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Joe Bunni, photographe éclaireur au service des océans

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Grace à ses nombreux voyages et à sa passion pour la photographie sous-marine, Joe Bunni, nous sensibilise au sort des océans et des espèces menacées dans l’ouvrage «À +- 5 mètres».

Son concept de «à + - 5 mètres» de la surface des océans, nous permet de découvrir, à travers ses clichés, cet interface si particulière entre air et eau. Un espace riche d’une exceptionnelle biodiversité animale et végétale où se concentre la vie sous toutes ses formes. Mais c’est aussi là que se concentrent les effets des pollutions et du réchauffement climatique fragilisant nos écosystèmes.
 
Dans ce livre, les clichés de Joe Bunni, accompagnés de textes d’Emmanuelle Grundmann, auteure et reporter naturaliste, et de réflexions d’experts, offrent de précieuses pistes de réflexion et des solutions de préservation innovantes. Une méthodique enquête pédagogique et scientifique à l’heure de la COP21.
 
Cet ouvrage porte un message de respect et d'humilité devant la richesse de l'océan, un appel à le protéger (moins de 1% de nos océans l’est) car son avenir dépend de nous et notre avenir de lui. La diversité des écosystèmes marins est précieuse et nous rappelle «qu'il ne saurait y avoir de développement durable sans un océan vivant».
 
On peut également retrouver le travail du photographe dans le film et l’exposition que lui consacre la Géode à Paris. Ainsi que dans une série de cinq épisodes diffusés sur Arte du 7 au 11 décembre 2015.
 
Récompensé par le prix BBC Veolia environnement, son travail s’inscrit dans le cadre de l’association SOS Océans que Joe Bunni a fondée, et qui bénéficie du soutien de l’UNESCO et de la Fondation Albert II de Monaco.
 
Quinze photos illustrent le propos de l’ouvrage (Editions de la Martinière/Arte éditions).

Anglo-libanais vivant à Paris, dentiste de son état est également plongeur et photographe depuis l’âge de 9 ans. Depuis, de voyage en plongée, il a sillonné les quatre coins du globe à la recherche de la biodiversité marine. Sa particularité est de se focaliser «à +ou- 5 mètres» de la surface de la mer, dans cette fine surface où toute la vie se concentre. En 2011, la première version du livre «À +- 5 mètres» est offert aux chefs d'État participant au G20. Une partie des bénéfices des ventes est reversée à une association venant en aide aux sinistrés de Fukushima, au Japon. Aujourd'hui, l'association soutient divers projets, dont celui de la création d'une réserve marine sur la cote Pacifique colombienne, ainsi qu'une étude des populations de requins et de raies dans l'atoll de Rangiroa (Polynésie française). (Joe Bunni)
Cette formation végétale aquatique se rencontre principalement dans les côtes basses des régions tropicales en Afrique, en Asie et en Amérique. En Floride, dans le parc des Everglades, une vaste zone humide recouvre plus de 15.000 kilomètres carrés. L'essentiel de cette zone est couverte d'une vaste prairie marécageuse de 20 à 50 mètres de profondeur, dans laquelle 350 espèces d'oiseaux ont élu domicile. La zone est en partie préservée. Mais d’autres territoires humides, dans d’autres parties du globe, restent menacés. Pourtant, près d'un milliard de personnes dépendent de ces ressources. Un hectare de mangrove produit entre 1,1 et 11,8 tonnes de poissons et crustacés, attestant d’une productivité halieutique supérieure à celle, pourtant déjà record, des récifs coralliens.  (Joe Bunni)
et continue à régresser au rythme de 1 à 2% par an. Les causes du phénomène sont multiples: développement des fermes à crevettes, construction de nouvelles routes, déforestation... 0,1 % des transactions financières d’un pays comme le Luxembourg permettrait de replanter la mangrove sur la surface d’un continent. Il ne faut pas oublier que cet écosystème unique joue un rôle majeur de piège à carbone, essentiel dans la lutte contre le bouleversement  climatique. L'année 2015 a été décrétée «année de la mangrove» par deux organismes français, le CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et l’IRD (Institut des recherches pour le développement).  (Joe Bunni)
Kakaban est une île confetti appartenant à l’archipel indonésien. Née d'un volcan sous-marin, elle a peut-être servi de terrain de prédilection au grand naturaliste Charles Darwin. Plusieurs espèces de méduses y vivent. Cassiopée, méduse papoue, méduse lune ou cuboméduse se rencontrent dans plusieurs océans et de nombreuses mers. Ces méduses locales ne ressemblent pas à leurs cousines d’ailleurs: l'évolution les a en effet privées de leur pouvoir urticant.  (Joe Bunni)
sur toute la côte de l’est des Etats-Unis. En une nuit, les températures extérieures ont chuté de 20°C en Floride, le thermomètre affichait à peine 5 °C. A la recherche de chaleur, les lamantins se sont dirigés en nombre vers Crystal River (est de la Floride) et sa mangrove. Paradoxalement, le bouleversement climatique est aujourd'hui bénéfique à ces incroyables mammifères herbivores. En effet, la hausse du niveau des mers a permis l'ouverture de nouvelles zones dans le dédale de chenaux de Crystal River, où les lamantins peuvent donc venir se réfugier en cas de grand froid et se nourrir de plantes aquatiques. En 2008, ces animaux ont rejoint la liste des espèces vulnérables de l’Union internationale pour la conservation de la nature. (Joe Bunni)
La plus célèbre est la «Grande Barrière» au large des côtes australiennes, une bande de corail de 2.300 kilomètres de long, répartie sur plus de 2.900 récifs. Au large de la Papouasie, se cache un ensemble d'îles et d’îlots pour lequel une étude scientifique a montré qu’on pouvait recenser 374 espèces en une seule plongée. Requins, raies ou tortues, y passent. Crevettes, crabes, poissons chauves-souris mais aussi anémones, lys concombres et éponges y trouvent un refuge durable. Néanmoins ces fragiles écosystèmes sont menacés par les activités humaines: transports, urbanisation et surpêche, dont la plus destructrice, à la dynamite. Pourtant, le principal responsable de leur mortalité reste le réchauffement climatique. Au CNRS, on estime les ¾ des récifs seront atteints de blanchissements en 2040 entraînant la mort de 15 à 60% d’entre eux. Un péril pour tout l’écosystème. (Joe Bunni)
ici à Papua Barat, Papouasie, en Indonésie, lui vaut d'être l'un des invertébrés le plus braconné par les collectionneurs. Mesurant près de 40 centimètres de long, elle se nourrit essentiellement de débris d'algues. Elle est la proie de certaines crevettes-arlequins, de poissons-globes et de mollusques au dard venimeux tels que les tritons géants. (Joe Bunni)
les noms communs ne manquent pas pour cette espèce que l'on rencontre dans les récifs tropicaux du Pacifique et de l'océan Indien. En 1992, l'ouragan Andrew a détruit sur son passage un aquarium en Floride, libérant six rascasses volantes qui, semblant se plaire dans ce nouvel écosystème marin, ont commencé à se reproduire et à voyager. Arrivées aux Bermudes en 2000, au large de New York en 2003, puis, plus au sud, aux Bahamas et à Cuba en 2006, elles ont bientôt envahi les Caraïbes. Contrairement à leur aire de répartition originelle, elles ont ici peu de prédateurs, d'autant que leurs nageoires sont ornées d'épines acérées. Seules, les langoustes semblent apprécier ces poissons de près de 40 centimètres que même les requins dédaignent. En revanche, la rascasse volante se goberge de larves et d'alevins, créant un fort  déséquilibre dans les récifs. (Joe Bunni)
Au premier regard, l’immensité marine, nous semble vide. Pourtant, il n’en est rien. Mais seuls les oiseaux, véritables sentinelles peuvent nous guider vers cette vie cachée. Quand fous, goélands et sternes harponnent un banc d'anchois ou de sardines, c’est bien la preuve que la vie y bouillonne. Mais ces scènes ont tendance à se raréfier dans certaines parties du globe car le réchauffement de l’eau empêche la migration des sardines comme en 2013 et 2014. D’autres dangers guettent nos mers et nos océans. 80% des stocks de poissons sont surexploités par la pêche. En 2048, à ce rythme, les poissons pourraient avoir définitivement disparu. Autre problème majeur : les 260.000 tonnes de déchets qui flottent sur les eaux.  (Joe Bunni)
500 espèces de requins peuplent les mers. Plus de cent millions meurent chaque année pour alimenter un très juteux trafic d'ailerons. Un trafic qui concerne surtout l'Asie, où les ailerons se consomment en potage depuis des siècles. Si des mesures ont été prises pour réguler ce marché, une véritable mafia s'est organisée tout autour. Dans l’Atlantique Nord, les populations de requins auraient chuté de moitié, certaines espèces étant particulièrement touchées comme les requins-marteaux ou les requins-taupes. Privez les océans de ces nettoyeurs, et les épidémies les répandront comme une traînée d’huile à la surface de l'eau. (Joe Bunni)
parcourant chaque année 5.000 à 16.000 kilomètres, traversant les océans d'un hémisphère à l’autre. Depuis des siècles, elles sont chassées par l’homme qui récupère sa chair, son huile et même son squelette. Au XXe, cette chasse s’est industrialisée, frôlant l'extinction de l’espèce. Mais les scientifiques ont fini par tirer le signal d’alarme. En 1946 a été créée une Commission baleinière internationale. Pourtant, l’industrie baleinière a poursuivi son massacre.  (Joe Bunni)
un moratoire a été voté en 1985 pour interdire la chasse aux cétacés. Mais certains pays, Japon en tête, n’hésitent pas à le contourner. Néanmoins, en 30 ans, les populations de cétacés, se sont renforcées même si elles sont certainement moins abondantes qu’avant. Mais d'autres menaces, plus insidieuses, menacent ces géants des mers: polluants chimiques et pollution sonore, civiles et militaires, qui affectent le système de navigation, de communication et de pêche des cétacés, allant jusqu'å provoquer des échouages massifs sur les côtes.  (Joe Bunni)
baptisés «blanchons». 50.000 phoques du Groenland sont tués chaque année au Canada pour leur fourrure. En 2009, l’UE a décrété un embargo sur les produits dérivés du phoque. Mais différents dangers menacent les autres espèces. Les géants des océans (baleines, morses…) viennent se ravitailler dans les eaux de l'Arctique, véritable garde-manger naturel. Mais ce milieu est également menacé par la surpêche et le réchauffement des eaux qui vide les stocks de poisson jusque dans les profondeurs. Selon les spécialistes, les températures atmosphériques augmenteront de 1,8°C à 4°C d’ici  à 2100. Au cours des dernières décennies, la banquise a diminué de moitié, son épaisseur s’est réduite de 40%. En 2015, elle recouvre 14,54 millions de km2 : jamais elle n’avait atteint une si faible superficie. (Joe Bunni)
ces baleines å dents de 4 mètres de longueur, de 1 tonne, à la peau blanche, et qui peuvent ressembler à certains dauphins avec cet air de toujours vouloir sourire… Je plonge avec ma combinaison étanche épaisse de 7 millimètres pour me protéger du froid mordant. Un béluga s’avance vers moi. Il charge, agrippe ma palme droite, joue avec puis la lâche et la voici qui tombe à 15 mètres de fond. Je la récupère, remonte en surface pour la rechausser et retourne à l'eau. Cette fois, il revient gueule grande ouverte (…), m’immobilise, l’air de dire: ‘‘Toi, tu ne bouge pas !’’ Je le regarde et je lui réponds: ‘‘Tu ne m’impressionnes pas.’’ J'accroche mon appareil photo, je le sangle, je commence à lui caresser la tête. Il ne bouge toujours pas, ma main s’oriente vers son œil, il lève la tête, me regarde, et s’en retourne dans le grand bleu. Quel moment intense d'émotion que je ne suis pas près d’oublier !» (Joe Bunni)
rien ne me met plus en joie que de pouvoir les approcher, au large, loin de tout iceberg, afin que le plantigrade ne puisse pas, me prenant pour une proie me sortir de l'eau d'un coup de patte. Relié au bateau par un solide harnais, j'observe depuis un long moment une femelle. Moins (…) agressive que les mâles, celle-ci est encore jeune. Timide et curieuse, la voici qui s'approche du dôme du caisson abritant mon appareil photo sous-marin. Mon cœur bat la chamade mais je décide d'attendre. La voici (qui) s'avance encore un peu jusqu'à toucher du bout du nez mon caisson. Surprise par cette matière inconnue, elle se recule brusquement puis s'éloigne de ce qu'elle a dû identifier comme un simple intrus dans son monde. L'instant est fabuleux et je l'immortalise sur la pellicule. Pouvais-je me douter que ce cliché de l'oursonne mi-air, mi-eau, semblant esquisser un pas de danse, allait faire le tour du monde ?» 20.000 à 25.000 individus: le déclin de la population d’ours polaires vaut à l’espèce d’être classée «vulnérable» par l’ONG Union internationale pour la conservation de la nature. (Joe Bunni)

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