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Inverser le déclin des stocks mondiaux de poissons

Selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation, deux tiers des espèces de poissons sont surexploitées dans le monde. Pourtant le déclin des stocks mondiaux de poissons, conséquence de la surpêche, n'est pas irrémédiable. Des scientifiques américains estiment que la plupart des pêcheries peuvent encore inverser la tendance.
Article rédigé par Jean Serjanian
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
La surpêche menace les ressources halieuthique (AFP/ PhotoAlto)

Selon ces travaux publiés dans la revue américaine Science, les stocks halieutiques dans plus de la moitié de quelque 10.000 pêcheries qui représentent 80% des prises totales, déclinent.

Mais il n'est pas trop tard pour les reconstituer puisque la plupart n'ont pas atteint le point de non-retour empêchant d'assurer la régénération des espèces. Néanmoins plus nous attendons, plus le coût sera élevé préviennent Christopher Costello et Steve Gaines, les auteurs de l'étude.

En prenant des mesures pour éviter la surpêche, les quantités de poissons pêchés pourraient augmenter de 8 à 40% en moyenne et plus que doubler dans certaines régions du globe par rapport à ce qui est anticipé si les tendances actuelles étaient maintenues, calculent ces experts.

La surpêche cause du déclin des espèces de poissons

 

Ocean2012EU, le 22-05-2012

«Jusqu'à présent, la seule estimation de l'état des stocks mondiaux de poissons s'appuyait sur une fraction des pêcheries, les plus grandes, pour lesquelles nous disposons de nombreuses données», explique Steve Gaines, de l'Université de Californie, co-auteur de l'étude.

«Pour la plupart des pêcheries, nous ne savions pas combien de poissons elles contenaient et si leur stock diminuait ou augmentait», rendant difficile de mettre en place des mesures de conservation, ajoute Christopher Costello, économiste à l'Université de Californie, principal auteur des travaux.

Ces scientifiques ont constaté que les stocks de poissons dans les grandes pêcheries, dont les populations de poissons sont bien suivies, sont actuellement à des niveaux similaires à celles pour lesquelles ces données n'étaient pas connues. L'avenir de ces grandes pêcheries est plus prometteur, grâce aux mesures de conservation mises en œuvre qui commencent à produire des résultats, soulignent-ils.

«La bonne nouvelle pour les autres pêcheries, c'est qu'il n'est pas trop tard», juge Christopher Costello qui indique avoir aussi constaté que «les poissons connaissant une maturation lente comme les requins et nombre d'espèces côtières étaient en plus mauvaise posture».

«L'étude laisse penser que 64% des pêcheries pourraient donner des prises plus importantes dans l'avenir si leur stocks étaient reconstitués», insiste-t-il. Pour lui, l'approche la plus productive est d'impliquer les pêcheurs dans la gestion des stocks de poissons avec des droits d'accès exclusifs et des récompenses couplés à des mesures de protection comme l'instauration de zones interdites à la pêche.

Combattre la surexploitation des océans
La flotte mondiale de pêche est deux fois plus importante que celle nécessaire à une exploitation durable des océans, estime Olivier de Schutter, le rapporteur de l'ONU pour le droit à l'alimentation.

Le rapporteur de l'ONU lance un appel à combattre la surexploitation des océans pour éviter que la sécurité alimentaire de très nombreux pays dépendant de la pêche ne soit gravement mise en danger. «Sans action rapide pour protéger les mers de pratiques non durables, les pêcheries ne pourront plus jouer leur rôle crucial dans la sécurisation du droit à l'alimentation pour des millions de personnes», avertit Olivier de Schutter dans un rapport publié le 30 octobre 2012.

Ce rapport pointe la responsabilité des flottes industrielles dans la surexploitation des océans et plaide pour le soutien aux pêcheries artisanales, plus à même selon lui de combattre les excès et de garantir l'accès à l'alimentation des populations locales.

Selon le rapport, la consommation de poissons représente 15% des protéines animales consommées dans le monde. Dans les pays à faibles revenus, ce pourcentage est encore plus élevé (20%), atteignant même 23% en Asie et 50% en Afrique de l'Ouest. Dans au moins 30 pays, le tiers des protéines animales proviennent de la  pêche. De plus, la pêche fait vivre 12 millions de petits pêcheurs, surtout dans les pays en voie de développement.

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