Retour de la récession au Japon: les «Abenomics» en panne ?
Les économistes avaient anticipé une hausse de 2,1% du PIB de la troisième puissance économique mondiale, mais la consommation et les exportations sont restées atones, lestant les entreprises de stocks importants.
La politique de relance tous azimuts du conservateur Shinzo Abe semble en panne, plombée à l'intérieur par la hausse de la TVA qui continue de peser sur la consommation et par une demande mondiale qui reste trop faible.
Le Japon a semblé repartir, mais ce redemarrage est fragile. Les prix ont monté de 1,3% entre avril et août 2014 (0,8% entre avril 2013 et mars 2014 alors qu'ils avaient baissé de 4,5% entre avril 1998 et 2012), mais les salaires réels n'ont pas progressé. La monnaie a bien baissé, mais le pays n'a toujours pas affiché une balance commerciale positive.
La TVA en cause
Pour financer sa politique de relance (la première flèche des Abenomics), le gouvernement avait prévu d'autres flèches (hausse des impôts et réformes structurelles). C'est lors de l'instauration d'une hausse de la TVA que la machine bien pensée s'est déréglée. La hausse de trois points de la TVA (passée de 5 à 8%) a provoqué un ralentissement de la consommation.
La consommation des ménages, qui pèse à hauteur de 60% du PIB japonais, a augmenté de 0,4% d'un trimestre à l'autre alors que les économistes avaient tablé sur une hausse de 0,8%. Depuis, les Japonais se contentent de faire du lèche-vitrine. La consommation des particuliers, aux revenus stagnants, est demeurée faible au troisième trimestre (+0,3%) et l'investissement privé a reculé, tant du côté des foyers (achat de logements, -6,7%) que des entreprises (-0,2%), qui ont en outre fortement
«Au Japon, l'export ne représente que 15% du PNB (contre 51% en Allemagne, ou 54% en Corée du Sud). Résultat : la baisse du yen a eu pour principal effet d'alourdir la facture énergétique, déjà affectée par la fermeture de 48 centrales nucléaires. Pour le consommateur, le prix d'un plein d'essence comme ceux des produits alimentaires importés et des appareils électroniques assemblés en Chine n'ont jamais semblé si élevés», notait d'ailleurs l'Express.
Quelles mesures ?
Il y a quelques semaines, l’Organisation de Coopération et de Développement économiques (OCDE) poussait encore le Japon a augmenter ses recettes fiscales et notamment de sa TVA. «Le Japon ne doit pas seulement élever la taxe comme prévu en octobre 2015, mais aussi présenter le calendrier de ce qui viendra ensuite en matière de hausses d'impôts», ce afin d'apaiser les craintes quant à la viabilité des finances du pays, rapportait Le Figaro. Pour l'OCDE en effet, l'essor de la dette fait courir un «risque de hausse des taux d'intérêts» si d'aventure les obligations d'Etat devenaient impopulaires.
Pour l'instant, l'ambiance n'est pas à une hausse des prélèvements. «Une nouvelle augmentation n’aurait aucun sens si elle provoquait une détérioration de l’économie et par conséquent une baisse des recettes fiscales», a déjà prévenu M.Abe, le 16 novembre 2014 à Brisbane (Australie), lors du sommet du G20.
Repousser la hausse de la TVA pourrait ne pas suffire à faire repartir la croissance japonaise, surtout que le climat international reste à une croissance plus que modérée. L’Europe est en panne et la Chine voit sa croissance ralentir.
Résultat, le Japon pourrait décider prendre de nouvelles mesures d’assouplissement monétaire et des décisions de relances budgétaires plus ambitieuses. On parle de 20 à 25 milliards d’euros. Et tant pis pour la dette qui dépasse les 220% du PIB. Des élections anticipées annoncées le 18 novembre devraient conforter les choix de M.Abe.
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