Entre Turquie et Grèce, la complexe mission de l'Otan
Les détails de l'opération seront finalisés «dans les prochains jours», mais d'ores et déjà, explique une source de l'OTAN, «le groupe maritime permanent de l'OTAN numéro 2, composé de cinq navires allemand, canadien, italien, grec et turc, est déployé dans les eaux internationales de la mer Égée» et a commencé à mener des opérations de surveillance.
Ce deploiement de navires se fait dans une zone délicate puisque les îles grecques de la mer Egée bordent les côtes turques, transformant quasiment cette mer en mer grecque. La définition des espaces propres à chaque pays est sujette à constante polémique.
Ankara interdit à Tsipras de se poser à Rhodes
De même, la Grèce réclame 10 milles d'espace aérien autour de ses côtes, quand la Turquie n'en reconnaît que 6, ce qui multiplie les cas de violation rapportés par la Grèce. La semaine dernière, l'agence grecque ANA a fait état d'une vingtaine de violations de l'espace aérien grec en quelques heures par des chasseurs turcs, qui ont été interceptés par la chasse grecque.
Preuve des constantes tensions, l'avion utilisé par le premier ministre grec Alexis Tsipras, lors d'un voyage officiel en Iran le 7 février dernier, s'est vu interdire de se poser à Rhodes par les Turcs...
GREECE - Refugees & migrants massed onto an inflatable boat reach Mytilene, island of Lesbos. By @ArisMessinis #AFP pic.twitter.com/6mPvYZ6uhs
— AFP Photo (@AFPphoto) February 17, 2016
L'exemple de la mission Sophia
Toute cette opération se met en place alors que les arrivées en UE de réfugiés et migrants ne semblent pas devoir se tarir cette année, selon Fabrice Leggeri, le directeur de Frontex.
Reste à savoir ce que pourront faire ces forces de l'Otan pour lutter contre ces passages et les passeurs, sauf si les barques de migrants capturés sont ramenés vers la Turquie.... Les côtes turques ne sont qu'à quelques kilomètres des îles grecques (moins de cinq parfois). Et l'expérience de la présence militaire dans ces situations ne garantit pas des résultats très spectaculaires.
[Conférence navale] #EUNAVFORMED a permis de secourir plus de 9000 personnes #migrantcrisis pic.twitter.com/DVj8Rg9uUF
— CESM (@CESMMarine) February 17, 2016
Le contre-Amiral Hervé Bléjean, en charge de l'opération Sophia au large de la Libye en témoignait récemment lors d'une conférence du CESM. Il a raconté comment les passeurs s'adaptent très facilement à la présence des marines étrangères. «Du fait de la présence des forces navales au large des côtes libyennes, les passeurs ont changé leur méthode. Avant cette présence, les passeurs fournissaient des bateaux capables de tenir la mer jusqu'à l'Italie avec le carburant nécessaire. Aujourd'hui ils ne leur donnent du carburant que pour sortir des eaux nationales car ils savent que les vaisseaux militaires viendront sauver les migrants». Et l'amiral de préciser que les passeurs ne sont plus jamais à bord des navires.
Si l'opération Sophia n'a pu se saisir de beaucoup de passeurs (faute de pouvoir notamment intervenir directement en Libye), elle a cependant permis de sauver de nombreux migrants de la mort. 3.000 selon l'amiral. Un objectif que pourrait se donner l'Otan ?
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