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Grèce: un ancien ministre socialiste condamné pour blanchiment d'argent

L'ancien ministre et ténor socialiste grec Akis Tsohatzopoulos a été jugé coupable le 7 octobre de blanchiment d'argent dans le cadre de contrats d'armements au terme d'un procès à Athènes. Un procès emblématique d'une certaine classe politique à l'heure où le pays fait face à une crise économique, sociale et politique inégalée depuis la guerre.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
L'ancien ministre de la Défense grec, Akis Tsohatzopoulos, arrive, détenu, à son procès en avril 2013. (GEORGE NIKOLAIDIS / AFP)
Les juges de la cour d'appel criminelle d'Athènes ont déclaré coupable de blanchiment d'argent l'ancien ministre de la Défense. Sa peine devrait être connue plus tard.
 
Les accusations portaient sur des pots de vin que Tsochatzopoulos aurait acceptés en échange de contrats de défense entre 1997 et 2001.

Ce procès est un symbole pour la Grèce en pleine crise économique et politique. Akis Tsohatzopoulos a été en effet un important ministre du Pasok, le parti socialiste grec qui a gouverné la Grèce depuis 1981, en alternance avec la Nouvelle Démocratie. Un parti qui s'est effondré (il est passé lors des dernières élections de 44% à 13%) et qui gouverne aujourd'hui dans une coalition avec la Nouvelle Démocratie.

Agé de 73 ans, le ministre, symbole d'une certaine nomenklatura grecque, déjà arrêté et détenu, risque entre 10 et 20 ans de prison. Il était connu comme étant un fidèle et proche d'Andreas Papandreou, le patron de la famille régnante du Pasok. Dans un portrait consacré à cette figure de la politique grecque, Le Monde racontait que «son côté "yes man", flatteur de prince, était devenu une blague dans le pays : "Quelle heure est-il, Akis ?", demande Andréas Papandréou. "L'heure que vous voulez, monsieur le président", répond Tsohatzopoulos.»

Mariage avenue George-V, à Paris
Membre de la plupart des cabinets socialistes entre 1981 et 2004, ayant échoué à succéder à Papandréou à la tête du parti, il avait hérité du poste de la ministre de la Défense (1996-2001) du gouvernement Simitis, alors que de juteux contrats étaient signés avec l'Allemagne et la France.

Avant son arrestation en 2012, «il menait grand train : mariage en Jaguar à l'hôtel Four Seasons, avenue George-V, à Paris, vacances dispendieuses dans les plus belles villas du pays. Un train de vie que ne lui permettaient pas ses revenus d'ancien ministre», raconte Le Monde. Il semble être tombé à la suite d'une enquête en Allemagne qui a mis en lumière des financements occultes lors du contrat d'acquisition de sous-marins aux groupes allemands ThyssenKrupp et Ferrostaal.

Mais c'est son train de vie qui, semble-t-il, a mis en lumière la richesse de l'ancien ministre. Il habitait une superbe maison au pied de l'acropole qu'il aurait omis de déclarer au fisc, provoquant une enquête qui a abouti à sa condamnation.

Lors d'un réquisitoire implacable prononcé en septembre, le procureur Georgia Adilini l'avait accusé d'avoir blanchi plus de six millions d'euros provenant de pots-de-vin lors de l'achat de blindés, de quatre sous-marins et  de missiles antiaériens. «Les pots-de-vin ont été si nombreux qu'il ne pouvait même pas en calculer le montant», avait-elle expliqué citant des sommes transférées via «des sacs, des valises, des chèques, des comptes en banque, des entreprises».

Dans le climat qui règne en Grèce, il n'est pas sûr qu'il revoit sa maison avant un certain temps.

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