu le directeur du groupe. "Néanmoins, je crois vraiment qu'il ne serait pas bien d'interdire une chanson, car la liberté de parole est un principe important et que l'interdiction ne ferait que lui donner plus de publicité."

Ce n'aurait pourtant pas été la première fois que la BBC perdait son flegme britannique. Le sensuel "Je t'aime... Moi non plus" de Serge Gainsbourg et Jane Birkin (1969) ou le provocant "God Save The Queen" des Sex Pistols (1977) ont notamment été censurés sur les ondes au Royaume-Uni.

Les conservateurs offensés

Outre-Manche, les "Tories" ne goûtent pas la décision de l'audiovisuel public.

"C'est une
tentative de manipulation des hit-parades par des personnes qui essaient de faire passer
un message politique. Beaucoup de gens vont trouver cela choquant et
violent, et pour ces raisons, il serait mieux que la BBC 
s'abstienne de la
jouer"
, avait déclaré au Daily Mail John Whittingale, président conservateur
de la commission pour la culture, les médias et le sport au Parlement
britannique.

Charles Moore, biographe officiel de Magaret Thatcher a donné sa lecture du phénomène : "Ce qui se passe, c'est que les médias -  et en particulier la
BBC qui a essayé pendant 24 heures d'être sympathique envers Mme Thatcher, mais
n'a pas pu le supporter plus longtemps - promeuvent jour après jour l'idée
que Mme Thatcher est une figure qui divise, et que les gens salis
sent sa réputation en célébrant sa
mort"
.

Manifestation contre Thatcher à Londres

Mais pour ses détracteurs, l'ancienne conservatrice mérite le traitement qui lui est réservée. Une manifestation est prévue samedi à Londres. Les opposants à "Maggie" doivent se rassembler sur Trafalgar Square dans l'après-midi pour "célébrer" sa disparition.

L'anti-thatchérisme reprend même ses atours culturels, comme si la "Dame de fer" était encore au pouvoir. Le blog contestataire Red Pepper exhume cette semaine plusieurs "protest songs" des années 80 dans une playlist.

Au programme notamment : "Maggie Maggie Maggie (out out out)" du groupe The Larks,  et "The day that Thatcher dies" (le jour où Thatcher mourra) par Hefner. Une manière particulière de faire ses adieux à l'ancienne Premier ministre sur un air de rock : "Nous rirons le jour où Thatcher mourra/Même si nous savons que ce n'est pas bien/ Nous danserons et chanterons toute la nuit"

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