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Regain de tension sur Senkaku, enjeu de politique intérieure

Des poussées nationalistes secouent Chine et Japon à propos de la souveraineté sur l'archipel de Senkaku. En août dernier, ces îlots inhabités au sud du Japon ont été le théâtre de deux «débarquements» successifs d'activistes chinois, puis japonais. Un enjeu de politique intérieure pour chaque camp.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Manifestation anti japonaise à Shenzhen (Chine) le 18/9/2012 (AFP/Peter Parks)

La Chine revendique ce mini-chapelet d'îles, qu’elle affirme avoir contrôlé cinq siècles durant. Il est situé très au sud du Japon, plus proche des côtes taîwanaises ou chinoises que nipponnes.

A l’issue de la guerre sino-japonaise de 1894, le Japon victorieux récupère les îles. Un industriel japonais s’y installe à la fin du XIXè siècle pour traiter sur place la pêche de ces eaux poissonneuses. Une activité économique qui ne dure pas longtemps. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’île est placée sous contrôle militaire américain puis restituée au Japon dans les années 1970.

Carte des ilôts contestés (AFP/infographie)

 

Les faits
Or, le 15 août dernier, date anniversaire de la capitulation japonaise face aux Etats-Unis en 1945, un groupe de nationalistes chinois débarque sur l’îlot pour y faire flotter les couleurs de la République Populaire. Vite arrêtés, ils sont renvoyés vers Hong-Kong.

Et, comme en nationalisme on s’y connaît également au pays du Soleil-Levant, la réplique ne tarde pas. Le 19 août, une petite flottille japonaise débarque sur l’île accompagnée d'une poignée de militants et force journalistes. Un drapeau est planté, une prière prononcée sous l’œil attentif et bienveillant des autorités qui laissent faire.

En quelques minutes, l’affront est lavé et la souveraineté nippone réaffirmée. Ce qui, au demeurant, place le gouvernement japonais dans l’embarras vis-à-vis de son puissant voisin.

 

Tout cela pourrait sembler anecdotique si tout le monde dans la région n’avait pas le patriotisme à fleur de peau. Pékin a «protesté fortement» dès le jour même. Taiwan qui revendique également ce territoire, a dénoncé «une provocation».


Plus grave, dans certaines villes chinoises, la population est descendue dans la rue. Les manifestants s'en sont pris  aux voitures de marque japonaise et à des magasins  pour montrer leur colère. Depuis le mois d'août ces manifestations se multiplient et montent en violence.

Reportage diffusé sur France 2 le 18 septembre 2012. Commentaire Bernard Lebrun

 

Arrières pensées économiques et électoralistes
En fait, le différend territorial ne remonte qu’aux années 70, quand on a découvert que les fonds marins pouvaient abriter de possibles ressources énergétiques. De plus, les eaux sont poissonneuses, ce qui a été à l’origine d’une première crispation il y a deux ans.

En septembre 2010,  les autorités nippones avaient retenu pendant deux semaines le commandant chinois d'un bateau de pêche ayant heurté des navires des garde-côtes nippons près des îles contestées. Tokyo avait fini par le relâcher face au déluge de protestations, de menaces et de représailles de Pékin.

Et surtout, la région rentre dans une fin d’année qui sera marquée par des échéances électorales ou tout du moins politiques. Et dans cette partie du monde, les antagonismes de la dernière guerre mondiale ne sont pas encore effacés. Dans chaque pays, faire vibrer la fibre patriotique ne fait jamais de mal à l’approche d’événement politiques.

Le Parti communiste chinois va  renouveler profondément son bureau politique, en octobre. Le président Hu Jintao s’en va. Neuf membres du comité exécutif vont être remplacés, et on a vu dans l’affaire Bo Xilail que la compétition est féroce. 

Au Japon, le Premier ministre Yoshihiko Noda va remettre en jeu son poste en septembre lors d'une élection interne à son parti. Des élections législatives anticipées risquent d'être organisées avant la fin de l'année.

La Corée du sud s'en mêle
La Corée du sud qui connaîtra des élections présidentielles à la fin de l’année, n’est pas en reste d’ailleurs. Un conflit territorial l’oppose au Japon quant à l’île de Dokdo, contrôlée par Séoul et revendiquée par Tokyo. Le président coréen Lee Myung-Bak a lui aussi fait son petit débarquement sur cette île provoquant la colère des Japonais. Quelques jours avant, un relais de nageurs coréens avait relié l’ile pour rappeler qu’elle appartient au pays.

Le reportage réalisé par l'AFP en date du 31 juillet 2012 

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