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Signaux forts, signaux faibles

Les dernières nominations faites par le Président Hollande, comme toute décision, envoient des signaux forts et des signaux faibles à l’opinion publique. Le moins que l’on puisse dire, concernant l’Europe, c’est que les signaux forts sont faibles et que les signaux faibles sont forts. Explications...
Article rédigé par Véronique Auger
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
 

Le signal le plus visible aux yeux des citoyens est la nomination de Harlem Désir comme Secrétaire d’état chargé des Affaires européennes. Or tout est fait pour que cette désignation apparaisse comme humiliante pour l’homme et donc pour la fonction. On l’a nommé là pour l’empêcher de continuer à nuire à la tête du PS. Par ailleurs nous sommes au niveau zéro de l’importance d’un portefeuille ministériel puisqu’il s’agit d’un poste de secrétaire d’état et pas de ministre délégué encore moins de ministre tout court. C’est dire l’importance que François Hollande accorde au rôle que va pouvoir jouer Harlem Désir. Le message envoyé aux Français paraît clair : l’Europe est un dossier si peu essentiel que l’on peut y mettre n’importe qui. Voilà qui ne va pas les encourager à se déplacer pour aller voter aux élections européennes.
 
Mais s’arrêter là dans l’analyse serait faire une erreur de jugement sur la future politique de la France vis-à-vis de l’Union européenne. En réalité, l’important est ailleurs mais dans des signaux à trop faible visibilité pour le grand public.
 
 Il y a d’abord la nomination de Jean-Pierre Jouyet au poste de secrétaire général de l’Elysée. Cet homme a une véritable connaissance de ce que l’Union européenne est et une vision claire de ce qu’elle doit être. C’est d’ailleurs grâce à lui que Nicolas Sarkozy a particulièrement réussi sa présidence de l’Union en 2008. Jean Pierre Jouyet était alors secrétaire d’état aux Affaires européennes.
 
 Il y a ensuite le rattachement du secrétariat général des affaires européennes à la Présidence de la République. C’est là que se trouvent les 200 hauts-fonctionnaires qui suivent tous les dossiers en cours à Bruxelles : livres blancs et verts, directives et règlements, sanctions et amendes. Ce secrétariat sort tous les ans un gros pavé confidentiel que j’ai pu voir une fois et dans lequel se trouvent tous les détails pouvant servir aux ministres concernés par les discussions en cours à la Commission européenne ou au Parlement. Jusqu’à présent ce secrétariat était rattaché au Premier ministre. Une erreur puisque ce n’est jamais lui qui défend les dossiers dans les Conseils européens. Le Président de la République possèdera désormais l’outil nécessaire à la prise de décision. Philippe Léglise-Costa, l’homme qui vient d’être nommé à sa tête est, lui aussi, l’un des meilleurs spécialistes de la chose européenne.
 
Enfin, last but not least, il y a la présence de Michel Sapin au poste de ministre des finances et des comptes publics. Peu de gens savent combien il est profondément européen. La plupart ignorent qu’il est à l’origine, avec ses collègues européens ministres du travail, d’un papier assez iconoclaste demandant à ce que le pilier social de l’Europe acquiert la même importance dans les discussions que le pilier économique.
 
C’est la somme de ces signaux faibles qui me permettent de penser que, cette fois, François Hollande a fait le choix de l’Europe.

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