Le Chanel N°5 n'est pas menacé par la loi européenne
Des scientifiques recommandent de restreindre l'utilisation d'ingrédients naturels à l'origine d'allergies. Rien de tel n'arrivera, assure la Commisson européenne.
EUROPE - Les fabricants de parfums sont inquiets. Des scientifiques liés à la Commission européenne préconisent de restreindre l'utilisation d'ingrédients naturels à l'origine d'allergies dans la composition des fragrances. Ainsi, vendredi 2 novembre, ils ont fait part de leur inquiétude. Mais Bruxelles a aussitôt affirmé qu'il ne s'agissait "pas de la position de la Commission". Francetv info revient sur cette rumeur qui a fait trembler le monde de la parfumerie.
Les griefs des chercheurs
Le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (SCCS) de l'Union européenne a publié, en juillet, un rapport selon lequel entre 1% et 3% des personnes en Europe sont allergiques, ou potentiellement allergiques, à des ingrédients présents dans des parfums. C'est une proportion assez élevée pour susciter des inquiétudes.
Le SCCS recommande ainsi de restreindre la concentration de douze ingrédients à 0,01% du produit fini. Sont concernés le citral, présent dans les huiles de citron et de mandarine, la coumarine, que l'on trouve dans les fèves des arbres tropicaux de tonka, et l'eugénol, présent dans l'essence de rose.
Les craintes des parfumeurs
Selon les fabricants de produits haut de gamme, changer les formules de fragrances pourrait altérer la composition de parfums mondialement connus comme le N°5 de Chanel. "Cela serait la fin de parfums magnifiques si nous ne pouvons utiliser ces ingrédients", a réagi Françoise Montenay, présidente de Chanel. Pour l'industrie des parfumeurs de luxe, qui pèse 18,8 milliards d'euros, une législation aurait aussi pour conséquence de restreindre les créateurs en limitant leur palette d'ingrédients.
Le Comité propose notamment une interdiction pure et simple des mousses d'arbre, à l'origine des notes boisées distinctives du Chanel N°5 et du Miss Dior. "[Ces ingrédients sont] l'épine dorsale d'environ 90% des parfums de luxe", a précisé Pierre Sivac, président de l'Association internationale des parfums (Ifra).
Des interrogations pour toute une chaîne de production
L'impact d'une telle législation se ferait sentir sur les grands groupes de luxe comme LVMH, qui possède Dior et Guerlain, mais aussi sur des centaines de petits producteurs de plantes à travers le monde, avancent les parfumeurs. Réduire les ingrédients naturels pourrait aussi avoir un impact sur les producteurs de fragrances et arômes utilisés dans la composition des parfums, tels Givaudan, Firmenich, Symrise, Takasago ou encore le français Robertet.
Une simple question d'étiquetage, tempère la Commission
"Il s'agit d'un travail scientifique, mais ce n'est pas la position de la Commission, a déclaré Frédéric Vincent, porte-parole de l'institution pour la Santé et la Protection des Consommateurs. La question posée est de savoir s'il faut ajouter les nouveaux allergènes identifiés par les scientifiques à la liste des 26 couverts par la législation qui impose un étiquetage indiquant leur présence", a-t-il expliqué.
"On est encore très loin d'envisager une modification de la législation européenne", a-t-il ajouté. Selon Frédéric Vincent, "le processus législatif n'a pas débuté, et ce n'est pas demain la veille", rappelant que la Commission avait engagé depuis le mois d'août des consultations avec l'industrie et les associations de consommateurs.
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