Nouvelle arrestation en Allemagne dans l'affaire du "tueur aux döner"
Un deuxième suspect a été arrêté dimanche dans le cadre d'investigations sur le "tueur aux döner" soupçonné d'une dizaine de meurtres en Allemagne.
Un deuxième suspect a été arrêté dimanche à Hanovre (nord de l'Allemagne), dans le cadre d'investigations sur un groupe de néonazis soupçonné d'une dizaine de meurtres en Allemagne.
Cette arrestation survient alors qu'une partie de la presse ainsi que plusieurs responsables politiques s'interrogent sur la possible implication des services de renseignement : ils auraient utilisé les suspects comme informateurs sur la mouvance néonazie.
Neuf commerçants tués entre 2000 et 2007
L'arrestation dimanche d'Holger G., 37 ans, intervient après celle de Beate Zschäpe, 36 ans, mardi. Tous deux sont soupçonnés de faire parti du groupe néonazi Clandestinité national-socialiste (NSU), présumé responsable de la mort de neuf vendeurs de kébabs à travers le pays entre 2000 et 2007. L'opération est baptisée "Action brochettes de kebab" et vise des commerçants d'origines étrangères.
Des meurtres jusqu'alors irrésolus malgré les quelque 130 enquêteurs mobilisés et les 11 000 suspects entendus, sans résultat. Très vite, les médias baptisent l'affaire "l’affaire du tueur aux döner".
L'affaire relancée
Mardi 8 novembre, la militante néonazie Beate Zschäpe se rend à la police. Elle vient d'incendier un immeuble de Zwicklau, à 180 km d’Eisenach où elle vivait avec deux hommes; Uwe Mundlos (34 ans) et Uwe Böhnhardt (38 ans). Le trio était recherché depuis huit jours après un hold-up dans une caisse d’épargne d’Eisenach (est de l’Allemagne).
Retrouvés par la police, les deux hommes se sont tiré une balle dans la tête dans leur camping-car préalablement incendié. Dans les décombres de la maison qu'habitait le trio, les policiers découvrent alors une collection d’armes. Parmi elle, le pistolet utilisé dans le meurtre des neufs vendeurs de kébabs.
Au cours de la semaine, la police avait également mis la main sur un autre pistolet, l'arme de service d'une policière abattue d'une balle dans la tête en 2007 à Heilbronn (sud-ouest), un crime jamais élucidé jusqu'à présent.
L'affaire prend une tournure politique
Le chef du groupe parlementaire social-démocrate (SPD, opposition) Thomas Oppermann a affirmé dans l'édition dominicale du quotidien Bild qu'il allait demander une réunion extraordinaire de la commission de contrôle des services secrets du Bundestag. "Je veux savoir ce que les autorités savaient et comment de tels actes peuvent être empêchés à l'avenir", a-t-il dit.
Dans la soirée, Angela Merkel a assuré que "les proches des victimes peuvent être sûrs que l'Etat de droit fera tout pour connaître le fond de cette affaire", interrogé par la chaîne de télévision publique ARD.
"Il faut expliquer comment il est possible que ce trio ait pu vivre pendant une dizaine d'années dans la clandestinité sans être inquiété", a annoncé pour sa part le président de la commission parlementaire chargé de la politique intérieure, Wolfgang Bosbach, membre de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière Angela Merkel.
Le spectre d'un réseau néonazi
Bien connu des services de police après la réunification, le trio n'avait pourtant jamais été interrogés, la police expliquant "avoir perdu leur trace depuis 1998".
Dans les décombres, des documents ont confirmé le mobile xénophobe de ces meurtres d'étrangers, à l'instar d'un film de 15 minutes enregistré sur un DVD, prêt à être envoyé à des organisations culturelles islamiques et aux médias.
L'existence d'un possible réseau meurtrier d'extrême droite a suscité de vives réactions en Allemagne et certains journaux utilisent déjà l'expression "Fraction Armée Brune", faisant allusion au groupe terroriste d'extrême gauche "Fraction Armée Rouge" (RAF), qui a commis une trentaine de meurtres dans le pays entre 1970 et les années 90.
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